OUGANDA – L’oléoduc qui fait chauffer les esprits

Au sein de l’UICN, la tentation du greenwashing est aussi à l’œuvre. Un exemple ? Les annonces répétées de la gestion prétendument écoresponsable du projet Tilenga/Eacop de TotalEnergies en Ouganda et Tanzanie. Le Mouvement Laudato si’ tire donc la sonnette d’alarme en publiant une lettre ouverte ce 9 septembre, soutenu par 35 ONG à travers le monde.

Reprenons depuis le début.

Le projet Tilenga / Eacop (oléoduc d’Afrique de l’Est) est lié à l’exploitation pétrolière dans la région des Grands lacs où Total estime pouvoir prélever à terme 1,7 milliard de baril de pétrole, au rythme de 200 000 par jour. Pour cela, il faudra forer 419 puits de pétrole, avec toutes les sources de pollution annexes (dont le torchage) qui vont avec. Ce projet demande aussi la mise en place d’un pipeline de 1445 km entre la raffinerie de Hoima (Ouganda) et le port de Tanga (Tanzanie), développé par un consortium d’entreprises dont Total, le britannique Tullow, le chinois CNOCC et des entreprises locales, pour un montant de 3,5 milliards de dollars. Cet oléoduc doit traverser notamment le parc naturel protégé des Murchison Falls. Par ailleurs, des milliers d’habitants sur place voient leurs terres accaparées, au mépris de leurs droits fondamentaux. Petit détail supplémentaire : ce pipeline sera chauffé (électriquement) sur toute sa longueur du fait qu’il transporte du pétrole brut, très dense.

En novembre 2020 déjà, un appel aux investisseurs avait été lancé pour empêcher le soutien financier d’un tel projet, comme cela avait déjà été tenté pour le pipeline nord-américain Dakota Access. La lettre ouverte publiée en 2021 liste les nombreux risques environnementaux et sociaux, pour la biodiversité et pour le climat de ce projet, notamment sur des aires de biodiversité dont des zones protégées de catégorie IV de l’UICN et des espèces en danger selon la liste rouge IUCN. Le Stockholm Environment Institute vient de publier, en français, un récit cartographique illustrant ces impacts à grande échelle sur la biodiversité et la conservation des écosystèmes, les ressources en eau, les communautés et les zones sismiques.

Extraits de la lettre ouverte au Directeur général de l’UICN :

L’extraction dans les champs pétrolifères de Tilenga, dans l’Albertine Graben, aura un impact direct sur le parc national de Murchison Falls (puisque au moins 132 puits y seront forés), ce qui constitue une menace sérieuse et irréversible pour la biodiversité et les espèces rares et menacées (voir liste rouge des espèces touchées en annexe de la lettre). En outre, d’importants affluents du Nil coulent à proximité.Par ailleurs, selon le WWF et CSCO Uganda, plus de 500 km2 d’habitat pour les éléphants d’Afrique et les chimpanzés de Schweinfurth – espèces considérées comme menacées par l’UICN et qui ont déjà disparu dans plusieurs pays africains – seront gravement dégradés par la construction de l’EACOP. Environ 1 950 km2 de zones protégées de catégorie IV de l’UICN et de zones clés pour la biodiversité seraient défrichées pour l’oléoduc. Près d’un tiers de l’oléoduc traverserait également le bassin du lac Victoria qui est le plus grand lac d’Afrique et une source du Nil. Il est donc exposé à un risque de pollution par le pétrole, danger accru par le risque de tremblements de terre puisque l’EACOP passerait par une zone sismique. L’oléoduc traverserait également plus de 200 rivières et des milliers de fermes avant d’atteindre l’océan Indien – où l’équivalent de la catastrophe de l’Exxon Valdez déverserait du pétrole brut dans des mangroves et des récifs coralliens parmi les plus riches en biodiversité d’Afrique (les sites Pemba-Shimoni-Kisite & Tanga Coelacanth).

Dans cette lettre, les ONGs demandent à l’UICN d’agir concrètement :

1) Adopter et déclarer publiquement, dès que possible, une position de l’UICN s’opposant aux projets Tilenga/Kingfisher/EACOP et s’engageant en faveur de la protection de la biodiversité en Ouganda et en Tanzanie.

