Triste révolution verte

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Dans la série « Des militants américains se mobilisent », voici la dernière action en date contre une cérémonie qui se déroulait à Des Moines dans l’Iowa, début octobre.Les protestataires se tenaient en fait devant l’ancienne bibliothèque de la ville devenue depuis peu le « World Food Prize Hall of Laureates ». Là se tenait la remise du prix Norman Borlaug créé en 1986 pour des recherches fondamentales et appliquées liées à l’amélioration de la qualité, la quantité ou l’accessibilité de la nourriture dans le monde. Un prix financé par  la fondation Rockfeller à hauteur de 250 000 dollars et qui rassemble de grandes somités internationales, dont par exemple Mr Ban Kim Moon, le secrétaire général de l’ONU.
Il faut  rappeler que Norman Borlaug, qui a lancé ce prix, est le père de la révolution verte. Prix Nobel de la paix en 1970 pour ses programmes qui ont permis de fortes croissances dans les rendements de production de riz et de céréales notamment, il rappelait, en mars 2005, quatre ans avant sa mort,  qu’il faudra doubler encore la quantité de nourriture accessible dès 2050. Cela passe par lui par de nouvelles techniques, telles que le développement de nouvelles techniques d’immunité des céréales mais aussi le développement massif des OGM, notamment pour les terres non utilisés à l’heure actuelle. Des OGM qui ne sont pas dangereux selon lui puisque « la modification génétique des plantes et des animaux se fait depuis très longtemps » ! Craignant une crise alimentaire snas précédent, Borlaug appelle aussi à des politiques entraînant la décroissance de la population, ce « monstre » démographique, comme il le qualifiait dans les années 70, étant membre jusqu’à sa mort du Population Media Center, très actif sur ces questions. Depuis son point de vue s’est un peu adoucit, mais en revendiquant l’usage massif de nouvelles technologies qui permettraient de nourrir 10 milliards d’être humains.

La protestation à Des Moines voulait rappeler que les opérations en cours et implicitement célébrées par cette cérémonie s’accompagnent d’une main mise par des multinationales  sur les ressources alimentaires et ses réseaux de distribution.

Frank Cordaro, travailleur social catholique et activiste pacifiste rappelle que ce prix est soutenu par l’Etat de l’Iowa a hauteur de plusieurs millions de dollars. Jessica Reznicek, militante locale de Des Moines, a pris conscience elle aussi de la réalité derrière les discours d’une telle cérémonie. « Je ne crois pas que ces gens soient intéressés par le fait de nourrir les gens. Je pense que le Dr Norman Borlaug l’était sans doute. Mais les multinationales rassemblées ici pour ce prix ne le sont pas. Je conteste leur manière de concevoir les besoins alimentaires sur un modèle consumériste plutôt que sur la notion du bien commun. Ce qui les intéresse c’est uniquement une domination internationale. »
Frank Cordaro complète : « Il y a un grand scandale dans la manière dont nous fournissons de la nourriture aux plus pauvres. Les ONG et les agences humanitaires sont obligées de mendier une aide auprès de ces multinationales. Nous devrions mieux traiter les pauvres et la terre. »
Au terme de plusieurs de protestations, les militants ont tenté d’entrer dans le bâtiment. Cinq d’entre eux ont été arrêtés pour n’avoir pas respecté les zones de sécurité imposées. Libérés dans la soirée, Cordaro a quand même écopé de 30 jours de prisons et Renicek de 500 dollars d’amende.
Une autre mobilisation a suivi au moment de la remise du prix au Dr David Hillel, scientifique israëlien, un des fondateurs de la micro-irrigation dans ce pays aride.Source : Article NRC, Sue Stanton, Iowa
 

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