Extrait d’une interview de Mgr André Vingt-Trois, dans le journal Le Monde du 7 septembre… Une prise de position plus large que les questions écologiques, mais il est bon de le réentendre.
Dans ce contexte, quelle peut être la contribution des Eglises, voire des religions en général ?
Il nous faut d’abord lutter, par les moyens dont nous disposons – notre parole, notre influence morale -, contre le fatalisme. Un sentiment d’impuissance naît du décalage entre des décisions non identifiées, prises dans les Bourses de New York, Tokyo ou Hongkong, et leurs effets sur la vie des entreprises et de leur personnel. D’où le sentiment que nous ne sommes plus que des objets manipulés par des monstres insaisissables. Notre conviction de foi nous pousse donc à dire que, face à cette situation, la résignation et le fatalisme sont mortifères. Ce n’est pas parce que des décisions sont prises à l’échelle macroéconomique que nous devons renoncer à la nécessité de faire bouger les choses à notre échelle. L’autre contribution des religions devrait être, me semble-t-il, d’insister sur la valeur fondamentale de la solidarité humaine. Acceptons-nous, ou non, de laisser se développer les individualismes, les corporatismes ? Acceptons-nous, ou non, que les sociétés ne soient plus gouvernées que par des compromis entre groupes particuliers ? Pensons-nous qu’il faille laisser faire le jeu des forces individuelles ou qu’il existe des solidarités à mettre en œuvre ?
DL