2) Inciter les gouvernements de l’Ouganda et de la Tanzanie à promouvoir une politique efficace de protection de la biodiversité, pour remplacer la politique destructive actuelle.

3) Créer un groupe de travail ad hoc pour donner suite à ce qui précède.

4) Inviter les représentants de la coalition Stop-EACOP à informer le groupe ad hoc de manière régulière.

Pour sa part, la communauté catholique a été très active pour inverser les flux financiers provenant de l’industrie des énergies fossiles en désinvestissant de ces derniers et en investissant dans de nouvelles énergies et technologies propres qui ne nuisent pas à l’environnement. Ces dernières années, 254 institutions catholiques ont désinvesti des énergies fossiles. A Marseille, le P. Benedict Ayodi, frère franciscain capucin et directeur du programme Afrique du Mouvement Laudato Si a rendu publique la lettre ouverte à l’UICN. Et le P. Joshtrom Isaac Kureethadam, coordinateur de la section Écologie et Création au sein du Dicastère pour le développement humain intégral du Vatican, a apporté un message de soutien dans une vidéo pré-enregistrée.

Contacts : Ben Lefetey (06 99 26 60 66), chargé de campagne en France pour le Mouvement Laudato si

Marseille, le 9 septembre 2021

Dr Bruno Oberle Directeur général Siège mondial de l’UICN

28 Rue Mauverney 1196 Gland Suisse

Lettre ouverte : L’UICN doit faire une déclaration publique et mettre en place un groupe ad hoc sur les projets pétroliers Tilenga/Kingfisher/EACOP

Cher Dr Oberle,

Nous vous écrivons pour attirer votre attention sur une situation grave qui nécessite une action urgente afin d’éviter de nouveaux dommages irréversibles à notre maison commune. Nous sollicitons votre soutien pour aider à stopper le projet pétrolier massif du Lac Albert en Ouganda et en Tanzanie et sauvegarder la promesse d’un avenir durable au cœur de l’Afrique. Le projet du lac Albert est situé dans la région écosensible et biodiversifiée du Rift Albertin en Ouganda.

Il comprend les projets pétroliers Tilenga et Kingfisher, situés en amont, ainsi que le futur oléoduc d’Afrique de l’Est (EACOP). Le projet est développé par la société française TotalEnergies, la société chinoise China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) avec le soutien des gouvernements ougandais et tanzanien. Il n’est pas trop tard pour agir. Nous espérons que vous pourrez nous aider à empêcher la tragédie écologique que représente ce projet pétrolier et à faire en sorte que le bien-être de nos frères et sœurs prime sur les profits.

En ce moment, l’humanité est à la croisée des chemins. Nos actions, ou notre inaction, d’aujourd’hui auront des effets durables pour les siècles à venir. Unis dans la solidarité avec les plus vulnérables, nous, catholiques et autres personnes de foi, en solidarité avec les organisations laïques internationales et locales ainsi qu’avec l’ensemble de la société civile, observant l’aveuglement de TotalEnergies et de ses partenaires alors que l’ONU a consacré la prochaine décennie à la restauration des écosystèmes, nous vous implorons de prendre des mesures urgentes en accord avec la science pour toute la Création.

Les organisations confessionnelles du monde entier ont travaillé ensemble cette année pour lancer la pétition « Santé de la terre, santé de l’humanité » afin que les dirigeants politiques participant à la COP26 à Glasgow prennent des mesures pour l’ensemble de la Création. Cette démarche s’inscrit dans le contexte des deux crises environnementales les plus graves auxquelles nous sommes confrontés sur Terre : la perte de la biodiversité et le changement climatique. Au cours des cinq dernières années, la communauté catholique a été très active pour inverser les flux financiers provenant de l’industrie des énergies fossiles en désinvestissant de ces derniers et en investissant dans de nouvelles énergies et technologies propres qui ne nuisent pas à l’environnement. Ces dernières années, 254 institutions catholiques ont désinvesti des énergies fossiles. Le fait que l’influence humaine a produit des changements rapides et généralisés dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère est sans équivoque.

