L’Eglise catholique du Kenya vient d’annoncer mettre 1200 ha de terres à disposition de l’agriculture locale. Une première dans ce pays.
« Nous voulons produire de la nourriture, créer des emplois et améliorer la qualité de vie pour les gens », a déclaré le P. Celestino Bundi, directeur national des Œuvres pontificales missionnaires du Kenya, cité par l’agence Religion news service, pour expliquer cette décision.Cette déclaration a été faite durant la rencontre des directeurs nationaux africains des sociétés pontificales missionnaires, à Kigali, au Rwanda, le 25 février dernier. Une rencontre internationale qui avait pour thème : « Comment nourrir les affamés du monde ? », en réponse à l’appel du pape à la FAO en novembre 2013.
Ces terres appartiennent aux diocèses, paroisses et congrégations. Une initiative intéressante dans un pays régulièrement touché par des sécheresses. Sur les 42 millions de Kenyan, environ 1,6 millions d’entre eux ont besoin d’aide alimentaire, selon un rapport gouvernemental publié il y a quelques jours.
La questions de l’usage des terres appartenant aux institutions ecclésiales mériterait d’être posé à plus grande échelle. Même en France, un certain nombre de parcs, jardins, enclos, et terres liées à une maison diocésaine, un couvent ou un monastère pourraient aider de jeunes agriculteurs à s’installer, en inventant avec eux des modèles de production respectueux de l’environnement. Ce que fait l’ONG « Terres de liens » devrait nous donner des idées, à bien des égards. Voire même des envies de collaboration…
En attendant, le Kenya, maltraité par ailleurs par les attentats des Shebab somaliens, cherche des solutions à ces crises alimentaires. En 2011, Mgr Zacchaeus Okoth, archevêque de Kisumu et responsable de la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale du Kenya, avait conseillé à la population de consommer des produits génétiquement modifiés afin de lutter contre la grave famine qui frappait alors la Corne de l’Afrique. Un conseil que l’on peut comprendre dans un contexte d’urgence mais qui, avec le recul, montre toute la complexité des questions agricoles aujourd’hui. Les producteurs d’OGM ne profiteraient-ils pas des crises mondiales pour s’implanter dans des pays qui, jusque là, résistaient à leur présence ?
J’en profite pour signaler l’impressionnante enquête passée sur Arte il y a quelques jours, sur l’impact du glyphosate, pesticide consommé à outrance avec les OGM, sur la santé du bétail et des populations humaines. Quand allons-nous nous réveiller ?
DL
Source : La Croix ; Cl.H.