Quelques nouvelles récentes témoignent qu’en Pologne aussi la question écologique est portée différemment au sein des Eglises.
Commençons par le désagréable. Le site Valeurs actuelles rapporte (s’étonnera-t-on ?) les propos de Marek Jedraszewski, l’influent archevêque actuel de Cracovie qui, contrairement à Jean Paul II, son prédécesseur et futur pape, ne porte pas l’écologie dans son coeur. Lors d’un entretien avec un média local, le prélat a notamment cru bon de décrire la jeune militante Greta Thunberg (et le mouvement de lycéens de la grève pour le climat) comme un « oracle pour toutes les forces politiques et sociales » essayant de « rompre avec toute la tradition chrétienne. (…) Tout est soudain remis en question ; en réalité, notre culture est remise en question ; l’ordre mondial tout entier s’inverse, partant du fait que l’existence de Dieu, le créateur, est remise en cause ; le rôle et la dignité de chaque être humain sont remis en question. » Avec une telle grille de lecture, évidemment, l’écologie elle-même devient un écologisme qui est « un phénomène très dangereux » et qui est, selon lui, « contraire à tout ce qui est écrit dans la Bible », puisque, selon lui, les Ecritures demandent à l’humanité de soumettre la terre à ses propres besoins. L’écologisme contemporain relèverait d’une philosophie proche de Engels qui proclamait notamment que le mariage est une autre manifestation de l’oppresion et qu’au nom de l’égalité, il faut rompre avec toute la tradition chrétienne.
Tout cela évidemment publié la veille de Noël. Il faut dire que le prélat polonais est réputé pour ses tirades très conservatrices, très appréciées par exemple par Artur Stelmasiak, éditorialiste du magazine catholique Niedziela. Ce dernier a félicité l’archevêque pour ses propos en reconnaissant que « l’écologisme comme un problème de l’idéologie d’extrême gauche ». Et pour lui » avortement, revendications LGBT et luttes climatiques sont véhiculées par une idéologie commune. »
Bref. Tout en finesse. Des postures qui aiment les amalgames, les raccourcis et les théories complotistes en tout genre.
D’un autre côté, le souci climatique grandit aussi en Pologne, alors que le pays continue de se fournir en électricité produite à 80 % du charbon. Suite à sa réélection le parti Loi et Justice (PiS) a créé un ministère pour le climat pour s’attaquer au problème. Mais pour l’heure, ce gouvernement n’a toujours pas signé les objectifs européens en la matière. Il a té le seul à refuser dernièrement les objectifs de neutralité carbone en 2050 de l’UE.
Mais comme souvent, c’est à la base que se passent les choses les plus intéressantes. L’initiative du P. Krzysztof Guziałekmérite d’être racontée. Effrayé par ses factures d’électricité, l’homme a pris la décision d’installer en automne dernier une croix de 12 mètres de haut (rappelons que nous sommes en Pologne…) sur la façade de son église, à Pleszew (au centre du pays). Une croix formée, de fait par 14 panneaux photovolotaïques orientés vers le sud. L’installation a été financée par le prêtre et un prêt sous forme d’éco-crédit. Par beau temps, l’installation peut générer jusqu’à 5kW par heure. De quoi assurer l’éclairage et le chauffage et même, parfois assurer un surplus revendu sur le réseau électrique. Il faudra attendre encore un peu pour savoir si du coup, les 470 euros de facture d’électricité en hiver pourront être couverts par l’installation qui a au moins l’avantage de réduire l’utilisation du chauffage à charbon. Les paroissiens ont l’air plutôt heureux d’une installation plutôt réussie, qui pourrait donner des idées à d’autres. Le prêtre est aussi actif pour réduire l’usage de plastique dans la paroisse et insiste dans ses sermons à limiter la pollution et les décharges locales dans la forêt voisine. « Nous devons tout faire pour protéger le monde de sa destruction. L’humain a une approche barbare de la nature. Demandons ce que nous laisserons aux générations futures.
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