Alors qu’on peut encore trouver des homélies qui parlent de la foi au Dieu Créateur sans évoquer d’aucune manière le rapport à la terre et à son devenir (cf. image ci jointe d’une homélie publié récemment dans une revue diocèsaine), il peut être bon aussi de (re) découvrir les lignes d’Adolphe Gesché ayant écrit il y a quelques années un passionnant petit ouvrage de théologie sur le cosmos. Merci à Priscille d’avoir diffusé l’extrait.
« Nous avons à préparer cette terre à son destin : cette terre en effet n’est pas que terre d’immanence ; elle est pour le croyant, demeure de l’homme destiné à partager un jour en plénitude la vie même de Dieu. Cette terre, nous avons donc à la pré-server (prae-servare), à la sauvegarder (servare) d’avance (prae) pour sa destinée future. Et c’est ainsi qu’elle sera véritablement notre oïkoumené. Elle ne peut être l’objet d’une vulgaire domestication. […]Cette terre de destinée, il doit la préserver comme terre de salut. Car c’est une terre de salut, finalement, qui a été donnée à l’homme. »
« On sait qu’une des caractéristiques du texte judéo chrétien sur la création est qu’il n’introduit pas de dieu-démiurge dans la formation du monde. […] S’il n’y a pas de démiurge qui intervient dans la fondation du monde, n’est ce pas aussi parce que, justement, c’est l’homme qui, dans la perspective judéo chrétienne, est en quelque manière ce démiurge de la création divine ?
L’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu est précisément celui qui va recevoir la vocation d’aménager cette terre. Il en est le lieu-tenant, à qui elle est confiée – on sait en quels termes solennels – pour qu’il l’habite, la fasse fructifier et la « soumette ». L’homme y est précisément (et bien avant Platon et Aristote) le zôon logikon – entendons : le vivant-à-l’image-du-Logos – qui va pouvoir retraverser, comme image de l’Image, cette Création traversée une première fois par le Logos du Père (per Quem).
Dieu s’est reposé au septième jour, nous dit-on. Ce « Dieu du sabbat », n’est pas (ou plutôt : n’est plus) un « dieu de la semaine ». Celle –ci nous est confiée ; ce sont « les jours de l’homme » et le dimanche sera « le jour du seigneur ». L’homme image du logos va retraverser cette création logikè et, très exactement en faire l’oîkoumenè, la terre –maison, la terre-demeure de l’homme et plus et de Dieu. »
Adolphe GESCHE Dieu pour penser, T.4, Le Cosmos, Cerf, 1994.