PROJET – Des missionnaires dans le parc régional naturel

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Après validation du projet par l’État, la Famille missionnaire Notre-Dame devrait bâtir une basilique sur un site ardéchois destiné à accueillir jusqu’à 4 000 pèlerins. Mais qu’en pense les naturalistes et militants défenseurs du site naturel ?

A priori, ils ne sont pas très contents. Il faut dire que dans ce site du Parc naturel régional, les inquiétudes peuvent être réelless, puisque les travaux ont déjà commencé. La journaliste Augustine Passilly a mené l’enquête.

« Protégeons la vallée », « Stop béton » et autres dessins de grue barrée peints sur des pancartes en carton étaient brandis, le 10 août, par 300 manifestants environ. Rassemblés sur la place du marché de Saint-Pierre-de-Colombier, village ardéchois de 400 habitants, ils protestaient contre le projet d’un sanctuaire et d’une basilique de 3 500 places et 50 mètres de haut porté par la Famille missionnaire Notre-Dame, une congrégation religieuse catholique de droit diocésain implantée principalement en France, mais aussi en Italie et en Allemagne.Les riverains s’inquiètent des conséquences environnementales sur le Parc naturel régional (PNR) des monts d’Ardèche au cœur duquel le bâtiment se situera. Ils regrettent aussi, tout comme les gérants du parc, d’avoir été prévenus une fois le permis délivré par l’État en décembre, alors que les travaux ont commencé cinq mois plus tard. La communauté affirme pourtant avoir organisé deux réunions d’information en septembre 2016 et janvier 2018.

Bon. On sent que l’affaire est lourde. Quelle est la part d’info et d’intox de part et d’autre ? Un projet bien mené, disent les uns, défenseurs de cette jeune congrégation (qui est passée de 16 à 150 membres en 40 ans), assez classique par ailleurs et qui s’est installée dans ce village ardéchois avec l’ambition de développer le site de pèlerinage local. Avec toutes les conséquences économiques positives d’un tel projet, plutôt intéressant pour le village.

Mais exagéré, disent les autres, pour qui le projet parait démesuré, semant donc le doute sur les ambitions réelles de la communauté et sur les sources de financement pour un projet estimé à plus de 17 millions d’€.

Sur leur blog, les Ami.es de la Bourges dénoncent pêle-mêle l’« impact sur le paysage, la faune et la flore », la « hausse du trafic routier » ou encore les conséquences de cet afflux sur une espèce protégée d’amphibiens. Les gérants du parc appellent, eux, au respect de « l’esprit de la charte du PNR ». Ces derniers rencontreront en septembre les représentants de la congrégation et de la Direction départementale des territoires. « Le projet semble déjà bien avancé. Or, nos propositions représentent forcément un coût », avertit Marc Lutz, responsable du service biodiversité et gestion de l’espace du parc. Le frère Clément-Marie se veut rassurant. Il exprime son souhait que « le sanctuaire demeure entouré par un écrin de nature ».

Ce qui, si l’on en croit le mail envoyé par le service de communication du diocèse à La Croix, ne semble pas acté : « Mgr Jean-Louis Balsa, évêque du diocèse de Viviers, n’a pas donné son autorisation pour la construction d’une église. Il ne commentera pas le projet de ce sanctuaire. »

Le 10 aout dernier, près de 200 personnes ont manifesté contre le projet

Dans un article du Dauphiné Libéré, la famille missionnaire explique « qu’il est faux de dire que rien n’a été respecté de la charte du PNR (parc naturel régional, NDLR), sur le plan écologique ». Et d’ajouter : « Si tel était le cas, un recours aurait pu être opposable au projet dans les délais impartis. Quant au PNR, une discussion est en cours pour améliorer encore la dimension environnementale du projet, qui a déjà été bien travaillée avec les services compétents de l’État. » Les opposants proposaient aussi aux religieux d’accueillir leurs pèlerins ailleurs pour préserver l’équilibre écologique du site : « C’est une incompréhension du pèlerinage qui est lié à Saint-Pierre-de-Colombier et à la statue de Notre-Dame des Neiges. L’église actuelle n’est pas adaptée pour les 2000 pèlerins, ce que les services de l’État ont bien compris. »

Alors, nième mouture de l’éternel combat entre partisans d’un projet religieux et opposants laïcs dans ces terres de France profonde ?

Les opposants, réunis sous l’appellation les Amis de la Bourges, ont annoncé samedi ne pas suivre cette option, expliquant « qu’il ne s’agissait pas d’un combat antireligieux mais démocratique et environnemental ». La famille missionnaire n’est pas de cet avis : « Cela relève d’un artifice qui ne trompera personne quand on arbore des panneaux indiquant “Des crapauds, pas des curés” ou encore “Non à la cathostrophe” »

D’où une question inévitable : à quand une prochaine ZAD à Saint-Pierre-de-Colombier ? On remarquera aussi que la Famille missionnaire n’évoque aucunement les invitations de l’encyclique Laudato si pour justifier son projet. Dommage.

 

E&E

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