En Corée, l’autre compendium

On connaissait jusque là le Compendium de la foi catholique lancé il y a quelques années et qui propose un condensé des éléments de la doctrine sociale de l’Eglise. Il faudra désormais compter avec son petit frère, édité par les évêques de Corée du Sud (CBCK). En effet, la commission épiscopale Justice et paix édite ces jours-ci un livret intitulé « Enseignement catholique sur l’environnement », qui fait office de compendium de la pensée catholique sur les questions écologiques, la gestion des écosystèmes et leur développement. Il est composé de 96 documents présentant des extraits d’articles du Concile Vatican II, des documents des papes, des conférences épiscopales à travers le monde etc.

Occasion de découvrir que les évêques de ce pays accompagnent la prise de conscience écologique de manière assez active. Ils déclaraient ainsi, au cours de la journée mondiale pour la Terre (Earth Day) : « Nous sommes trop arrogants. Nous devons réapprendre à prendre soin de la terre. »  Il existe ainsi par exemple un prix annuel catholique récompensant des acteurs de l’écologie. En 2010, le sous-comité épiscopal de la commission épiscopale Justice et paix a ainsi récompensé l’Alliance catholique contre le projet des 4 grands fleuves (nous en reparlerons sur ce site bientôt), ainsi que le projet de la paroisse Ilsan dans le diocèse de Uijeongbu, intitulé « La communauté de vie de notre agriculture ». Le 6ème prix annuel (2011) a été attribué quant à lui au mouvement lancé contre la construction d’un nouveau réacteur nucléaire à Sam Cheok-SI (diocèse de Wonju Diocese), depuis les années 1990. Ce comité, particulièrement actif depuis la catastrophe de Fukushima, dénonce les dangers des industries nucléaires, célébrant chaque vendredi une messe pour soutenir leur action. Un mouvement qui cherche aussi à sensibiliser les populations aux questions de l’économie d’énergie qui sont forcément liées. Le prix spécial a été dédié à une école maternelle à Pohang (archidiocèse de Daegu), qui a mis en place une pédagogie éducative sur la question de la protection de l’environnement depuis 2009, notamment via le mouvement « Je suis un gardien de l’environnement ».

D’autres initiatives ont lieu tel le festival pour la Préservation de la Création qui s’est déroulé en 2010, pour sa 5ème édition, au couvent des frères mineurs de Yangpyeong-gun, (Gyeonggi-do). Un rendez-vous qui a fait le pari des déplacements et d’un mode de vie sans pétrole (cuisine, produits d’entretien et hygiéniques etc…). Le P. Matthias Ri Iong-hun, président de la commission Justice et Paix de la CBCK a souligné qu’une expérience radicale de ce type veut juste faire comprendre comment nous pouvons discerner dans nos vies ce qui va dans le bon sens actuellement. « L’expérience d’une vie sans énergies fossiles telle que vécue dans cette rencontre permet de comprendre ce à quoi on peut renoncer et ce qu’on doit préserver », explique le fr. Stephen Yang Ki Sok, secrétaire général de l’Association catholique pour la Préservation de la Création.

En mai, quelques semaines à peine après le tsunami japonais, Mgr Peter Kang U-il, président de la Conférence épiscopale coréenne est venu visiter le diocèse de Sendai au Japon. Un geste fort pour manifester la solidarité entre ces peuples qui gardent pourtant un contentieux lourd lié à la deuxième guerre mondiale. Quelques semaines plus tard, en juin, le P. Matthias Ri Iong-hoon, président du comité Justice et Paix et évêque de Suwon, a publié le message pour la journée mondiale de l’Environnement, sur le thème : « Nous devons vivre ensemble avec toutes les créatures, sans arrogance ».

« Nous sommes les principaux coupables des causes de la crise environnemental en cours dans le monde, y compris en Corée, nous en tant qu’êtres humains. Nous sommes les agents pécheurs de l’économisme hédoniste et jouissif dans les biens possédés, empêchant le développement. Des comportements coupables qui résultent de notre illusion arrogante que nous pouvons faire ce que nous voulons et résoudre tous les problèmes. (…) Le monde gémit dans les douleurs. Suivant le rapport 2010 des NU, le problème le plus urgent du village mondial est le changement climatique.  (…) Comme Dieu qui aime toutes les âmes, nous pouvons avoir de l’espérance quand nous aimons et prenons soin de nos fleuves, des animaux et des plantes et des ressources naturelles de la planète que la nature nous procure, avec le même amour que nous nous aimons nous mêmes. »

Au mois de juillet 2011, le président de la CBCK, Mgr Peter Kang U-il a publié un article dans le magazine Kyeong Hyang intitulé : « Réflexions chrétiennes sur les réacteurs nucléaires ». Il ose y reposer la question de la sûreté de ces installations, qui ne peut plus simplement être confiée à des experts. Rappelant la complexité du stockage des déchets nucléaires, il souligne aussi les coûts prohibitifs en cas de contamination, bien plus élevés que tous les bénéfices actuels que ces réacteurs peuvent procurer. Il est temps désormais en conséquence, selon lui, de trouver des mesures alternatives à l’utilisation du nucléaire civil. Un thème annonciateur de la rencontre de 30 évêques coréens et japonais qui s’est déroulé à Sendai en novembre 2011, sur le thème de l’écothéologie. Différentes interventions des évêques ont abordé la question du nucléaire, dont celle du Dr. Goto Masashi, un expert japonais. A la suite de la rencontre, les évêques du Japon ont lancé leur appel à une sortie immédiate du nucléaire civil. Appel auquel les évêques coréens ont apporté leur soutien.

Source : Article de Giacomo Galeazzi, Vatican Insider
et AsiaNews et site des évêques coréens

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