Décidément, l’écologie intégrale fait bouger les lignes. Ou bien révèle à nouveau les impasses d’anciennes oppositions. Un article récent du Huffington Post recycle ainsi la vieille opposition gauche-droite, tout en citant… Laudato si.
C’est un ancien ministre de l’environnement (et plus tard de la communication), qui fut confronté notamment à la gestion de la crise de Tchernobyl et qui eut affaire à la justice il y a quelques années, et un actuel président de l’Union des jeunes pour le progrès (mouvement des jeunes gaullistes) qui s’expriment dans une chronique somme toute assez convenue, si ce n’est la récupération du texte du pape François. Intitulé, avec nuances, » L’écologie n’est pas que l’apanage des écolo-bobos de gauche, c’est aussi une préoccupation de la droite. », la chronique aime faire peur avec ces fameux adversaires aussi dangereux qu’imaginaires : sectes et totalitarismes en tout genre, adversaires politiques idéologues et classes sociales favorisées manipulatrices. On voit que l’appel au dialogue du pape François a été entendu par ces chroniqueurs.
Extraits :
Les questions concernant l’avenir de notre terre ne doivent pas être confisquées par une secte, ni devenir un totalitarisme de substitution pour les héritiers des grandes idéologies qui ont échoué à faire le bonheur de l’homme malgré lui. La préservation de la planète, les grandes thématiques liées au réchauffement climatique, à nos modes de vie et plus généralement la question des interactions entre l’Homme et son environnement sont au centre des préoccupations de nos contemporains. Des problématiques qui nous concerne tous. Mais auxquelles nous n’apportons pas tous les mêmes réponses.
Or, par un procédé dont elle est coutumière dans l’histoire politique, la gauche a imposé sa vision idéologique, rêvée et incantatoire sur ces sujets. Elle peut ainsi incarner à nouveau la société de demain en remplaçant la lutte des classes par la lutte pour changer les comportements. Elle ne craint pas de piétiner les libertés individuelles an nom du Bien. « L’objectif est pour l’homme la punition, la vie dure; pour la société, c’est la contrainte, la réglementation. La méthode, c’est la peur. » écrit Claude Allègre dans Ma Vérité sur la planète.
Par un procédé dont elle est coutumière dans l’histoire politique, la gauche a imposé sa vision idéologique, rêvée et incantatoire sur ces sujets.« Pastilles », interdictions en tous genres, décroissance avec ses conséquences négatives sur l’emploi, annonces anxiogènes répétitives afin de culpabiliser et créer une culture ambiante dominante qui interdit toute contestation sous peine de devenir un mauvais citoyen, la sémantique habituelle est mise en œuvre et on imagine ce qu’il en serait si cette chapelle exerçait le pouvoir. Au fond d’eux-mêmes les Français rejettent profondément cette vision punitive, dogmatique d’une écologie chargée de normes qui aurait réponse à tout. La prétention de ceux qui la portent est insoutenable : ils incarnent une sorte de fin de l’histoire puisque, après eux les capacités de l’homme à innover pour apporter des réponses inconnues sont taries.
Quand arrive le mot « normes », on a compris que le propos était bien celui d’un (néo)libéralisme qui aime mieux les marchés libres que les économies régulées.
Nous apportons, face à ce paradigme une écologie fondée sur l’enracinement et l’innovation. La droite est intrinsèquement écologiste, irriguée par son attachement aux racines et au temps long. La droite doit repenser son projet pour notre pays au travers d’auteurs comme la philosophe Simone Weil ou le sociologue Fernand Dumont. Réfléchir à nos différents héritages est le premier de la construction progressive d’une véritable réponse aux grands défis écologiques. Ces courants de pensée qui doivent guider nos actions sont principalement ceux du gaullisme et du christianisme social.
Gaullisme et christianisme social, diantre. On l’a pas vu venir celle-là !
Pour le gaulliste, « la seule querelle qui vaille est celle de l’Homme ». Cette doctrine politique est profondément écologiste car en tête de ses valeurs elle veut le meilleur pour l’épanouissement de l’Homme dans son environnement. Ainsi, en refusant le dualisme capitalisme et socialisme, en proposant une troisième voie, celle de la participation, le gaullisme demeure le socle du projet de la droite.
En outre, l’héritage chrétien et tout dernièrement la pensée du Pape François dénonçant « une culture du déchet » à travers son encyclique Laudato Si doit nous inspirer. Le souverain pontife qui dénonce « une exploitation inconsidérée de la nature » et propose « un authentique progrès social » doit nous conduire à chercher une voie de la modération et de l’équilibre dans les rapports entre l’Homme et la nature sans les opposer.
Cette écologie enracinée, populaire tournée vers les zones péri-urbaine et la France rurale est bien loin des préoccupations des écolo-bobos et de ceux qui les exploitent. Vouloir un programme global d’écologie, c’est croire à une éthique de responsabilité en acceptant que nos concitoyens puissent faire les bons choix en leur âme et conscience. Avec un principe de réalité. Un vrai projet écologique, loin de rejeter le progrès, l’innovation, la science, au contraire, croit en l’homme, en son génie, en ses facultés et entend l’accompagner afin d’apporter des solutions nouvelles face à ces enjeux maintenant bien définis.
Ethique de responsabilité, liberté de choix (en âme et conscience !), principe de réalité (plutôt que de précaution !), progrès, innovation et science pour faire face aux défis… qu’ils ont eux même créés. On l’aura compris le propos est généreux et joyeusement libéral sous des atours de démocratie chrétienne.
Pas sûr qu’on soit rassuré dans les chaumières et les HLM. Et encore moins dans les appartements des bobos parisiens. Une question, en passant : où habitent les deux signataires de ces textes ? Et une autre en passant : et si on laissait le pape François en dehors de ses disputes d’un autre temps ?
DL
Bravo Dominique pour les commentaires.
Cette façon d’analyser la question de l’écologie est consternante. Il ne s’agit pas de faire peur, mais d’analyser sereinement la situation pour voir que nous faisons mauvaise route. 15000 scientifiques viennent de nous le rappeler.
Michel