Le Conseil indigène missionnaire (CIMI) vient d’annoncer la mort violente du chef indigène Pian (Waldemar) Kanamari. Le PELERIN l’avait rencontré l’année dernière.
Agé de 39 ans, l’homme a été assassiné dans la ville de Eirunepé. Pian Kanamari était arrivé d’une expédition, tenue avec Cimi et la Fondation nationale indienne (Funai), dans les villages du peuple Madiha, et se préparait pour un voyage au Vatican, où il accompagnerait le Synode de l’Amazonie. C’est un responsable important du peuple kanamari qui a été engagé dans les luttes des peuples autochtones dans la défense de leurs droits et territoires, et qui a consacré une attention particulière à la défense des droits des peuples isolés de l’Amazonie. Pian laisse une femme enceinte et deux enfants
Le CCFD Terre solidaire qui soutenait l’action du CIMI dans ces villages a transmis l’information : « Ce crime intervient dans un contexte où les actions de violence contre les peuples indigènes et la violation de leurs droits et de leurs terres se font en toute impunité. » Cet assassinat rappelle à quel point cette partie du monde est devenue dangereuse pour tous les défenseurs de la maison commune, du vivre ensemble, du respect du droit des peuples indigènes.
La journaliste du PELERIN Agnès Chareton s’était rendu sur place l’année dernière. Voici l’extrait de son reportage (à retrouver en intégralité ici) évoquant cet homme
À deux heures de bateau d’Eirunepé, la situation des Kanamaris, autre peuple du rio Juruá, est beaucoup plus apaisée. Eux aussi ont un sentiment de relégation, et souffrent du manque d’accès à l’éducation et à la santé. Ils sont cependant parvenus à un certain équilibre dans leur rapport avec la modernité. Contrairement aux Madihas, ils ont réussi à instaurer un rapport de force avec les autorités. « Ici, ils ont des plantations d’ananas, de manioc, de manguiers, observe Fernando, nouveau fonctionnaire de la Funai. Ils sont organisés en tant que communauté ; leur tissu social n’est pas déchiré, contrairement aux Madihas. »« D’autres villages ont oublié leur culture, mais pas nous, affirme Pian, qui arbore une imposante coiffe de plumes et des joues maquillées de rouge. Pour ne pas la perdre, il faut l’enseigner aux enfants. » Dans ce village, l’école a bien lieu, comme le montrent les lettres calligraphiées tracées sur le tableau blanc. Le matin, les enfants apprennent leur langue, le kanamari. L’après-midi, c’est au tour des adultes avec le portugais.« Nous reviendrons au mois de mai pour organiser une formation sur vos droits », leur promet Rose. Elle redoute en effet « une énorme régression » si un amendement à la Constitution, la PEC 215, était adopté. « La démarcation des terres ne serait plus entre les mains de l’État, mais du Congrès, où les lobbies de l’agrobusiness sont très puissants, alors que les indigènes n’y sont pas représentés », explique-t-elle.Dans cette lutte inégale, elle se sent parfois découragée. Où puiser alors les ressources pour continuer à s’engager ? « Comme chrétiens, nous gardons l’espérance, confie Rose, car nous croyons au monde nouveau. »