
Depuis plusieurs semaines, un petit groupe informel de personnalités chrétiennes et non-chrétiennes a prévu de venir visiter le pape François. Ce jour est arrivé.
Ce qui est intéressant dans cette démarche c’est qu’elle est, une fois encore, la preuve que l’encyclique Laudato si poursuit son chemin au sein de diverses communautés et institutions.
Du côté catho, on retrouve dans ce groupe Mgr Moulin Beaufort, président de la Conférence des évêques de France et qui a pris conscience de plus en plus clairement de l’intérêt pastoral de cette mobilisation. A côté de lui, on peut repérer le jésuite et économiste GaPel Giraud, engagé notamment au sein deu Campus de la transition, Elena Lasida, prof. d’économie à la Catho de Paris et une des chevilles ouvrières du label Eglise verte lancé en 2017. Il y a aussi le directeur du collège des Bernardins, Laurent Landete, qui est aussi membre du Conseil pontifical pour les laïcs, le nouveau directeur du développement éditorial à Bayard, Jean-Pierre Denis et Raphaël Cornu Thénard, architecte et fondateur du mouvement Anuncio et du congrès Mission. Du côté de la société civile, on peut reconnaitre Pablo Servigne qui a beaucoup travaillé sur les enjeux de la collapsologie, Valérie Cabanes qui travaille sur la question du crime d’écocide, Damien Nodé Langlois, prof. de sciences de la vie et de la terre, Maxime et Elena de Rostolan, l’un fondateur des Fermes d’avenir et l’autre avocate, la comédienne et militante Juliette Binoche, le chef d’entreprise Xavier Houot, l’agriculteur, Aurélien Gonthier, l’ancienne journaliste et adjointe à la mairie de Paris Audrey Pulvar, l’ingénieur Hélène le Teno. Il faudra voir ensuite à quoi ce genre de rencontre peut mener. Mais elles se situent bien dans la suite des invitations à ouvrir des espaces de dialogue nouveaux que contient le texte de l’encyclique.
Dans le journal La Croix du jour, les journalistes Marion Lecas et Méinée Le Priol ont du coup mené l’enquête pour voir si l’écologie peut rassembler des cathos et des acteurs de la société civile, au-delà des clivages traditionnels. A découvrir dans l’édition du 3 septembre. Extrait :

Et il est intéressant aussi de découvrir l’entretien avec le maire EELV de Bordeaux

Un article du Figaro donne quelques éléments supplémentaires sur cette rencontre. D’abord un détail, le voyage s’est fait par le rail et le bus, pour être cohérent. Plusieurs des participants ont apporté des végétaux pour le pape : pour Juliette Binoche, par exemple, des plants d’Artemisia Annua, très active contre le paludisme. Elle précise
«J’arrive ici dans un esprit d’ouverture et sans idées préconçues pour raconter au pape tout ce que nous faisons et pour entendre ce qu’il veut nous dire sur l’écologie. Je vois cela comme un moment de partage. J’ai lu l’encyclique ‘Laudato Si’ consacrée à l’écologie et ce fut pour moi une bouffée d’oxygène.».
Pablo Servigne, lui, témoigne
« Je suis venu dans l’esprit de ‘Laudato Si’, texte remarquable, et dans un esprit de dialogue pour sortir de nos clivages et de nos étiquettes. L’Eglise catholique n’est pas la seule religion sur ce terrain de l’écologie mais elle a de l’influence. Je suis à demi colombien et je suis notamment frappé par le lien que François a su tisser avec les peuples indigènes de l’Amazonie qu’il faut protéger.»
Raphaël Cornu Thénard donne les éléments qui ont mené à cette rencontre :
«Plusieurs d’entre nous avaient été invités à parler devant les évêques à Lourdes. L’idée a ensuite germé de venir rencontrer le pape en choisissant un transport lent, propice à l’échange, pour nous présenter devant François comme un groupe qui a partagé quelque chose même s’il vient d’horizons totalement différents. Beaucoup sont loin de l’Église mais tous sont des prophètes de l’écologie. Avec le pape, nous voulons lancer une démarche constructive pour voir, malgré les divergences, comment se battre ensemble pour changer la planète. Nous cherchons précisément à créer des ponts entre l’Église et les gens de la société qui se reconnaissent dans l’encyclique Laudato Si. Cet accord global sur ‘Laudato Si’ n’empêche pas des débats entre nous, nous l’avons vu pendant ce trajet.».