Voilà un livre qu’il sera urgent de traduire en français : la Librairie du Vatican publiera dans quelques semaines « L’irruption des mouvements populaires : Rerum novarum de notre temps », cinq années de réflexion sur le travail, l’économie et les acteurs de la société civile, préfacé par le pape François. Un thème qui lui est cher, soulignant l’importance des associations comme « rébellion pacifique ».
C’est encore une initiative qui prépare en quelque sorte le prochain synode sur l’Amazonie, puisqu’il a été réalisé par la Commission pontificale pour l’Amérique latine. L’ouvrage sera présenté en septembre et rassemble les principales interventions des Rencontres mondiales qui depuis 2014 ont réuni des milliers de représentants des mouvements populaires de différentes parties du continent américain.
Il faut rappeler en effet que, avec une certaine discrétion mais une vraie efficacité souvent peu perceptible de France, le pape François a participé notamment à trois rencontres des mouvements populaires et soutenu de nombreuses rencontres équivalentes depuis le début de son pontificat. A partir des lieux périphériques, des marges de la société moderne, les acteurs associatifs sont comme «le levain d’une grande transformation sociale».
Ils ne sont donc pas des acteurs passifs ou de simples destinataires d’assistance sociale, qui doivent se résigner à la contemplation de comment les élites administrent l’ordre mondial, mais sont de vrais protagonistes actifs, des agents du futur de l’humanité, dont la «rébellion pacifique» compte sur la solidarité du Pape.François reconnaît dans cette articulation de mouvements sociaux de caractère transnational et transculturel ce «modèle polyédrique» auquel il se référait dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, et qui est constitué d’un paradigme social basé sur la culture de la rencontre. Pour le Pape, cette pluralité de mouvements, dont les expériences dans la lutte pour la justice figurent dans le livre, «représente une grande alternative sociale, un cri profond, un signe de contradiction, une espérance que “tout peut changer”». Leur façon de résister au modèle dominant à travers un témoignage de travail et de souffrance les révèle comme les «sentinelles» d’un futur meilleur.
C’est d’une énergie durable, renouvelable et revitalisante dont il s’agit pour le pape François pour nos sociétés en crise, tentées par le populisme le plus abject.
En conclusion, le Saint-Père a souligné le thème du travail humain comme un de ces droits sacrés qui doit être cultivé en chaque personne. Face aux dérives des thèses néolibérales et néo-étatiques, qui étouffent et oppriment les hommes dans leurs expériences de travail, François invoque «un nouvel humanisme qui mette fin à l’analphabétisme de la compassion et à l’éclipse progressive de la culture et de la notion de bien commun»
DL
Source : Art.Felipe Herrera-Espaliat – Cité du Vatican