De Lourdes à la Création

Le Dr Patrick Theillier,  vice-président de l’Académie diocésaine pour la Vie et ancien médecin des sanctuaires de Lourdes, nous fait part d’un texte que nous avions déjà évoqué, paru dans la revue diocésaine de Pau au mois de juin dernier.

La sauvegarde de la Création

  La sauvegarde de la planète ne se réalisera pas sans une révolution métaphysique,

celle qui concerne notre conception de la Création.

Mgr Léonard

La tradition chrétienne a toujours considéré que la nature était partie intégrante de la Révélation. Dieu a créé le Cosmos[1], pour que l’homme en prenne soin et l’amène à la destinée qu’il lui a promise dans un dynamisme eschatologique qui lui donne sens. L’homme est responsable de la sauvegarde de la Création.

En 150 ans l’homme a épuisé les sources d’énergie plus qu’en des milliards d’années. Pour la première fois de notre histoire, la Terre est mise en péril et les fondements même de la vie sont menacés. La pollution, la dégradation des écosystèmes, la baisse de la biodiversité, l’épuisement des ressources montrent à l’évidence que la planète ne peut supporter durablement la destruction qu’elle subit depuis deux siècles. Maltraitée, la nature aujourd’hui se venge et malmène ses agresseurs. Il est grand temps de revoir de fond en comble notre relation à la Création, d’inventer un autre modèle de développement respectueux à la fois des hommes et de la nature. La Création est pour tous les hommes. La matière, les minéraux, les végétaux, les animaux ont été créés pour l’homme, et l’homme a été créé pour Dieu. Le drame c’est bien celui du péché, du péché qui pousse l’homme à passer avant les autres, quitte à les écraser, à consommer, à accaparer, à s’approprier, à dominer, jusqu’à aujourd’hui en arriver à mettre en péril la création elle-même.

 Dans l’orthodoxie, il y a toujours eu deux voies pour rencontrer Dieu : l’Ecriture sainte et la Création. En Occident, depuis la Renaissance et avec le cartésianisme, la théologie chrétienne de la Création a été oubliée au profit de la théologie de la rédemption. Ce sont nos papes contemporains qui ont su retrouver ce sens d’une théologie de la Création et un souci écologique. En 1990, Jean-Paul II délivrait un message parmi les plus forts et les plus explicites sur l’urgence écologique à l’occasion de la 23ème Journée mondiale de prière pour la paix où il proposait d’intégrer dans la réflexion chrétienne sur la paix, les défis écologiques contemporains. Le pape appelait à une « conversion authentique » dans ce domaine, proposant une révision sérieuse de notre style de vie : « L’austérité, la tempérance, la discipline et l’esprit de sacrifice » doivent « marquer la vie de chaque jour ». En 2001 le cardinal Ratzinger affirmait déjà : « Si nous voulons comprendre à nouveau le christianisme et le vivre dans toute son ampleur, il nous faut impérativement retrouver la dimension cosmique de la révélation chrétienne ». En juin 2002 à Venise,  la déclaration finale du Symposium œcuménique sur « Religion, science et environnement », cosignée par le patriarche de Constantinople et l’évêque de Rome, revêtait un caractère solennel voulu, demandant que l’humanité coopère à restaurer « l’harmonie originaire de la Création », sur la base de son indispensable prise de conscience écologique.

(suite de l’article dans les pages TEXTES – Textes d’auteurs)

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. dlang dit :

    J’ai rarement lu un texte aussi clair, simple
    sans jargon et sans langue de bois….

    une vraie bouffée d’oxygène qui me rejoint à 100%
    sur mon chemin de malade de l’environnement
    et de chretien « basique » !

    il est évident que les autres articles du blog me parlent
    mais celui là est une perle..
    à transmettre à l’auteur

    Catherine L.

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