Un entretien réalisé par le journal La Croix le 19 mars, revient sur l’homélie du pape Benoit. Michel Hubaut, franciscain français, réagit.
Que pensez-vous de l’homélie donnée mardi 19 mars par le pape François ?
Michel Hubaut : C’est un très beau texte qui regorge de phrases fortes, comme celle faisant du pape le gardien de « tout le peuple de Dieu », chargé d’« accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits »… Dans ce discours, il y a tout un programme, une vision de l’Église, une manière d’aller à la rencontre du monde avec tendresse qui me mettent en joie. (…)
Que penser de cet appel à prendre soin de la Création ? Se situe-t-il dans le droit filde ceux lancés par Benoît XVI ?M. H. : Ce passage sur l’Église gardienne de la Création est, bien entendu, l’un de ceux qui m’ont touché. On y retrouve les intuitions de saint François sur cette Création inachevée que Dieu nous a confiée pour l’achever et l’accomplir, sur ce cosmos perçu comme berceau de l’humanité et donc avenir de l’homme. Benoît XVI, déjà, avait beaucoup insisté sur ce destin commun entre la Création et l’homme. Comme dit Hubert Reeves, au fond, nous sommes « poussières d’étoiles ». Mais l’on sent bien que cet appel va au-delà du seul respect de l’environnement, qu’il concerne aussi la gestion de notre monde, l’attention au plus fragile, au plus démuni : si l’homme accueille l’Évangile, il doit humaniser toutes ses relations, ses structures sociales. Toute l’humanité doit être traversée par cette tendresse. D’où cette insistance ensuite sur le pouvoir comme service. Saint François, lui aussi, avait été bouleversé par le geste prophétique du lavement des pieds, le Créateur se mettant à genoux devant sa Créature pour la servir… Je pense que le nouveau pape n’a pas seulement choisi un prénom. C’est toute l’ardeur, toute la flamme de saint François qui passent dans cette homélie.
Recueilli par ANNE-BÉNÉDICTE HOFFNER