Plus facile de traverser que de restaurer le Jourdain ?

Jourdain rapport 2013Nous avons déjà évoque sur E&E la situation dramatique du Jourdain, ce petit fleuve qui sépare Israël, la Palestine et le Jordanie. Cette année les Amis de la terre au Moyen Orient (FoEME) lancent une campagne de sensibilisation pour soutenir les efforts en cours pour la réhabilitation de ce cours d’eau qui souffre, lui aussi, des conflits latents et des pratiques irresponsables des habitants de cette région. A cette occasion, ils ont mis à jour leur plan d’action dans un document publié en janvier 2013.
Leur démarche est d’autant plus intéressante qu’elle veut mobiliser les responsables des trois grandes religions de ces pays pour rappeler à chacun le lien profond que leur vie spirituelle a avec l’eau et aussi avec ce fleuve symboliquement si riche qu’est le Jourdain. On peut juste rappeler que sur les 1,3 milliards de m3 qui s’écoulent chaque année dans ce fleuve, 98 % est détourné pour des usages domestiques et pour l’agriculture.

Une information à mettre en lien aussi avec une étude récente montrant une chute alarmante des réserves d’eau douce au Proche-Orient voisin (travaux publiés le 21 février dans la revue  Water Resources Research). En effet, une étude menée depuis 10 ans par la Nasa et des chercheurs de l’université de Californie montre « une baisse alarmante des réserves d’eau des bassins du Tigre et de l’Euphrate, qui subissent actuellement la deuxième plus rapide perte d’eau douce sur la planète après l’Inde », selon Jay Famiglietti, principal auteur de cette étude. Là encore le pompage pour des usages agricoles est le grand responsable, à hauteur de 60 %.

Ce sont donc les réserves de la Turquie, de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran qui sont directement concernées, dans des pays présentant une démographie forte, une agriculture utilisant massivement l’irrigation et une dégradation rapide des ressources existantes. Et aussi une pluviométrie particulièrement faible ces dernières années.

On comprend que la difficulté à gérer sur un plan régional ces ressources en eau est révélatrice d’une géopolitique malmenant fortement le respect des équilibres naturels, pourtant indispensables. La gestions des bassins fluviaux internationaux est particulièrement complexe et la Turquie, en amont des grands fleuves de la Syrie et de l’Irak défend son approche d’un « grand projet anatolien » prévoyant la construction de pas mois de 20 barrages sur le Tigre et l’Euphrate. Des barrages au bien commun des habitants de toute cette région…
DL

Source : Article Elena Fusco

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