
Alors que des milliers de manifestants des communautés autochtones du Brésil manifestent à Brasilia, les évêques du pays ont affiché leur soutien à cette mobilisation nationale intitulée « Lutte pour la vie ».
L’Église brésilienne ne cesse de dénoncer les violences et les menaces à l’encontre des populations indigènes qui voient leur écosystème se faire progressivement détruire. Mardi, une délégation de la conférence épiscopale brésilienne, menée par son président, Mgr Oliveira de Azevedo, s’est rendue à la rencontre des milliers de manifestants rassemblés pour une semaine à Brasilia, la capitale fédérale. Ces campeurs représentent 150 peuples de tout le pays, qui réclament une meilleure protection de la part de la Cour suprême, notamment sur le plan de la démarcation des terres. Les évêques brésiliens s’appuient sur 70 ans d’engagement de l’Église auprès des indigènes et des paysans sans terre, et sur l’exhortation du Pape François Querida Amazonia pour dénoncer les violations des droits de l’homme au Brésil. La déforestation n’est pas un phénomène nouveau au Brésil mais elle a connu une accélération brutale sous la présidence Bolsonaro, s’accompagnant de pressions et de violences qui réveillent, pour les plus anciens, les souvenirs traumatisants de la dictature militaire au pouvoir de 1964 à 1985, vis-à-vis de laquelle le chef de l’État actuel a souvent assumé une certaine nostalgie.
Le 9 aout dernier déjà le Conseil missionnaire indigène de la conférence épiscopale du pays, à l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, avait dénoncé les « violations systématiques » de leurs droits que subissent les peuples autochtones du Brésil. «Le scénario que nous avons dans notre pays est celui d’une violation totale des droits des peuples indigènes et de la violence sous diverses formes», affirme Mgr Roque Paloschi, évêque de Porto Velho et président du Conseil missionnaire indigène de la CEB. Ces actes sont perpétrés de manière continuelle, rappelle-t-il, et «d’un gouvernement à l’autre, il y a toujours un moyen de réduire ou de déconstruire les droits des populations autochtones» qui, à l’heure actuelle, sont confrontés à «un scénario très critique».
En effet, explique Mgr Paloschi, de nombreuses attaques sont perpétrées contre «leur intégrité physique, culturelle et territoriale», parfois même avec l’aval des autorités étatiques qui semblent promouvoir la violation des droits des communautés traditionnelles et, en général, des personnes les plus vulnérables. Tout cela, note le prélat, a des répercussions dramatiques, à tel point qu’au Brésil, «il existe une société qui promeut l’intolérance et la discrimination». En même temps, il n’hésite pas à reconnaître qu’il existe aussi des personnes «conscientes et sensibles à la lutte des peuples indigènes, à leur droit à la vie, à la terre, à l’éducation, à la santé». Ce qui compte, c’est de ne pas oublier que «les peuples autochtones sont les peuples de la réciprocité» et qu’il faut «respecter leurs droits», conquis après des années de «lutte et de résistance», ainsi que la sauvegarde de la Création et la protection de la vie. D’où l’appel du prélat à la solidarité avec ces peuples qui ont été les premiers à habiter le continent américain. «La cause indigène appartient à tout le monde», a conclu Mgr Paloschi.
Source : Vaticannews