Méfiez vous des étudiants !
Ainsi, dans l’Université franciscaine de Steubenville, située dans l’Etat américain de l’Ohio, un petit groupe d’entre eux, les « étudiants pour une société juste » (SFS), mobilisés par les défis environnementaux, a interpellé les responsables de cette université pour avoir cédé, le 14 juin 2011, une centaine d’hectares à la Dale Property Services, une compagnie pétrolière texane, pour l’exploitation des terrains, notamment du côté des gaz de schistes.
Ce groupe a présenté le 14 juillet dernier de manière publique ses objections au projet, après avoir multiplié les tentatives de dialoguer avec les responsables de l’Université depuis 2 ans.
Parmi ces objections, les étudiants soulignent que cette cession de terrain va « contre la doctrine sociale de l’Eglise ainsi que contre l’éthique environnementale qui nous invite à être d’abord de bon gardiens de la Création. » Les évêques américains eux-mêmes avaient indiqué dans leur document Global Climate Change: A Plea for Dialogue, Prudence and the Common Good, que les fidèles devaient aider à évoluer vers une société qui sorte de l’industrie pétrolière qui, si elle a apporté de la prospérité, est aussi grandement responsable du réchauffement climatique en cours.
Les autorités de l’université, pour l’heure, se sont contentés de signaler que l’autorisation donnée aux pétroliers n’a été suivi pour l’heure d’aucun forage et que les bénéfices à venir serviront à fournir des ressources supplémentaires pour assurer la mission éducative du lieu. Les autorités déclarent, dans un magnifique langage de buis :
» Depuis que nous avons pris notre décision, le sujet des gaz de schistes a reçu beaucoup d’attention avec de nombreux avis différents émergents, aussi bien parmi les théologiens que les industriels. De tels sujets peuvent certes prêter à débat, mais l’Université franciscaine est engagée d’abord à suivre l’enseignement de Jésus Christ et de l’Eglise catholique, en tant qu’institution passionnément catholique et visant l’excellence académique. »
Ce à quoi, Mgr Monforton, l’évêque du lieu n’a rien eu à rajouter.
Les étudiants mobilisés ne se contentent évidemment pas de ces réponses d’une neutralité abyssale. L’un d’entre souligne aussi que derrière les slogans, l’Université en question ne se montre pas particulièrement mobilisée par des thématiques sociales telles que les questions de la pauvreté, des migrations, des droits civiques, des guerres injustes, de la peine capitale et … de la protection de l’environnement. Un constat qui rappelle que cette université, parmi les plus conservatrices du pays, se mobilise surtout sur des thématiques de bioéthique humaine (mouvement Prolife).
Il est donc particulièrement intéressant de voir émerger ici une militance sociale plus large. Les étudiants de la SFS ont rappelé que les autorités de cette université franciscaine ont refusé de rejoindre d’autres institutions catholiques dans le « serment de Saint François ». Un projet soutenu par la Conférence des évêques américains, en lien avec la Coalition catholique contre le changement climatique, et appelant tous les chrétiens à s’engager très concrètement dans cette prise de conscience. Une prise de conscience qui ne s’oppose pas aux mobilisations prolife, mais qui en élargit la compréhension. Le meneur de la SFS souligne :
« Nous ne combattons pas le conservatisme de l’Université en cherchant à être progressites. Nous cherchons simplement à être catholiques. »
Un autre étudiant de la SFS explique :
» J’espérais qu’une organisation franciscaine soit plus attentive à ce genre de sujets liés au respect de la Création. Mais il semble en fait que la mission de l’école est davantage guidée par les principes de la loi américaine que par une réelle vision catholique ou franciscaine. »
Intéressant aussi de souligner qui si les autorités de cette Université ne se mobilisent pas, ce n’est pas le cas ailleurs. D’autres universités ont rejoint la mobilisation de la SFS. Ainsi l’université jésuite de Wheeling a t-elle déjà invité la SFS à venir présenter son travail.
Le découragement est cependant de mise chez ces étudiants qui constatent que même la fête de la Saint François d’Assise, le 4 octobre, ne mobilise pas grand monde sur les questions environnementales. Cristina Ramos, vice présidente de la SFS s’interroge :
« Saint François serait il fier de la décision de cette université franciscaine ? (…) Nous ne devons pas prendre de décisions dont nous tirons des avantages mais sans se soucier des autres autour de nous. C’est la seule planète que nous avons. Il est crucial de prendre soin d’elle, notamment pour ceux qui y vivront après nous. »
DL
Source : Article Eco Catholic / NCR
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