
L’ami Denis m’informe d’une situation quelque peu ubuesque dans le diocèse de Besançon, notamment autour de la réfection en cours de l’église saint Pie X.
L’affaire remonte déjà un peu. Des chrétiens engagés dans les questions d’écologie intégrale avaient été interpelés par un article paru dans la revue diocésaine en novembre 2021 où un responsable diocésain disait tout le mal qu’il pensait de l’énergie solaire, et encore plus quand on envisage de l’installer sur des toitures d’églises.
Outre la position assez idéologique du propos, le blog E&E avait déjà souligné l’absence flagrante de concertation avec l’antenne locale sur l’écologie intégrale qui aurait du être un partenaire privilégié d’une telle réflexion engageant l’avenir et la cohérence des actions. Mais rien n’eut lieu. Des propositions de rencontres, de débats ont été faites mais sans retour.
Résultat ? Les travaux en cours sur l’église saint Pie X viennent de commencer, sans aucune réflexion concertée alors que l’édifice se prêtait bien à un projet stimulant et expérimental. Un échange de courriels a finalement montré que les techniciens du diocèse ont gardé la main, sans chercher aucun travail collaboratif. Le conseil économique a donc refusé d’envisager une telle aventure, se réfugiant derrière « l’autorité du diocèse », qui se résume, en fait, à la position de l’économe diocésain… opposant notoire à une telle proposition. Faut-il rappeler que le texte de novembre 2021 estimait ces installations photovoltaïques « comme une mode temporaire qui pourrait dénaturer ces édifices sacrés » ? Avec ensuite toute la litanie des arguments que répètent lrd personnes convaincus que le photovoltaïsme n’apporte rien. Des propos tranchés qui interrogent sur l’objectivité de son auteur et sur la manière dont un diocèse, pourtant porteur d’une dynamique pastorale d’écologie intégrale, se laisse vraiment porter par les appels de l’encyclique Laudato si. C’est d’autant plus dommageable que l’église Saint Pie X (de construction récente) est gérée entièrement par le diocèse.
Denis, sur place, souligne qu’une école voisine, l’école Pierre et Marie Curie est, elle, recouverte de panneaux solaires à l’occasion de la réfection de son toit.
Encore une belle occasion manquée pour témoigner de l’engagement de nos évêques dans le chantier de la transition énergétique ?
POUR INFO
Conclusions du document d’étude de l’économat diocésain
L’église devient pour les communes un support commercial mis en place bien souvent à l’insu des curés affectataires. Nous avons, en plus des cloches et des horloges, déjà des antennes des opérateurs téléphoniques, des antennes de télérelevage de sociétés de services, des panneaux photovoltaïques…
L’édifice église est protégé par de nombreuses lois et par une jurisprudence née de la méconnaissance des élus mais aussi par la pression de l’État encourageant les collectivités vers la transition énergétique. Nos églises sont là depuis des siècles parfois, soyons attentifs à ne pas nous laisser abuser par un effet de mode temporaire qui pourrait dénaturer ces édifices sacrés.
L’énergie solaire est inépuisable. Aujourd’hui, nous ne savons pas encore la stocker à grande échelle. Des études scientifiques se développent dans ce sens. Demain lorsque ce sera possible, nous pourrons parler d’énergie durable en pensant toujours à protéger l’édifice cultuel afin de ne pas détruire l’harmonie de son architecture.
Nous sommes dans une dérive des textes. Nous devons veiller à leur contrôle. S’il doit en être autrement, alors il sera nécessaire de contrôler l’évolution des équipements en traduisant dans une convention les conditions d’exploitation : partage des revenus, révision des assurances d’un bien affecté partagé avec d’autres entités gérant d’autres fonctionnalités que la mission de l’Église.
À notre avis, notre mission est d’éviter tout cela.
Jacques Arnoult, responsable de la CDAS de Besançon
Philippe Tixier, économe