360 km. C’est la longueur du fleuve Jourdain qui sépare (notamment) Israël de la Jordanie, traversant le lac de Galilée, avant de se jeter dans la Mer Morte.
Un fleuve ? Façon de parler. A bien des endroits, il ne s’agit que d’un filet d’eau souvent peu ragoutant. Il faut dire que l’eau est chère dans la région et la géopolitique de l’eau encore plus compliquée. Eau détournée par les différents pays riverains (Syrie, Jordanie, Israël, pompages incontrôlés pour les besoins domestiques des riverains (accrus encore par l’installation des colons israéliens qui, selon Human Rights Watch, consomment « un quart du total que consomment les 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie ») et pour l’irrigation notamment ont réduit dramatiquement le débit qui n’équivaut plus qu’à 5 % de l’ancien, selon Ben Ari, directeur de l’Office du drainage du Sud-Jourdain, qui travaille à la réhabilitation du fleuve. On imagine ce qu’il reste de la biodiversité de ce fleuve dans ces conditions…
Israël, dont le savoir faire en terme de pratiques agricoles en terrain aride est internationalement reconnu, connaît bien les défis liés à l’eau puisque 75 % de ses eaux usées sont déjà réutilisées à des fins agricoles essentiellement. Pour l’eau potable, des usines de dessalement prendront le relais dans les années à venir, pour couvrir plus de 4/5e des besoins des 8 millions d’habitants du pays.
Pour réhabiliter le fleuve biblique, Uzi Landau, ministre de l’énergie et de l’eau, a annoncé avoir convaincu le gouvernement récemment de retourner 150 millions de mètres cubes d’eau au fleuve chaque année. « Grâce à cela, nous aurons effacé en dix ans notre dette envers la nature », estime-t-elle. Une opération bénéfique aussi pour le tourisme, notamment pour les pèlerinages chrétiens, nombreux dans le pays et qui font tous une halte au Jourdain pour rappeler le baptême de Jean Baptiste et de Jésus. Aujourd’hui, seuls deux endroits aménagés permettent l’accueil des touristes, soit pour des raisons de commodité, soit pour des raisons de sécurité militaire (terrains minés le long de la Jordanie). C’est donc un investissement lourd de plusieurs millions de dollars qui est annoncé pour nettoyer le fleuve et faire émerger aussi davantage de logements et de campings dans le secteur. Une importante usine de traitement des eaux est déjà en construction sur la partie sud du lac de Tibériade et sera opérationnelle dans deux ans.
Source : d’après un article de KFAR RUPPIN, Israël (Reuters) – Ari Rabinovitch, Hélène Duvigneau pour le service français / voir aussi l’info plus ancienne du blog de P. de Plunkett