Un témoignage direct, pour changer un peu. Benoît est un assomptionniste parti depuis quelques mois maintenant au Togo, où il accompagne la formation de jeunes en discernement vocationnel. Il connaît l’Afrique pour l’avoir déjà rencontré au cours de sa ‘coopé’, en Côte d’Ivoire il y a quelques années déjà. Après plusieurs années au Canada (!), le voici à nouveau en position d’observateur de cette passionnante et paradoxale réalité africaine.
De l’écologie en Afrique ?

Avec toutes les pluies de ces derniers temps, la nature qui nous entoure est bien verte mais, cependant, nos comportements le sont beaucoup moins… Je suis frappé, depuis mon arrivée au Togo, du décalage entre les soucis écologiques de l’Occident et la situation ici. Serait-ce uniquement une préoccupation de pays riches ? Je comprends aisément que la population qui lutte pour sa vie au quotidien a bien d’autres soucis que d’adopter une attitude respectueuse de la nature ou de s’intéresser au développement durable, mais pourtant nous voyons bien que plus on retarde la mise en œuvre de solutions respectueuses de la nature, plus l’on fonce dans le mur ! Lors des rencontres internationales, les pays africains ont beau jeu de souligner que ce ne sont pas eux qui gaspillent les ressources naturelles, si l’on compare aux chiffres de l’Occident… mais ce genre de réflexions ne sert qu’à se masquer la face ! Par exemple, on nous dit qu’en « Afrique » on consomme beaucoup moins d’électricité par personne qu’en Occident ! Evidemment : vu les pauvres réseaux électriques dont nous disposons, qui ne touchent qu’une petite partie de la population et ceci de manière fort intermittente, on ne peut guère consommer d’électricité ! Mais là où elle est disponible, on ne se prive pas de la gaspiller… La gestion des poubelles est encore un tout autre roman, je ne sais pas quelle terre on se prépare pour l’avenir, à force d’enterrer toutes sortes de détritus n’importe où sans aucun contrôle…
Avant de venir, j’avais suivi une belle émission qui rapportait plein de microréalisations, en Afrique, pour inventer des solutions aux défis du quotidien qui soient durables, écologiques, etc… Fours solaires, cultures dans de vieux pneus, pépinière de plantes prometteuses, etc… Je trouvais cela fort intéressant, mais je vois bien le fossé entre cela et la réalité. Un européen de passage nous rapportait, par exemple, l’échec de son association pour installer des fours solaires. Il y a un travail de titan à réaliser pour changer les manières de faire et les mentalités… Saurons-nous apporter notre pierre aux changements nécessaires ? Espérons-le… L’évangile de ce jour nous invite à répondre aux foules qui ont faim… (17ème dimanche, année B, Jn 6,1-15)
C’est vrai que l’Afrique n’est pas à la même étape dans le respect de l’environnement. Il n’y a qu’à voir le nombre de sacs plastiques qui envahissent les champs, les rues.. Mais des petits pas se font…
A Copargo, au Bénin, une soeur vient de s’engager dans une association qui cherche justement à éduquer les enfants : ils ont fait cette année plusieurs activités (pépinière en vue d’une plantation d’arbre ; concours de dessin et slogan pour sensibiliser au respect de la nature). Je sais qu’une ONG (redec) propose à des femmes une formation pour apprendre à recycler les sachets plastiques (ils tissent et refont des sacs avec).
Dans une autre communauté, à Kompienbiga (Burkina Faso), les enseignants ont invité les enfants à ramasser les sacs plastiques qui traînaient partout.
Se sont des petits pas, certes, mais ils ne faut pas les oublier !…
Sr Sylvie
Soeur des Campagnes