Dans la banlieue lyonnaise, du côté d’Ecully, le ferme de l’abbé Rozier, vieille de 200 ans, s’étend sur dix hectares, pas très loin du ruban de bitume de l’Autoroute A6. Cette « vieille dame » retrouve une nouvelle jeunesse avec le projet mené par le Centre de formation et de promotion horticole (CFPH) et ADN service d’y créer un chantier de professionnalisation en maraîchage biologique en vente directe, dont l’ouverture au public est prévue au printemps 2015.
Échappant aux promoteurs immobiliers, depuis septembre 2014, les parcelles sont déjà certifiées en agriculture biologique. La production à venir sera constituée de légumes et fruits biologiques et aussi de miel. Elle sera distribuée par le biais d’un « drive fermier » actuellement en élaboration, accessible notamment aux entreprises et restaurateurs de la région. Sans oublier les particuliers lors d’un marché de producteurs à la ferme.
« Le nombre de marchés en plein air est certes important à Lyon, mais ceux 100 % bio sont encore rares et l’aspect marché à la ferme attire énormément », confie Alain Grenet, chargé de mission d’ADN Service. Le site, accessible à seulement 10 minutes de bus depuis le métro « Gorge de Loup », sera également ouvert à tous en tant que ferme pédagogique pour les scolaires, les centres de loisirs et le grand public. Des animations autour du jardinage pourront également être organisées pour les adultes.
Une bonne nouvelle donc aussi pour le site voisin de Valpré, géré par la congrégation des Assomptionnistes et qui vient notamment de retaper un ancien corps de ferme pour y déployer un projet communautaire à destination des plus jeunes.
Occasion aussi d’en dire un peu plus sur cet « abbé Rozier » qui mérite d’être connu. Né en 1734, conseiller du roi, chanoine de l’église primatiale de Lyon, ville dont il est originaire, l’homme préfère la science à la théologie. Ordonné prêtre mais sans vocation (!), il devient régisseur d’un domaine agricole et se spécialise en botanique et en agronomie.Il rejoint l’école vétérinaire de Lyon où il enseigne, tout en y réalisant un grand jardin botanique. Révoqué par un collègue jaloux de son succès, l’abbé retourne dans son domaine, recevant notamment la visite de Jean-Jacques Rousseau et se met à écrire des traités qui vont faire sa renommée dans le milieu. Arrivé à Paris, il prend en main le devenir du Journal de Physique et d’histoire naturelle qui deviendra à partir de 1771 le Journal d’observations sur la Physique, l’Histoire naturelle et sur les Arts et Métiers. Son neveu, l’abbé Mongez, minéralogiste reconnu, le dirige un temps avant de se joindre à l’expédition de Lapérouse.
« L’abbé a ici, comme cultivateur, le caractère que tout homme qui s’écarte de la pratique de ses voisins est sûr d’avoir : car il n’est pas dans la nature des paysans de croire qu’il puisse venir parmi eux des gens assez présomptueux pour penser pour eux-mêmes. »