
Un article récent du quotidien La Croix témoigne de l’évolution – lente – des pratiques de pèlerinages en Terre Sainte. Une tendance à suivre pour mettre fin aux excès du tourisme de masse.
Extraits
Depuis un an et demi, Laurent Guillon-Verne, à la tête de l’agence française Terralto, cherche à proposer des séjours plus respectueux de l’environnement et des hommes. L’agence travaille notamment sur la réduction du nombre de déchets plastique produits lors des voyages (offrir des gourdes, limiter la vaisselle jetable…), ou des circuits alternatifs avec des lieux et des expériences différentes – comme à Hippos-Sussita en Galilée, près du lac de Tibériade.« Pour que les changements se produisent en profondeur il faut que les hôtels et tous les acteurs locaux se saisissent du sujet. Mais l’écologie est loin d’être une priorité, note cependant Laurent Guillon-Verne. Il y a aussi un travail à faire chez les chefs de groupe. Tant qu’ils n’auront pas vu les bénéfices d’un pèlerinage différent, ils ne passeront pas le cap. »
Cela fait pourtant déjà depuis dix ans qu’une réflexion sur des pèlerinages plus éthiques a été lancé en Israël
En 2013, Jérusalem, ville trois fois sainte, a tenté de devenir le porte-étendard d’un pèlerinage éthique. Une conférence baptisée « Jérusalem, pèlerinage vert » avait été organisée. Elle était animée par la conviction que les religions ont une responsabilité dans l’éducation à la sobriété. Et que les décisions motivées par la foi sont les plus durables. Elle avait réuni les représentants des différentes religions dont l’actuel patriarche latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa. « Cela fait partie de l’identité des pèlerinages d’être simples, sobres, et en connexion avec le territoire. Cela requiert cependant de fixer des priorités : il est impossible de vouloir tout visiter, et il faut penser des lieux d’hébergement plus simples que les hôtels», défend toujours l’évêque, en faisant le lien avec l’encyclique du pape Laudato si’, publiée le 18 juin 2015.
L’enjeu est ainsi aussi de retrouver la cohérence de la démarche elle-même qui, avant de visiter des pierres, vient à la rencontre de populations, dont les communautés chrétiennes locales. A Tabehn en territoire palestinien, ce dernier village chrétien de Cisjordanie développe ainsi un projet d’une dizaine de tentes pour accueillir touristes et pèlerins pour une démarche alternative.
« L’idée est de proposer un hébergement tout confort, mais entièrement écologique et autonome sur le plan énergétique », déclare Fouad Muaddi, à la tête du projet familial qu’il a baptisé Bariye (« sauvage » en français), le mot utilisé dans le Nouveau Testament arabe pour désigner ces lieux éloignés des villes, où Jésus aimait se retirer. Le jeune chrétien palestinien souligne la pertinence de ce type de pas de côté dans un pèlerinage : « Le christianisme est né ici, dans une campagne palestinienne qui est encore imprégnée des traditions des premiers chrétiens. » Le concept séduit déjà. Les réservations ont déjà commencé pour la saison 2024, dont un groupe de trente pèlerins. Une expérience à laquelle vont s’adjoindre des propositions de randonnées et d’introduction à l’agriculture et les traditions locales.
En 2019, avant la pandémie de Covid-19, le pays a accueilli 4,5 millions de touristes – un record –, dont 630 000 pèlerins chrétiens.
Source : Clémence Levant, correspondante à Jérusalem (Israël) / La Croix
Bonjour
L’initiative de l’agence Terralto me laisse perplexe. Valoriser un engagement écologique de diminuer les déchets très bien, mais ne faire aucune mention du bilan carbone du voyage est étonnant. Pourtant le bilan carbone d’un pèlerinage en Terre sainte pour des français n’est-il pas ce voyage ? Je prépare un pèlerinage plus près, à Assise, et l’organisateur me propose aussi un voyage en avion ! Sur les pas de François d’Assise ! J’ai refusé et nous irons de notre côté, en train. Pour la Palestine c’est plus compliqué, mais est-ce qu’on n’essaye pas parce que c’est compliqué, ou est-ce compliqué parce que l’on n’essaye pas ?