Eh oui ! ça existe les écojésuites. C’est une espèce en voie d’apparition en fait, notamment depuis le dernier chapitre général où les textes ont reconnu que la question environnementale devait désormais devenir une préoccupation pastorale de toutes les communautés jésuites (notamment via le document « Guérir un monde brisé »). Une apparition qui s’appuie entre autre sur la longue tradition jésuite de présence dans les milieux scientifiques. Un phénomène qui se développe aussi en Asie.
Ainsi, en 1998, le Fr. K.M. Mathew, botaniste visionnaire, avait organisé à Shembaganur une rencontre autour des sciences de la terre. 15 ans plus tard, toujours en Asie, une cinquantaine de jésuites des différentes provinces de l’Asie du Sud se sont retrouvés à Taru Mitra, (Patna, 10-12 mars 2012) avec une quinzaine de théologiens. Une rencontre qui était autant une initiation pour certains, qu’une formation pour d’autres, passant notamment par la rencontre de projets concrets dans la région.
Parmi les intervenants, on peut citer Mgr William D’Souza, évêque de Patna, qui avait écrit en 2010 une lettre pastorale intitulée : » Célébrons Noël avec moins de carbone ». Il a aussi soutenu la création de la bioréserve de Taru Mitra (450 variétés d’arbres et de plantes) qui témoigne, notamment auprès des enfants de nombreuses écoles, de la beauté de la Création. Plusieurs religieuses ignatiennes (Prema SCC, Margaret Molomoo, Mudita Sodder, RSCJ) ont témoigné aussi que les questions écologiques sont singulièrement une affaire de femmes !!
Parmi les actions déjà en cours évoquées au cours de la rencontre, on peut citer aussi le Programme des alternatives solaires commencé en 1996 par le Fr. Mathew Muthuplackal, S.J. , le projet Aadi Aushadhi, autour des herbes médicinales, la conversion de terres salines en zone forestière par le Fr. Jolly, le projet « Campeurs climatiques » pour les écoles, formation de techniciens solaires par l’institut technique Xavier (Sevasi), retraites spirituelles autour de l’écospiritualité et nombreuses actions écoresponsables à Karnataka, protection d’oeufs de tortue à Satyanilayam, protection des ressources en eau à Pune, programme de préservation de l’écodiversité (remplacement des pesticides etc…) au Sri Lanka, écoréserve à Attapadi au Kerala,
Au terme de la session, 5 priorités ont été discernées, comme le font tout bons jésuites.
- Développer une éco-spiritualité basée sur les Exercices spirituels de Saint Ignace (retraites, formations pastorales…)
- Sensibilisation et protection (programmes, actions, notamment du côté de l’éducation,…)
- Organiser des formations qualifiantes autour de ces questions
- Développer les recherches et les études pour former des professionnels jésuites sur ces questions.
- Développer des modèles de développement « soutenables » dans les Provinces (écohabitats, modes de vie, liturgie, réseaux internationaux…)
La rencontre à Taru Mitra a contribué à faire toucher du doigt aux participants de sens de la communion avec le Créateur qu’offre la nature. Des écoréserves de ce type peuvent être des signes et des lieux d’inspiration pour beaucoup.
Source : d’après un article de Rappai Poothokaren, S.J.
On peut se poser la question : et les centaines autres congrégations, pour elle, la question écologique est-elle une question mineure qui ne vaille pas la peine de s’y investir ? N’est-ce pas au contraire un chantier missionnaire important qui requiert la mobilisation des intelligences, du coeur, des forces du plus grand nombre ??