Une lecture récente m’a fait comprendre pourquoi ce que nous cherchons sur ce blog et dans ce lieu a un sens plus qu’urgent. Je vous en livre un passage. Il s’agit d’une réflexion de René Rémond, historien et intellectuel catholique brillant, fin pédagogue et belle plume, qui s’est éteint en avril 2007.
« Quand le Conseil permanent de l’épiscopat doit se prononcer sur un problème difficile, il n’a pas la ressource de ce que fait n’importe quelle institution : passer un contrat de recherche et demander une étude à des experts. Ce sont les évêques qui doivent mettre au point un texte. Il y a là un problème préoccupant, pour l’Eglise, et pour la société. Car l’Eglise a été une grande institution culturelle, elle a même été la principale, elle a assuré pendant des siècles a transmission du savoir : est-elle actuellement en mesure de jouer ce rôle, pour elle-même et pour la société ? » (1)
Bien sûr, il existe déjà en France des personnes qui s’engagent, au nom de leur conviction, dans les questions environnementales, et qui en informent leurs évêques. Il y a des associations chrétiennes qui tentent de jouer aussi ce rôle (il suffit de penser à Pax Christi par exemple).
Mais rien de comparable aux centres d’éthiques, aux équipes d’aumônerie, aux scientifiques et spécialistes qui, sur les questions médicales par exemple, sont au contact directs des défis actuels. L‘écologie n’est encore bien souvent qu’un petit supplément d’âme perdu au milieu de réflexions plus « sérieuses » sur la famille, le travail ou l’économie.
Une conversion est nécessaire et urgente, pour que la question écologique soit abordée à plein comme une véritable problématique éthique nouvelle et transversale. Je rêve que ce blog et ce groupe deviennent, parmi d’autres initiatives, des acteurs importants de cette conversion nécessaire.
DL
(1) Extrait de : René Rémond, « Vous avez dit catholique ? », 2007, DDB, p. 119. Extrait d’un article intitulé à l’origine : « Malaise dans le catholicisme. Propos recueillis par Jean-Claude Eslin et Jean-Louis Schlegel. », Esprit, Juillet-Août 1989, n° 152-153, p. 78.