Selon le rapport récemment publié par le GIEC, l’humanité risque de perdre ses capacités d’empêcher l’emballement climatique. Il est absolument essentiel de mettre fin aux investissements dans les énergies fossiles ainsi que dans les infrastructures liées à ces derniers afin d’éviter d’autres pertes et dommages irréversibles dans un avenir proche. La température à la surface du globe continuera d’augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle dans tous les scénarios d’émissions envisagés par le GIEC. Le réchauffement planétaire de 1,5°C et 2°C sera dépassé au cours du 21e siècle si des réductions importantes des émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre ne sont pas mises en place extrêmement rapidement. Il est important de noter que les objectifs de l’accord historique de Paris sur le climat sont encore à portée de main.

Nous devons agir ensemble de manière audacieuse et ambitieuse, et faire en sorte qu’aucune perte de biodiversité supplémentaire ne soit possible. Des rapports et des recherches scientifiques indiquent qu’un tiers des réserves de pétrole, la moitié des réserves de gaz et plus de 80 % des réserves actuelles de charbon doivent rester dans le sol afin d’éviter un changement climatique catastrophique. Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) intitulé « Net Zero by 2050 Roadmap », publié en mai 2021, indique qu’aucun nouvel investissement dans les énergies fossiles ne devrait être réalisé, qu’aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz ne devrait être approuvé et qu’aucune nouvelle mine de charbon ou extension de mine n’est nécessaire. Le récent rapport du GIEC explique de manière alarmante qu’il nous reste environ une décennie pour réduire considérablement les émissions de carbone si nous voulons éviter un bouleversement climatique tragique et irréversible, et moins de cinq ans pour mettre en place l’infrastructure énergétique nécessaire pour faciliter la transition vers les énergies vertes qui contribueront à limiter ce phénomène.

En résumé, il n’y a jamais eu de pire moment pour développer le projet pétrolier du lac Albert (Tilenga/Kingfisher) et pour construire le plus grand oléoduc chauffé du monde, l’EACOP, afin que jusqu’à 1,7 milliard de barils de pétrole soient brûlés, rejetant plus de 34,3 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère chaque année. Le monde ne peut tout simplement pas se permettre un autre projet pétrolier massif comme celui de Tilenga/Kingfisher/EACOP. A PROPOS D’EACOP L’EACOP est un oléoduc de 1 443 km qui transporterait du pétrole de Hoima en Ouganda au port de Tanga en Tanzanie. S’il est achevé, ce sera le plus long oléoduc chauffé au monde. L’extraction de 1,7 milliard de barils menace d’avoir lieu via deux projets pétroliers : le projet Kingfisher, opéré par CNOOC Ltd, et le projet Tilenga, opéré par TotalEnergies. L’EACOP, dont la mise en service est prévue pour 2025, devrait transporter 216 000 barils de pétrole par jour au pic de la production. Les sites d’extraction ainsi que l’EACOP présentent tous deux des risques environnementaux et sociaux graves et sérieux pour la biodiversité, les ressources en eau et les communautés de l’Ouganda et de la Tanzanie. RISQUES DE L’EACOP/TILENGA L’extraction dans les champs pétrolifères de Tilenga, dans l’Albertine Graben, aura un impact direct sur le parc national de Murchison Falls (puisque au moins 132 puits y seront forés), ce qui constitue une menace sérieuse et irréversible pour la biodiversité et les espèces rares et menacées (voir liste rouge des espèces touchées en annexe). En outre, d’importants affluents du Nil coulent à proximité. Par ailleurs, selon le WWF et CSCO Uganda, plus de 500 km2 d’habitat pour les éléphants d’Afrique et les chimpanzés de Schweinfurth – espèces considérées comme menacées par l’UICN et qui ont déjà disparu dans plusieurs pays africains – seront gravement dégradés par la construction de l’EACOP. Environ 1 950 km2 de zones protégées de catégorie IV de l’UICN et de zones clés pour la biodiversité seraient défrichées pour l’oléoduc.

