CAREME – Quand la « dirty old town » vire au vert

2019 ECOLOGIE Eglises SlafordConnaissez-vous Salford ? C’est une ville industrieuse anglaise de la grande banlieue de Manchester, surnommée dans le passé « Dirty old town », du fait de son ambiance industrieuse. Ce qui a bien changé depuis. A l’occasion du Carême, Mgr Arnold, évêque du lieu, publie sa lettre pastorale impressionnante sur le thème de l’environnement.

Cette lettre a été lue dans toutes les paroisses de ce diocèse au cours du WE du 2 et 3 mars dernier.

(Trad E&E)

Mes chers frères et soeurs dans le Christ

La période du Carême commence dans quelques jours et nous appelle à réfléchir sur notre foi et à faire des résolutions pour mettre notre foi en œuvre, de manière plus pratique. Cela passe souvent par une réflexion personnelle sur nos habitudes de prières, de jeûne et de partage. J’aimerai proposer cette année que nous allions plus loin que nos simples personnes pour réfléchir sur notre rôle au sein de nos communautés élargies et sur la manière dont nous portons la voix de l’Église dans notre monde.

En préparant cette période cette année, je vous écris à propos d’un sujet urgent sur lequel beaucoup d’entre nous sont informés mais pour autant nous n’avons pas reconnus le besoin d’y apporter des réponses pratiques. Je parle du dérèglement climatique et de notre soin pour l’environnement de notre planète. Nous avons eu la chance jusqu’à maintenant, au Royaume-uni, en ne vivant que des effets mineurs de ce changement en cours. Mais même ici, nous avons déjà vu des phénomènes météorologiques dangereux qui sont autant de signes d’un climat qui change. Nous avons eu des inondations sans précédent qui ont détruit maisons et des quartiers entiers. Nous avons vécu des changements saisonniers avec notamment le phénomène du « Beast from the East » (NDLR : un impressionnant coup de froid en Europe en février 2018). Ailleurs dans le monde, des sécheresses dures et durables, des inondations, l’augmentation du niveau de la mer et des records de températures élevées sont aussi des signes des dommages que nos actions et nos modes vie ont un impact direct sur notre monde. Ces évènements ont touché des millions de personnes, souvent dans les pays les plus pauvres du monde. Des personnes dont le mode de vie, lui, n’a pas eu un impact sur notre environnement.

Ce n’est pas un problème que nous pouvons laisser à nos seuls gouvernements. Ils doivent bien sûr faire leur part et nous devons prier que la COP21 de Paris et la COP 24 en Pologne permettront de réunir les nations dans des engagements communs. Mais le pape François nous rappelle que nous sommes tous concernés, chacun de nous, pour faire des changements dans nos vies et commencer à réparer les dommages avant que les choses ne deviennent irréversibles. Je suis convaincu qu’un nombre croissant de personnes sont désormais bien au fait de ces problèmes mais beaucoup d’entre nous ne sommes pas encore engagés dans des actions concrètes qui sont pourtant nécessaire pour faire la différence.

Vous vous demandez peut-être pourquoi un évêque parle de changement climatique alors que nous sommes réunis pour la messe du dimanche. J’écris parce que le pape François ouvre la route en nous appelant à être attentif à ce que nous avons fait de notre monde et en soulignant que, de manière certaine, sans une action immédiate et soutenue, nous allons infliger des dommages irréparables à notre planète qui affecteront les vies de nos enfants et de nos petits-enfants. Cette certitude est aussi enracinée dans notre foi.  Car la Création est un donc que Dieu nous a fait et nous sommes appelés à en être les gérants. Mais depuis trop longtemps, nous avons exploités notre monde et ses ressources, souvent en ignorant les conséquences de nos actes, sans nous soucier des impacts de nos actions. Mais maintenant nous commençons à comprendre ce que nous avons fait et nous avons le temps de corriger ces dommages si nous agissons vite.

Un grand changement peut être opéré à travers une série de petites actions dans nos vies personnelles. Pour n’en citer que quelques uns : nous pouvons faire des achats plus attentifs, en choisissant des produits locaux, pour éviter les coûts onéreux liés aux transports et aux énergies fossiles utilisées. Nous pouvons diminuer le chauffage de nos maison, peut être en portant un pull à la maison. Nous pouvons marcher davantage et utiliser moins de pétrole, en utilisant les transports publics plus régulièrement. Nous pouvons couper les éclairages dans les lieux inutilisés, étendre notre linge à l’extérieur pour limiter les machines à sécher qui dépensent beaucoup d’énergie; Nous pouvons réduire les déchets que nous produisons et recycler davantage. Tout cela peut paraitre anodin mais ces gestes peuvent avoir un grand impact pour le bien de tous. Car nous montrons ainsi la bonté de notre foi à travers nos actions.

Nous pouvons aussi transmettre notre message dans nos familles et chez nos amis de manière à ce que chacun puisse comprendre leur rôle et leurs responsabilités. J’aimerai mettre au défi chaque paroisse du diocèse à former un groupe qui serait dédié à donner des conseils et offrir des réponses pratiques aux questions soulevées. J’invite chaque paroisse à regarde le documentaire « Global healing » (Guérison globale), comme une introduction aux chemins pratiques pour aider à guérir notre planète. Je mets au défi ce diocèse de devenir précurseur dans l’appel du pape François à guérir notre planète. Faisons du diocèse de Salford un étendard pour montrer les chemins pour guérir et prendre soin de notre maison commune. Nous commençons un projet environnemental majeur sur les terres de Wardley Hall et, puisque c’est un sujet important, j’ai aussi écrit une lettre à toutes nos écoles en demandant aux jeunes de trouver des moyens pour impliquer leurs communautés scolaires dans cet effort.

Je voudrai pouvoir penser que, comme évêque de ce diocèse, je peux toujours encourager et dire qu’il y a de l’espoir. Je crois que, grâce aux avancées de la science, nous avons découvert les raisons mêmes de ce changement climatique et que nous avons encore le  temps de corriger notre tir. Nous savons que nous avons causé l’extinction de milliers d’espèces. Nous changeons les saisons en détruisant les forêts tropicales et nous pillons nos ressources naturelles pour le profit. Nous avons causé la fonte des calottes glaciaires, provoqué des sécheresses sévères et des tempêtes redoutables, alors que l’agriculture et la production alimentaire dépend des variations saisonnières. Nous avons obligé des populations côtières de fuir leur habitations du fait de l’augmentation du niveau de la mer. Mais avec notre volonté et notre effort commun, nous pouvons ralentir la destruction de l’environnement et commencer à réparer nos erreurs. Il y a encore du temps mais à moins que nous ne fassions de substantiels efforts dans les douze ans qui viennent, les scientifiques sont sûrs que les générations futures souffriront de conséquences bouleversantes pour leur vie, sans pouvoir revenir en arrière.

Et dans notre détermination et nos engagements, rappelons nous que nous ne marchons pas seuls. Le don de l’Esprit saint nous assure d’avoir la force de faire ce qui est juste. Il n’y a pas de doute que nous faisons face à une catastrophe d’origine humaine mais par notre détermination nous pouvons guérir de ces dommages faits à notre planète et « prendre soin de notre maison commune » pour le bien des générations futures.

« Reste avec nous, Seigneur, sur notre chemin »

Votre dévoué, John Arnold, évêque de Salford

 

On peut aussi s’inspirer des fiches publiées par ce même diocèse décidémment très actif

DL

 

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