
Une étude récente réalisée par l’IFOP et initiée par Parlons climat et l’association protestante A Rocha a été rendue publique, permettant d’évaluer l’engagement écologique des chrétiens en France.
Cette première partie concerne plus spécifiquement le rapport des catholiques à l’écologie. La seconde partie sortira en septembre 2023 et étudiera en profondeur le regard des protestants et des évangéliques sur le changement climatique et la biodiversité. Le but de cette étude, au-delà de l’intérêt de connaître l’opinion des chrétiens sur la crise écologique, est de contribuer à mettre à l’agenda le sujet du climat dans les communautés chrétiennes, et à trouver les arguments les plus susceptibles de convaincre les chrétiens de s’engager encore davantage sur ces enjeux cruciaux.
Cette étude, initiée par Parlons Climat et A Rocha, soutenue par la Fondation FLAM et Nuances d’Avenir, a permis d’interroger 484 catholiques pratiquants sur leur point de vue sur le changement climatique, le lien entre foi et écologie ou encore leurs attentes vis-à-vis de l’Église.
On découvre ainsi que les catholiques pratiquants sont aussi engagés que le reste de la population sur l’enjeu du changement climatique et que la pratique religieuse s’accompagne aussi d’une sensibilité (légèrement) accrue aux questions environnementales. Mais le plus déroutant est de réaliser que plus de la moitié des pratiquants catholiques n’ont jamais entendu parlé de l’encyclique Laudato si et de ses appels. Pire : seulement 17 % des catholiques pratiquants voient précisément de quoi il s’agit dans ce texte. dans la population française globale, seul un quart a entendu parler du texte.


Jérôme Fourquet, Directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, a notamment souligné que : “Si les catholiques pratiquants se montrent globalement plus engagés que la moyenne de la population sur le sujet de l’environnement, le rôle de l’Eglise sur cet enjeu est loin d’être évident pour tous ces croyants. Seule la moitié des catholiques pratiquants aimeraient que le thème de l’environnement et du changement climatique soit plus présent dans la vie de leur communauté et, lorsque tel est le cas, les attentes sont bien plus souvent concrètes (actions de préservation de l’environnement, économies d’énergie, jardinage…: 67%) que spirituelles (au travers du sermon du prêtre: 30%)”
Une typologie en trois temps a été proposée à partir de cette étude : cathos culturels peu sensibles aux questions environnementales ; cathos plus pratiquants sans attachement fort et engagés sur ces questions d’écologie ; cathos engagés dans l’Eglise, plutôt féminin, très sensible aux questions écologiques mais un peu démunis pour s’y engager.

Gauthier Simon, doctorant en science politique à l’Université de Bordeaux sur la “conversion écologique” et les processus de politisation souligne que : “le lien entre le niveau de pratique et l’engagement environnemental montre bien que les catholiques les plus engagés religieusement le sont également dans la société, ce qui confirme de nombreuses autres études sur les prédispositions à l’engagement, religieux ou non, de la socialisation religieuse. La question climatique devenant un enjeu de société, les catholiques les plus pratiquants s’en saisissent. Pour autant, on voit une complexité à combiner une forme d’anthropocentrisme et l’écologie. Il est intéressant de noter que le groupe le plus engagé sur l’écologie est pratiquant, tout en restant vigilant sur ce que recouvre la “pratique”, mais en dehors de l’Église. ”
Un petit commentaire d’E&E. L’étude a le mérite d’exister et il sera intéressant de voir comment le monde protestant se situera sur ces questions. Huit ans après la publication de l’encyclique Laudato si le constat est quand même inquiétant, révélant aussi, sur le fond la difficulté dans le monde catholique de « recevoir » des textes aussi importants dans le tissu paroissial ordinaire. Dans de nombreux lieux, les pasteurs en responsabilité n’ont absolument pas transmis l’information, ni dans les célébrations ni en dehors. Une inertie inquiétante qui traduit aussi une forme de résistante volontaire à la prise de conscience écologique contemporaine, souvent assimilée à un anthropologie incompatibilité avec le donné traditionnel de la foi chrétienne.
Pour le reste, ce genre d’étude globale ne donne qu’un aperçu assez large de phénomènes qui se jouent souvent sur le terrain dans les marges d’erreurs. Il est regrettable notamment que la dimension générationnelle n’ait pas été plus prise en compte puisqu’elle est assez décisive dans la prise en compte écologique en France.
INFOS
Étude réalisée par l’IFOP auprès de 484 catholiques pratiquants et 1000 personnes représentatives de la population française. Les résultats complets peuvent être consultés ici :119927 IFOP Résultats d’ensemble – Grand public et Catholiques pratiquants (1).pdf
Les détails de la typologie et des 3 groupes identifiés peuvent être consultés ici : Catholiques pratiquants I Etude Chrétiens, climat et biodiv I Presse