
Un « pieux agnostique ». voilà comment le pape François a qualifié Carlo Petrini, fondateur de Slow food et du réseau Terre Mère
En septembre dernier, un livre de dialogue avait permis à l’Italien de rencontrer à plusieurs reprises l’Argentin (TerraFutura. Conversations avec le Pape François sur l’écologie intégrale). Les trois conversations en question se sont toutes déroulées à moments significatifs : la première se situe en 2018 à la suite d’un tremblement de terre désastreux dans le centre de l’Italie ; la deuxième en 2019 juste avant l’ouverture du synode des évêques sur l’Amazonie ; et la troisième en 2020 en plein milieu de la pandémie de Covid-19
Carlo Petrini, est le fondateur du mouvement mondial «Slow Food» (restauration lente), qui a été créé dans les années 1980 pour sauvegarder les traditions culinaires régionales face au «fast food», tendance consumériste alors en pleine expansion. Ce mouvement a depuis évolué, pour adopter une approche globale de l’alimentation et du mode de vie qui reconnaît les étroites connections entre le comportement, la production et la consommation alimentaires, l’économie et la planète. (…) Basé sur le concept d’écologie intégrale, le livre s’appuie sur trois conversations personnelles «franches et amicales» entre Petrini et le Pape, qui discutent de leur engagement commun à «cultiver et préserver» les biens de la planète, avec respect et attention pour la vie et les moyens de subsistance de tous ses habitants, dans une atmosphère de solidarité mutuelle. . Le volume est organisé autour de cinq thèmes différents : la biodiversité, l’économie, les migrations, l’éducation et la communauté, tous considérés dans une perspective concrète et spirituelle. Il s’agit d’une invitation urgente à «renouer» avec la planète et ses peuples, conformément à l’enseignement du Pape.
Carlo Petrini est aussi le créateur du réseau international Terre Mère et – avec Mgr Domenico Pompili – des communautés Laudato si’ en Italie. Le Pape François l’a défini comme un «pieux agnostique», car mû par une attitude noble, celle de la «piété pour la nature». Lui, un ancien communiste qui, à ceux qui lui demandent s’il pourrait un jour envisager la possibilité d’une conversion, répond: «ne jamais mettre de limites à la providence», ne cache pas qu’il a été complètement conquis par l’encyclique du Souverain Pontife Laudato si’. À Vatican News, Carlo Petrini explique son lien avec l’encyclique sur le soin de la maison commune: c’est un document qui «change profondément l’approche écologique». «Il ne s’agit pas d’une encyclique environnementale mais d’une encyclique sociale globale. L’idée d’écologie intégrale, qui voit fortement les liens entre la souffrance de l’environnement et la souffrance de l’humanité, est la grande et extraordinaire réflexion» qu’il se sent confié par le Pape à lui-même et «au monde», rapporte l’auteur du livre Terra Futura, publié l’année dernière. Pour lui, l’encyclique est «le document fondateur d’un nouvel humanisme», compris comme «la nécessité que nous ressentons tous de nous attaquer pleinement aux causes non seulement du désastre environnemental que nous connaissons, mais aussi d’une situation sociale non durable». L’urgence actuelle du coronavirus, ajoute-t-il, «nous met dans une situation de choix forts». «Celui qui pense que nous sortirons de cette situation en reconstruisant les paradigmes et les valeurs qui étaient là avant la pandémie, se trompe à mon avis et ne saisit pas l’opportunité d’un changement profond», par «des choix plus respectueux de l’environnement, une économie différente, la responsabilité individuelle et collective» ainsi qu’une nouvelle capacité de dialogue et d’écoute.
Source : Vaticannews.va