Un autre écho à la mobilisation de certaines Eglises contre les projets de pipeline au Canada.
Dans la cathédrale de l’Eglise du Christ, à Vancouver, une rencontre fin avril dernier avait rassemblé les représentants d’une soixantaine de paroisses anglicanes du secteur et des membres d’autres Eglises pour discuter sur le bien fondé du projet de pipeline Enbridge Northern Gateway and Kinder Morgan en question. Pour Robert Worcester (cf. photo), psychologue et un des responsables du comité pour l’écojustice du diocèse anglican de New Westminster, « aucune tradition religieuse ose dire : ‘Heureux les cupides !’ C’est pourquoi nous pouvons parler de ces projets qui nous concernent ! ». Cette rencontre autour de la « compassion pour la Création » n’est qu’une étape parmi bien d’autres pour ce groupe déjà bien mobilisé et pousse les évêques des communautés à prendre position plus clairement.
Ce que six d’entre eux avaient fait en avril de cette même année pour exprimer leur souci concernant le bien-fondé de ce projet. Ils avaient souligné notamment le déficit démocratique de l’opération et le danger imposé aux populations indigènes du secteur traversé par le pipeline. Pour autant, ils restent très minoritaires, comme dans d’autres Eglises. Après avoir été souvent très engagés sur les questions de justice sociale jusque dans les années 70-80, la tentation est grande pour beaucoup d’évêques de restreindre désormais leurs mobilisations surtout sur les questions de bioéthique humaine ou d’évolutions de la société (mariage homosexuel…).
Il est bien possible pourtant que l’émergence de groupes actifs au sein des Eglises mobilisés par les questions environnementales, entraîne une évolution sensible sur cette question. Pour Mallory McDuff, épiscopalienne et instructeur en éducation environnementale (voir une note précédente du blog), « les chrétiens doivent revenir à la table de discussion » de manière active. Pour elle, la fusion qui s’opère en de nombreux groupes entre les thématiques de justice sociale et celles de la responsabilité écologique est une bonne nouvelle. « Notre voisin n’est pas seulement l’être humain qui m’est proche. Les autres créatures, notre environnement lui-même aussi sont des ‘proches' » traduit à sa manière Rev. Margarget Marquardt qui a participé à la rencontre à Vancouver. « Il est intéressant de constater que si certaines Eglises n’arrivent pas à s’entendre sur les questions bioéthiques, elles peuvent déjà trouver de vrais terrains d’actions communes autour des urgences liées au changement climatique », explique Mme McDuff. Pour Mr Worcester, l’occasion est venu pour les chrétiens de montrer un rapport plus apaisé à la vie matérielle. « Il est cohérent pour des personnes religieuses de dire que l’argent n’est pas la chose la plus importante. Dire cela nous resitue de manière plus proche de la culture des Nations premières et du monde naturelle. Ce sont là des sujets bien plus importants que de savoir combien d’argent peuvent se faire quelques riches Texans… »
Source : Article de Adam Pez, , TheTyee.ca