DÉCOUVRIR – Un homme, des ateliers, de l’espérance

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Une autre petite voix à découvrir : le jésuite et sociologue belge Charles Delhez signe des tribunes dans le journal belge La Libre Belgique. Il y a aborde notamment les enjeux contemporains de l’écologie.

Curé à Louvain-la-Neuve, il accompagne aussi bien des pèlerins à Lourdes, que des couples, notamment via le mouvement des Équipes Notre-Dame. Après cinq ans au Congo (RDC), il a fondé une maison d’édition, et a lancé notamment la collection « Que penser de ? », qui compte aujourd’hui une centaine de titres. En 2018, il a publié Où allons-nous ? De la modernité au transhumanisme (Salvator, Paris/Fidélité, Namur).

L’homme accompagne aussi le projet RivEspérance qui est un forum pluraliste initié en 2011 par quelques citoyens. Il rassemble citoyens, mouvements et associations pour réfléchir, dialoguer et construire une société humaine et solidaire. Le 8 et 9 octobre prochain, sa 5e éditioin aura lieu à l’Aula Magna à Louvain-la-Neuve. Des femmes, des hommes, des jeunes et des enfants de tous horizons réfléchiront ensemble aux défis de notre monde en pleine mutation. 28 heures de rencontres, de réflexion, de ressourcement, de célébration, en famille, en couple, seul ou en groupe, pour cultiver une joyeuse espérance et rêver d’un monde plus fraternel. Dont cet atelier

Voici sa dernière tribune

À la lueur d’une luciole.

Avec le dernier rapport du Giec, la question climatique nous revient en plein visage et crée l’émotion. Rien de neuf pourtant. Voici cinquante ans, si on considère le rapport Meadows de 1972 comme première mise en garde, qu’on nous prévient. Rien de nouveau non plus dans le constat de notre inertie, même s’il y a des frémissements. Lors de la crise sanitaire, nous avons guetté avec impatience le fléchissement des courbes. Dans cette crise environnementale, aucune courbe n’inverse sa tendance, bien au contraire. On en vient à craindre la fin de l’Homo sapiens. « Le plus grand danger pour l’humanité est aujourd’hui l’humanité » (Aurélien Barrau). Le dérèglement climatique n’est qu’un élément de ce grand échiquier qu’est la Transition. Il n’est en effet pas possible de remédier au réchauffement sans toucher à notre mode de consommation. Celui-ci n’est pas sans lien avec notre modèle techno-capitaliste productiviste qui profite de la complicité du politique. La question est planétaire et le salut sera dans la coopération internationale. Délocaliser pour réduire les effets de serre chez nous ne résoudra pas le problème.

Notre société complexe et hypersophistiquée est menacée de toutes parts : le réchauffement qui s’auto-amplifie, la pollution, la perte de la biodiversité, la raréfaction des ressources, la fragilité de l’économie et de la finance, le déclin de la démocratie, l’écart entre les immenses fortunes et le peuple des oubliés, la dégradation de la santé publique (malgré des progrès indéniables), les mouvements migratoires qui s’annoncent, les pandémies à venir, sans oublier les dossiers bioéthiques. Ces crises sont liées entre elles.

La pandémie nous a déjà remis en question. « La crise du Covid est en un sens une crise d’une conception de la modernité face à l’idée que le destin de l’homme était de maîtriser la nature et de devenir le maître du monde », écrit Edgar Morin dans son récent Leçons d’un siècle de vie (Denoël, 2021). Nous avons atteint les limites d’un modèle de croissance. Des décisions concrètes pour arrêter cette spirale folle sont urgentes. Il nous faut en revenir à une consommation globale équivalente à une planète et même, pour un temps, inférieure. Il s’agit en effet non seulement de la préserver, mais de la régénérer.Il faut réagir de toute urgence et « décélérer brutalement » si l’on veut éviter des dégâts irréparables. Si nous ne profitons pas des conditions encore quelque peu favorables, il sera rapidement trop tard. Il nous reste une dizaine d’années, pronostiquent Dominique Bourg et les six autres auteurs de Retour sur terre (PUF, 2020), pour nous débarrasser de nos lubies productivistes et consuméristes, pour apprendre à régénérer une nature en voie de destruction accélérée, pour réduire nos inégalités tout en redonnant sens à nos existences.

Nos systèmes de croyances et notre vision de l’homme, notamment dans son lien avec la nature et dans le rapport homme-femme, mais aussi dans sa dimension spirituelle, doivent être interrogés. Il nous faudra faire dialoguer nos traditions philosophiques et religieuses, changer notre angle de vue et oser du neuf. Il s’agit d’une bascule de civilisation. Pas moins. Un homme nouveau se prépare. Le laisserons-nous naître ? Notre malaise actuel provient, dirait Gramsci (1891-1937), de ce que l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau ne peut pas encore naître.

Nous pouvons prévoir que, si nous ne changeons pas, nous allons droit dans le mur, mais nous ne pouvons pas encore savoir ce que sera le monde de demain si nous changeons. Il faudra procéder par essais et erreurs, avec audace. Peut-être entendons-nous déjà les premiers balbutiements du futur dans les initiatives de ces mutants qui voient, dans les effondrements en cours, le signe d’un enfantement. L’espérance n’est pas le soupir d’une personne découragée, mais le choix d’une personne battante.

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