Quand les cimetières attisent les convoitises

 A Lowellville, charmant petit village de l’Ohio, la vie s’écoule tranquillement, suivant son cours. Ainsi, chaque mois, on peut par exemple participer au club Jardinage qui se retrouve tous les mardis soirs, à partir de 19 h. Le 15 septembre prochain, un ramassage d’encombrants est aussi organisé par les services municipaux, question de bien préparer la journée annuelle du village qui se déroulera une semaine plus tard, avec procession des pompiers, de la police et de voitures anciennes, avant les discours rituels, les barbecues et le bal…

Du côté des morts de la municipalité, les choses semblent cependant un peu moins paisibles. En effet, la municipalité vient de signer récemment un accord pour exploiter sous le cimetière centenaire de la ville les gaz de schistes qui y reposent (aussi). En soi rien d’étonnant dans cette Amérique fascinée par ses réserves inattendues de gaz de cette sorte. Ainsi, un peu partout dans le Colorado et le Mississippi  des aires de jeux, des églises, des cimetières militaires et civils sont devenus les nouvelles aires de prospection minières rentables. L’industrie gazière a proposé dans certains cas aux municipalités de céder leurs droits d’exploitation minière sur ces terrains pour 140 000 dollars, avec 16 % sur les bénéfices de l’exploitation. De quoi couvrir bien des budgets municipaux pour l’entretien des cimetières et des routes environnantes pour quelques années.

La proposition ne fait cependant pas que des heureux, beaucoup d’habitants regrettant qu’on ne laisse pas les morts tranquilles… D’autres décrivent les conséquences de ces forages, tels que les mini-tremblements de terres (enregistrés notamment dans la région de Youngstown). Des oppositions de citoyens s’organisent désormais  pour arriver à la déclaration d’interdits municipaux à ces forages.

Reste la question philosophique du jour : forer à plusieurs centaines de mètres sous un cimetière, par le biais de techniques de forages horizontaux faits à plusieurs km du cimetière, suffit il pour dire qu’on ne touche à rien d’important pour la communauté humaine à la surface ? L’association des cimetières catholiques de Pittsburgh semble en tout cas avoir répondu à la question puisqu’elle a signé en 2008, et pour cinq ans, un accord concernant 11 de ces cimetières, représentant quand même une surface de près de 500 hectares… D’autres, plus sensibles au désagrements liés à ces forages et privilégiant la sérénité des lieux choisis par respect pour les défunts, tels que des associations gérants des cimetières pour des vétérans militaires, ont su refuser de tels accords.

Source : Huffington Post, Julie Carrsmyth et Thomas J. Sheeran (AP)

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