Commentant le projet EACOP, Bill McKibben, environnementaliste de renommée mondiale, auteur et cofondateur de 350.org, a déclaré : « Le tracé proposé semble presque avoir été dessiné pour mettre en danger le plus d’animaux possible. » Il est à noter que près d’un tiers de l’oléoduc traverserait également le bassin du lac Victoria qui est le plus grand lac d’Afrique et une source du Nil. Il est donc exposé à un risque de pollution par le pétrole, danger accru par le risque de tremblements de terre puisque l’EACOP passerait par une zone sismique. L’oléoduc traverserait également plus de 200 rivières et des milliers de fermes avant d’atteindre l’océan Indien – où l’équivalent de la catastrophe de l’Exxon Valdez déverserait du pétrole brut dans des mangroves et des récifs coralliens parmi les plus riches en biodiversité d’Afrique (les sites Pemba-Shimoni-Kisite & Tanga Coelacanth). Il va sans dire que les risques environnementaux et sociaux, pour la biodiversité et pour le climat des projets Tilenga, Kingfisher et EACOP ont déjà suscité de nombreuses réactions. Cette grande inquiétude à l’égard du projet de la part d’experts et de personnalités internationales est largement justifiée.

Malgré les promesses de compensation et d’emploi, les communautés locales ont également exprimé leurs craintes quant à l’impact que le projet a déjà et aura sur leurs vies et moyens de subsistances. Bien que le projet du lac Albert, y compris l’EACOP, soit encore en cours de développement, de nombreuses violations des droits humains à l’encontre des communautés affectées par les projets, notamment dans le cadre des processus d’expropriations de leurs terres, ont déjà été documentées (voir le rapport Un cauchemar nommé Total, Chapitre II). Il en va de même pour les intimidations et la répression à l’encontre de membres d’associations locales et des défenseur.ses des droits. Selon ce même rapport de Survie et des Amis de la Terre France, plus de 100 000 personnes seraient impactées par l’acquisition obligatoire de terres pour les projets Tilenga et EACOP, en Ouganda et en Tanzanie. Au moment présent, des milliers de personnes sont dans l’attente depuis plus de deux ans du versement de leur compensation, sans pouvoir utiliser leurs terres librement, ce qui entraîne des violations des droits humains. Par exemple, les communautés affectées par Tilenga et l’EACOP attendent leur compensation depuis 2018/2019, et la vaste majorité ne l’ont toujours reçu à ce jour. Cette situation est non seulement contraire aux lois ougandaises mais aussi aux meilleures pratiques internationales. Le retard du paiement des indemnités aux communautés entraîne une perte de la valeur de cette compensation. Dans la pratique, les communautés sont alors incapables d’acquérir de nouveaux biens (terres et cultures) de valeur équivalente. En outre, l’interdiction pour les communautés affectées de continuer à utiliser leurs terres à des fins économiques essentielles, telles que la culture de denrées alimentaires pérennes et de cultures commerciales, a des conséquences dramatiques. Par exemple, des ménages touchés par le projet pétrolier souffrent de famine et de perte de revenus car ils ont été empêchés d’utiliser de manière productive leurs terres avant même de recevoir une compensation. En outre, la quasi-disparition de leurs revenus empêche les familles de financer la scolarité de leurs enfants, les filles étant alors les plus pénalisées.

Les projets Tilenga, Kingfisher et EACOP se heurtent donc à une résistance importante de la part des communautés locales et de la société civile. Plus de 40 organisations internationales et locales de la société civile se sont rejointes au sein d’une coalition, appelée STOP-EACOP, pour relayer les préoccupations des communautés locales et mettre un terme au projet EACOP et à ses projets pétroliers jumeaux en amont, Tilenga et Kingfisher, qui risquent d’être des catalyseurs du bouleversement climatique. Malgré les affirmations de TotalEnergies quant à son « engagement à mettre en œuvre des plans d’action visant à produire un impact positif net sur la biodiversité dans le cadre du développement de ces projets » et à apporter un développement aux communautés locales, la série d’événements qui se sont déroulés jusqu’à présent montre que ce projet n’est pas durable, tant pour les personnes que pour l’environnement et le climat. Les projets de Tilenga, de Kingfisher et d’EACOP mettent en lumière le problème de l’injustice et de l’inégalité climatique

