Une jurisprudence pour les blessés de la terre

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Deyo deerLe 21 novembre prochain, le procès qui se déroulera à Mount Vernon (USA) ne fera pas la une des journaux. Mais l’histoire mérite d’être racontée. En effet, ce jour là comparaitra Carol Deyo, une ancienne aide-vétérinaire de l’Etat de l’Ohio. Son crime ? Avoir en sa possession un faon de 2 ans, blessé par une moissonneuse batteuse. Pris en charge, celui qui s’appelle désormais Trooper, récupère de ses blessures dans la ferme familiale et a été rejoint depuis par Patch, un autre faon blessé par une collision automobile, 4 ratons laveurs et deux cerfs à queue blanche.

Or, le règlement du Ohio Department of Natural Resources (ODNR) interdit ce genre de pratique, punissable jusqu’à hauteur de 30 jours de prison. Mais ce qui rend l’histoire particulièrement sensible, c’est que Carol Deyo souffre actuellement d’un cancer et que son engagement est aussi une réponse à cette épreuve. De quoi émouvoir beaucoup de gens à travers le pays et déjà une pétition à été lancé sur change.org pour la soutenir. Plus de 8000 signatures ont ainsi été récoltées sur la pétition : « Il faut sauver Trooper », qui veut permettre à Carol Deyo de continuer son travail et de faire de sa ferme un lieu éducatif pour les scolaires de la région.

Cette affaire permet d’évoquer la figure de Thomas Berry, un prêtre passionniste, auteur atypique qui se désigne lui-même comme un « géologien », un théologien de la terre. Dans son dernier ouvrage, intitulé « Principes d’une jurisprudence de la Terre », il écrit :
« Chaque composant de la communauté terrienne a trois droits : le droit d’exister, le droit d’habiter le droit de vivre à sa place dans les processus toujours renouvelés de cette planète. » Et on peut rajouter : « La terre est une communion de sujets et non une collection d’objets. »
Les appels du P. Berry ont trouvé chez Sr Pat Siemen un écho très fort. Cette dominicaine d’Adrian (dans le Michigan) est avocate et elle est devenue ainsi la directrice fondatrice, en 2006, du Centre pour la jurisprudence de la Terre, à Orlando, en Floride (Faculté de droit de l’université de Barry). Elle se rappelait avoir fait le constat qu’après 20 ans de travail juridique au service de l’humain, elle n’avait jamais prêté attention aux dégats faits à l’environnement naturel. Désormais, à la tête du Centre d’Orlando, elle forme des générations de juristes à ces thématiques. Concernant le jugement en cours de Carol Deyo, la religieuse considère que c’est là un bon

« exemple de ce qui peut arriver quand on a des lois qui ont été rédigées de manière décousue pour l’humain. Nos lois assument le fait que les humains n’ont pas le bon sens naturel de l’harmonie avec les animaux et les écosystèmes. »

En analysant ce procès, Sr Siemen considère que la souffrance est partagée aussi bien par les animaux que par celle qui en prend soin. D’autant qu’elle même est malade d’un cancer.

« La compassion de Carol montre la magnifique situation d’un bienfait mutuel. Elle a pris soin de ces animaux et il semble que cela arriva au moment même où elle en avait besoin le plus dans sa vie. »
L’idéal serait, selon elle, que le juge accorde une permission à titre éducatif. Et de rajouter : « Le cas Deyo fait naitre une autre question intéressante :

« Allons nous retourner à une situation paternaliste où nous protégeons les animaux pour nos propres raisons ? Les centres de protection de la vie sauvage doivent garder les animaux pendant qu’ils récupèrent de leurs blessures et puissent retourner ensuite dans leur milieu naturel, plutôt que de rester enfermés… »

Et de souligner aussi que ces histoires mettent en évidence la réalité de la perte des habitats naturels. Le morcellement des habitats humains dans les paysages multiplie forcément les risques d’accidents et d’interférences.

« Si nous sommes responsables de la dégradation d’un habitat naturel, nous devrions aussi être responsable du devenir des animaux qui y vivaient ! »

DLSource : Article Eco Catholic, Sharon Abercrombie  |  Sep. 16, 2013

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. PATRICK THEILLIER dit :

    Merci !

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