Une brève du journal La Croix, reprise plus largement sur son site web, rend compte de la déclaration récente (1 aout) de Mgr Zacchaeus Okoth, archevêque kenyan, responsable de la commission Justice et Paix de son pays. [cf. page EGLISES et OGM]
L’Église du Kenya s’est déclarée favorable aux OGM pour lutter contre la famine. Mgr Zacchaeus Okoth, archevêque de Kisumu (Kenya) et responsable de la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale du Kenya, a conseillé, lundi 1er août, à la population de consommer des produits génétiquement modifiés afin de lutter contre la grave famine qui frappe actuellement la Corne de l’Afrique.
L’archevêque kényan s’exprimait en réponse aux ONG (organisations non gouvernementales), qui s’opposent au projet du gouvernement d’importer des OGM depuis l’Afrique du Sud. « Nous sommes favorables à la nourriture génétiquement modifiée. Puisque nous sommes dans une période de crise, et si ces produits peuvent sauver des personnes durant une semaine, alors, consommons-les ! », a estimé Mgr Zacchaeus Okoth, pour qui la hausse des prix des produits de base, la détérioration des conditions de stockage et l’inflation galopante accentuent la crise alimentaire traversée par le Kenya. Douze millions de personnes manquent de nourriture dans la Corne de l’Afrique par suite de la sécheresse et des conflits armés. Outre le Kenya, la sécheresse touche particulièrement Djibouti, l’Éthiopie, la Somalie et l’Ouganda.
Commentaire du webmestre
L’ampleur de la crise alimentaire en cours justifie évidemment des réponses urgentes. L’aide alimentaire à court-terme prime bien sûr sur des considérations qui relèvent d’un délai plus long. Vérification faite auprès de la dépêche originale cependant (ENI news, par exemple ici), on se rend compte que la traduction faite dans le journal est fausse (ça arrive). En voici le texte original :
« We are in favor of non-genetically-modified foods, but if there is a crisis and they can resurrect the person for one week, eat them » Nous sommes pour les organismes non-modifiés génétiquement (=contre le OGM= mais s’il y a une crise et qu’ils peuvent aider une personne pendant une semaine, mangez-en ! » Il poursuit : « If you are being faced with a calamity and there are no options to explore, GMOs would be a viable source, » Si vous faites face avec une calamité et qu’il n’y a pas d’autres options possibles, les OGM peuvent être une ressource ‘viable » »
L’article web du journal a depuis lors été modifié pour donner la version correcte.
Mis à part cet incident rédactionnel (ça arrive à tout le monde), il faut profiter de l’occasion pour affiner notre vigilance. Car il y a une fâcheuse habitude qui apparait au cours des crises actuelles de faire entrer des produits OGM « en urgence » dans des pays qui jusque là les refusent. On a vu de telles tentatives en Haïti après le terrible tremblement de terre de l’année dernière.
On peut, pour éclairer cela, rendre compte aussi des propos paradoxaux récents tenus ces jours-ci par un membre du ministère du « Développement coopératif et des affaires » kenyan, Linah Jebii Kilimo. Elle s’exprimait dans l’église catholique de Muswon (Marakwet Esat) évoquant la nécessité de soutenir le développement des pratiques d’agriculture biologique, telles qu’elles sont encore pratiquées largement dans le pays. Selon elle, il faut rester vigilant quant à l’usage des OGM, qui menacent encore la vie des personnes et la souveraineté alimentaire du pays. Elle appelle de ses vœux une protection gouvernementale renforcée des pratiques agroécologiques du pays et la diversité des semences.
Certes, son propos stimulant retombe un peu par la suite quand elle demande à ses auditeurs de profiter de la libéralisation économique en cours pour développer… les cultures horticoles et les productions minières pour l’exportation ! On sait aussi que c’est par ces pratiques libérales que les OGM entrent malgré tout dans les agricultures locales.
DL