
Cette rencontre a ainsi permis à l’Andra de réagir aux différents points soulevés par le groupe(notamment sur la communication, les aspects financiers, l’accompagnement économique, la démocratie, le principe de précaution, les risques du projet…) et de faire état de quelques – uns de ses propres arguments sur l’éthique, notamment l’importance de ne pas reporter la charge de la gestion de nos déchets sur les générations futures. Des divergences de fond persistent notamment sur le bien -fondé du stockage profond entre les opposants du groupe et l’Andra. Cette rencontre a alimenté le travail du groupe de réflexion national sur les enjeux éthiques du projet Cigéo, qui a été créé, sous le pilotage de Mgr Stenger, pour poursuivre les travaux débutés localement. Ce groupe de réflexion a réuni des représentants des organismes publics, acteurs à divers titres du projet Cigéo, des parlementaires, des spécialistes, des membres du groupe de travail local et des représentants locaux… Les objectifs de ce groupe ne résidaient pas dans la construction d’un consensus. Il s’agissait de poser les points d’accord et de désaccord entre les participants.
Il faut signaler aussi que la Conférence des évêques de France publie aussi ces jours-ci les Actes du colloque « Le désarmement nucléaire demain ? », organisé il y a un an par la Faculté des sciences sociales et économiques (FASSE) de l’Institut catholique de Paris (ICP), Justice et Paix et Pax Christi. S’il s’agit ici du nucléaire militaire et non pas civil comme à Bure, il n’en reste pas moins intéressant d’en souligner les convergences d’analyses.
La France est dans un autisme nucléaire que révèle l’absence de débat sur le nucléaire militaire durant la campagne présidentielle 2012. Elle avait un discours clair jusqu’aux années 1990 ; plus maintenant. (…) Tout se passe comme si la technique tendait à avoir un développement propre, détaché des d’objectifs compréhensibles par les populations. Elaborer un nouveau discours suppose de partir de la situation stratégique : l’espace national n’est plus l’espace pertinent pour penser la sécurité. Si la guerre froide était bilatérale, la dimension régionale s’impose aujourd’hui. Or le nucléaire est fondamentalement national. S’ouvre alors peut-être une possibilité paradoxale. Au lieu de mettre l’accent sur une défense commune en Europe fondée sur le nucléaire ne pourrait- on penser, avec nos voisins, à une sécurité collective construite à partir du désarmement comme stratégie de négociations ? Manifestant une démarche citoyenne, ce colloque a également voulu placer ses réflexions dans le prolongement des interrogations déjà anciennes des Eglises chrétiennes sur la légitimité de l’utilisation militaire du nucléaire.
On aimerait en dire autant du nucléaire civil…
DL