Le pipeline de la discorde

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Handout Enbridge

Il ne fait pas très bon être un environnementaliste actif au Canada actuellement. Adossé à son voisin surconsommateur d’énergie, le Canada a, il est vrai, un potentiel en énergies issues des schistes bitumineux, des centrales hydroélectriques et autres productions de gaz suffisamment conséquent pour répondre à ses propres besoins et à ceux des Américains, toujours bons payeurs. Cela n’aide pas beaucoup à faire émerger une conscience écologique motivée.
Bien sûr, comme partout, des individus et des groupes sont pourtant à l’œuvre. Plus intéressant encore, un regroupement de 28 églises presbytériennes a décidé de manifester sa solidarité avec ceux qui commencent à poser de bonnes questions sur ces excès d’énergies et leurs modes de productions.  Ils ont écrit ensemble une lettre envoyée au Premier ministre, Stephen Harper, reprochant à son gouvernement de mener une politique active pour éteindre les contestations environnementalistes et pour accuser de tous les maux les opposants aux grands projets canadiens.Dernier exemple en date, le Northern Gateway oil sands pipeline, cristallise de plus en plus d’opposants et les représentants des Eglises de ce groupe expriment  un devoir religieux à parler de ce sujet.

Ils le feront sans doute à l’occasion du conseil général de l’Eglise Unie du Canada qui se déroule à Ottawa prochainement, puisque le groupe y propose de voter une résolution rejetant la construction du projet de pipeline. Celui-ci,  d’une longueur de 1200 km (!), et estimé à un montant de 6 milliards de dollars, doit transporter des huiles bitumineuses diluées de l’Alberta jusqu’à la côté de la Colombie britannique. Avec toutes les conséquences possibles pour l’environnement comme les dénoncent déjà les populations indiennes locales.

Pour Mardi Tindal, modératrice de cette communion d’Eglises presbyteriennes qu’est l’Eglise Unie, les « gens comprennent qu’on ne peut plus séparer désormais la santé économique de la santé écologique d’un pays », rappelant que les Eglises dont une responsabilité à contribuer aux dialogues permettant le respect du bien commun pour tous. Un positionnement que d’autres communautés partagent. Ainsi, l’évêque anglican de Colombie britannique et du Yukon avait déjà émis des doutes quant à la sécurité de cette installation. Le diocèse de New Wesminster de cette même Eglise s’oppose lui aussi au projet et veut désormais retirer tous ses placements en lien avec le groupe industriel Enbridge à l’origine du projet. L’organisation oecuménique Kairos, regroupant de nombreuses Eglises protestantes et aussi la conférence des Evêques catholiques canadiens, a elle aussi participé à la réflexion en fournissant un document de travail évaluant les données du projet. Le document évoque tout particulièrement les dangers que le pipeline fait porter aux populations indigènes des régions traversées en cas de fuite majeure.

De septembre à novembre, une grande campagne d’information est organisée à travers le pays par le gouvernement pour montrer l’innocuité de son projet. Pas sûr qu’il réussisse à convaincre, après la catastrophe récente du Golfe du Mexique. A moins que la santé économique d’un pays ne devance, une fois encore, dans le coeur des Canadiens le soucis de la santé écologique de leur terre et de leurs populations.

Source : D’après un article de John Cotter, Canadian Press | Financialpost

 

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