Bon, avouons-le. On l’avait pas vu passer, la 56e conférence de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui s’est déroulée à Vienne (Autriche) du 17 au 21 septembre 2012. Et encore moins, avait-on relevé le discours de Mgr Dominique Mamberti, un des bras droits du cardinal Bertone, et secrétaire pour les relations avec les Etats. Son discours évoque d’abord la position traditionnelle de la diplomatie vaticane sur l’armement nucléaire, considéré comme inapte à assurer durablement la paix dans le monde. Il appelle ainsi à développer les outils de contrôle de ces technologies, pour le bien être des humains et de leur terre.« La sécurité mondiale ne peut se baser sur l’arme nucléaire (…) et le Saint-Siège estime que le traité d’interdiction globale des essais nucléaires est un instrument fondamental en la matière, qui souligne par contre la valeur de ses applications civiles et scientifiques, comprises dans un système de contrôle international (…) La signature, la ratification et l’entrée en vigueur de ce texte constituent un pas important pour l’avenir de l’humanité, de la protection de l’environnement et de la terre que le Créateur nous a confié. C’est pourquoi l’adoption par tous les pays, mais surtout par les puissances nucléaires, des protocoles relatifs aux zones dénucléarisées est de grande importance. Confirme son appui aux efforts tendant à instituer de telles zones au Moyen Orient, le Saint-Siège est confiant dans le résultat de la prochaine réunion en Finlande. Les zones dénucléarisées constituent le meilleur exemple de confiance et d’affirmation de ce que la paix et la sécurité sont possibles en excluant la détention de l’arme nucléaire ».
Ces « zones dénucléarisées » font référence à l’absence de tout armement nucléaire. Mais qu’en est-il du nucléaire civil ? Question intéressante puisque l’évêque français passe, l’air de rien, dans le domaine du nucléaire civil comme une évidence. Et d’évoquer les « évènements » de Fukushima.
« La sécurité nucléaire n’intéresse pas la seule AIEA mais la famille humaine toute entière (…) L’incident nucléaire de Fukushima-Daiichi a prouvé qu’une crise locale devient une question globale. Etant donné que la planète est exposée à des risques sismiques réels et non hypothétiques, aux conséquences incalculables, il est nécessaire de mettre au point une coordination politique internationale jamais vue. Le programme de coopération technique de l’Agence est un outil majeur pour mettre la science et la technique nucléaires au service du développement socio-économique global. Un tel développement en faveur des états bénéficiaires contribuerait à la solution pacifique des grands conflits mondiaux ».
On le voit. On n’en est pas encore à une remise en cause foncière du nucléaire civil (contrairement à l’avis des évêques du Japon…). La position catholique, par respect pour l’intelligence mise au service du développement dans les techniques, a du mal à penser les ruptures épistémologiques des technologies surpuissantes telles que le nucléaire. On dénonce la bombe atomique, on se désole pour les « incidents » des centrales nucléaires… mais on demande une « coordination politique internationale jamais vue »… et qu’on ne verra sans doute jamais, vu les enjeux géopolitiques de cette industrie.
Et pour enrober le tout, on rappelle aussi les bienfaits des traitements anticancéreux que la radiologie et la radiothérapie permettent. Sans préciser que les cancers ainsi traités peuvent aussi provenir de cette même source radioactive, comme nous le rappellent dramatiquement les populations oubliées de Tchernobyl ou des zones d’essais atomiques, un peu partout dans le monde.
« Dans les pays en voie de développement, plus la moitié des cancéreux ne peut être traitée par manque du matériel et du personnel appropriés ». C’est pourquoi le Saint-Siège apprécie-t-il que l’Agence « planifie et diffuse des programmes de lutte contre le cancer. »
Pour ne pas oublier, voici une vidéo réalisée récemment évoquant les … 2053 essais nucléaires (enregistrés) sur notre petite planète depuis 1945, dans l’atmosphère, sous les plaines américaines ou russes ou chinoises ou pakistainaises, ou au fond des lagons français ou des déserts algériens… Pour ne pas oublier…
DL