Mystique d’une écologie – Partie 6

(suite de l’article de Jean Bastaire)

 

Un salut aux dimensions cosmiques

Le christianisme écologique porte à son maximum cette responsabilité humaine à l’égard de l’univers en donnant plein droit aux affirmations étonnantes de l’apôtre Paul qui confèrent à la dimension cosmique du salut un pathétique extrême qu’on aurait pu croire réservé au seul salut humain :
OLYMPUS DIGITAL CAMERALa Création tout entière gémit, dit Paul aux Romains, et passe par les douleurs d’un enfantement. Elle aspire de toutes ses forces à voir la révélation des fils de Dieu. Car elle a été livrée au pouvoir du néant non parce qu’elle l’a voulu, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage et de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté et la gloire des enfants de Dieu. (Rm 8,19-22)
Qui a livré la Création au néant ? Les exégètes discutent de l’identité du mystérieux responsable de ce mal. Contrairement à une interprétation trop littérale, ce ne peut être l’homme par suite de son péché, car il ne fait que relayer au paradis terrestre un mal antécédent figuré par le serpent. Le véritable fauteur du mal est une puissance maléfique supérieure qu’on évoque habituellement sous le nom de Satan.
Pervertissant sa fonction de gouvernance, l’homme a apporté avec empressement son concours au travail de désagrégation et de ruine que le démon avait entrepris. Il s’est montré ainsi un serviteur aussi efficace du mal que du bien. Il a pris parti avec autant de résolution pour la rébellion du diable (diabolos, celui qui divise) que pour sa propre fidélité de fils.
Les deux révoltes comme les deux saluts sont liés, fondamentalement associés par un péché commun. C’est pourquoi le Fils de Dieu s’est incarné afin de rétablir dans l’homme comme dans tout l’univers les deux fidélités bafouées. Paul l’annonce aux Corinthiens dès le début de son apostolat : « Quand toutes choses auront été soumises au Fils, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Co 15,28). Il le répète quelques années plus tard aux Colossiens, tandis qu’il est captif à Rome avant d’être martyrisé : « Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix » (Col 1,19-20).

 

Dans l’attente de la Parousie

À l’imitation et par la force du Christ, le chrétien écologiste est l’artisan de cette réconciliation pour la part qui lui revient. Il n’a pas provoqué seul le désordre cosmique et ignore comment le sang du Fils en croix étend sa puissance rédemptrice à l’action peccamineuse des mauvais anges. Mais il sait comment remédier à ses propres maléfices.
Le chrétien a reçu du Christ le commandement de veiller non seulement à la sauvegarde temporelle de la Création, mais à son salut.

(à suivre)

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