Des agriculteurs sur le grill

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Le nom de l’étude donne le ton : « Des tortillas sur le grill » est le résultat d’une étude menée par le Catholic Relief Services (CRS – agence de développement des communautés catholiques nord-américaines), le Centre international pour l’agriculture tropicale et le Centre International sur le développement du maïs et du blé. Une étude financée par la fondation H. G. Buffet (HGBF), et qui se concentre sur les effets du réchauffement climatique sur les agricultures traditionnelles de 4 pays d’Amérique Centrale : Nicaragua, Honduras, El Salvador et Guatemala.Alors que le Guatemala vient d’être touché durement par un tremblement de terre et que les Caraïbes se remettent à peine du passage de la tempête Sandy, on peut rappeler aussi que 2009 a été une année particulièrement dure pour le pays El Salvador, par exemple, frappé régulièrement ces dernières années par des désastres naturels de plus en plus virulents. Avec des conséquences humaines et économiques dramatiques : les cinq tempêtes tropicales qui ont frappé le pays entre 2009 et 2011 ont entraîné des coûts à hauteurs de 1,3 milliards de dollars, touchant durement notamment l’agriculture du pays. A cela s’ajoutent des sécheresses nouvelles comme cela observée il y a quelques mois qui influent déjà fortement sur le cours des ressources agricoles. « Nous sommes confrontés, du fait du changement climatique, a des défis bien plus grands que ce que nous avions imaginé il y a quelques décennies à peine », confirme Herman Rosa Chavez, le ministre salvadorien de l’Environnement.  Un ministre qui demande d’emprunter désormais d’autres voies que celle de la Révolution verte technologique (engrais, OGM,…), une voie qui « nous tue lentement et patiemment ».

C’est donc les conséquences de ces évènements climatiques nouveaux sur la sécurité alimentaire de ces pays qui ont été évaluées dans l’étude « Tortillas on the Roaster ». Et tout particulièrement pour les petits paysans qui manquaient jusque là de données précises. L’étude offre en effet des projections climatiques à l’échelle d’aires de 5 km2 dans cette région, dans la perspective 2010-2039 et 2040-2069.

Autant de données qui doivent permettre dès à présent de mettre en place les politiques d’accompagnement permettant l’adaptation des pratiques agricoles. On annonce ainsi une diminution d’un tiers de la production de mais et d’un quart celles des haricots dans la région d’ici 2020. Une évolution qui invite à diversifier encore davantage les cultures et à gérer plus attentivement les ressources en eau et la qualité des sols. Paul Hicks, coordinateur régional du projet Global Water Initiative-Central America raconte que dans la région, aujourd’hui encore, les paysans connaissent souvent bien mieux le nom des pesticides qu’ils utilisent que celui des macro- et micro-nutriments indispensables pour la croissance végétale. Pour lui, le rapport confirme que  » la solution pour l’avenir est à la fois biologique et écologique. La réponse est de construire un capital humain en améliorant les services agricoles. Nous avons besoin de fermiers qui ont une très bonne connaissance de l’agronomie de base et la gestion des sols, de l’eau et des plantes. »

L’étude pourra aussi intéresser les Américains du Nord, dont le niveau de vie impacte durement la vie de leurs voisins proches.
Source : Danielle Marie Mackey  | NCR / Oct. 27, 2012
 

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