Aux Philippines, après le typhon…

Mgr Antonio J. Ledesma est le responsable de l’archidiocèse catholique de Cagayan de Oro, dans le nord de Mindanao, aux Philippines.

En février dernier, il propose dans une lettre pastorale rédigée pour un forum diocésain de deux jours qui se déroulait à ce moment, une réflexion sur les réalités sociales de son diocèse, en lien avec les crises environnementales et la gestion des ressources naturelles. Après que le typhon Sendong qui a traversé la région en décembre 20122 en tuant des centaines de personnes, l’archevêque souligne trois points d’attention essentiels résumés ici :

  • D’abord le sort des familles réfugiées suite au typhon. Près de 1400 familles ont été accueillies dans des refuges d’urgence. 1800 autres sont toujours dans des écoles, des halls, des églises. (…) Les projets de relogement de l’Etat sont en court mais sont déjà dépassés par le nombre de familles à prendre en compte. L’Eglise, à côté des associations, des ONG et des instances gouvernementales participe à ce mouvement, accompagnant la réinstallation et le suivi humain et psychologique de ces familles traumatisées.
  • L’urgence de la préservation des cours d’eau qui traversent la ville. La rivière Cagayan de Oro dont le bassin recouvre près de 150 000 ha dans la région, est particulièrement concernée. Mgr Ledesma participe au groupe de travail qui se préoccupe de la gestion à court et à long terme de cette ressource naturelle précieuse pour tous. La rivière Iponan connaît, quant à elle, des rejets liés aux activités minières depuis dix ans qui pollue le lit et les berges de ce cours d’eau…. En conséquence, Mgr Ledesma participe à l’appel pour un moratoire des activités minières qui perturbent l’environnement. Dynamitages à grande échelle, excavations énormes, transports par camions à grande échelle… Au moment des inondations liées au typhon, les populations ont du coup du aussi lutter contre le mélange de boues et de débris liés à cette activité qui ont encore agravés les dégats… Les photos aériennes montrent des dégats environnementaux irréversibles à cause de ces activités minières. Le scandale de permis accordés à de telles pratiques doit être mis en lumière. Il est plus qu’urgent que des expertises multi-sectorielles soient effectuées avant tout accord de ce type.  » Le principe de précaution nous rappelle que ce sont les entreprises minières qui ont la charge de démontrer que leurs activités ne sont pas nuisibles au bien commun. Nous avons besoin d’une réelle transparence pour connaitre l’identité réelle de ces firmes, des aires qui leur ont été attribuées et leur contribution réelle à l’économie locale. »
  • La transparence et la responsabilité sociale sont nécessaire pour une bonne et indispensable gouvernance. De nombreux déficits dans les politiques menées après le typhon sont questionnées voire dénoncées… Le fait de n’avoir jamais enregistré les familles et leur localisation a aggravé la gestion après le typhon, pour une bonne reconstruction et réinsertion des réfugiés, par exemple. Sans faire de politique, l’archevêque rappelle que la liberté d’expression, de rassemblement et la participation aux affaires publics sont des droits démocratiques incontournables. Il encourage les laïcs chrétiens et leurs associations à former des groupes de réflexions, de prières et d’action sur les sujets concernants la justice environnementale et le bien commun et le développement durable de la ville. « En écho à l’héritage de Saint Augustin, patron de la ville et de l’archidiocèse de Cagayan de Oro, la Cité des hommes doit se construire en accord avec les principes moraux de la Cité de Dieu. »

Source : Ecojesuit

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