Comme l’affirme le pape François dans l’encyclique Laudato Si’, cette « inégalité n’affecte pas seulement les individus, mais aussi des pays entiers, et oblige à penser à une éthique des relations internationales. Il y a, en effet, une vraie “ dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays. […] Nous constatons que souvent les entreprises qui agissent ainsi sont des multinationales, qui font ici ce qu’on ne leur permet pas dans des pays développés ou du dénommé premier monde. Généralement, en cessant leurs activités et en se retirant, elles laissent de grands passifs humains et environnementaux tels que le chômage, des populations sans vie, l’épuisement de certaines réserves naturelles, la déforestation, l’appauvrissement de l’agriculture et de l’élevage local, des cratères, des coteaux triturés, des fleuves contaminés et quelques œuvres sociales qu’on ne peut plus maintenir ». Non seulement les projets pétroliers de Tilenga, Kingfisher et EACOP vont dévaster des communautés, mettre en danger la faune et la flore et réchauffer encore plus la planète, mais ils sont aussi économiquement risqués (pour la région, le monde et les investisseurs).

Ces projets ne sont pas compatibles avec un avenir où le monde a réorienté ses investissements vers les énergies renouvelables. Comme il a été établi que la combustion d’énergies fossiles contribue largement au réchauffement climatique (en 2018, 89 % des émissions mondiales de CO2 provenaient de l’industrie des énergies fossiles), il est de notre responsabilité d’opérer une transition vers des sources d’énergie renouvelables aussi rapidement que possible. Investir dans de nouvelles infrastructures d’approvisionnement en énergies fossiles comme Tilenga/Kingfisher/EACOP, c’est empêcher toute possibilité d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Nous ne pouvons tout simplement pas soutenir de nouveaux projets d’énergies fossiles tout en espérant limiter le changement climatique.

UN APPEL À INVESTIR DANS DES ALTERNATIVES VERTES

On estime que le monde consacre moins de 90 milliards de dollars par an à la conservation et à la protection de la nature. En comparaison, les gouvernements dépensent chaque année plus de 5 000 milliards de dollars en subventions pour les énergies fossiles. Dans le cas de l’Ouganda, le tourisme contribue à 7,7 % du PIB du pays, mais représente moins de 1 % du budget annuel. Et ce, alors que l’investissement dans les énergies renouvelables, le tourisme, l’agriculture à petite échelle, la pêche et les programmes de reforestation permettrait de créer près de quatre millions d’emplois dans les communautés locales, d’augmenter le PIB de l’Ouganda de 10 % et d’assurer un environnement plus propre qui profiterait au monde entier. Comme le demande le réseau d’Ougandais et d’Africains de l’Est de l’ensemble de la société civile et des secteurs économiques, l’Inclusive Green Economy Network East-Africa (IGEN-EA), nous devons investir davantage dans l’important potentiel du tourisme et des autres secteurs économiques durables, qui sont actuellement menacés par les projets Tilenga/Kingfisher/EACOP. De tels investissements pourraient développer l’économie de l’Ouganda de manière durable et inclusive. Cela pourrait apporter des avantages environnementaux, économiques et sociaux importants pour toutes et tous.

NOS DEMANDES À L’UICN

En tant que mouvement solidaire pour notre maison commune, nous nous adressons à vous, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), pour que vous vous unissiez à nous pour la vie et les moyens de subsistance. Nous vous demandons de nous aider à envoyer un message fort expliquant que nous devons agir et mettre en œuvre les recommandations du GIEC et de l’AIE, et rappelant que les pays du Sud ne doivent pas être poussés vers des investissements qui ne servent pas leurs populations. Le nouveau colonialisme des entreprises, qui consiste à extraire le plus de profits possibles tout en externalisant les coûts humains et écologiques, doit cesser. La disparition de la biodiversité et l’empiètement sur des écosystèmes critiques tels que les zones désignées par l’UICN ne doivent plus être acceptés. Il est temps pour l’UICN de prendre une position audacieuse. Nous vous demandons d’aider à stopper le projet Tilenga/Kingfisher/EACOP et à sauvegarder la promesse d’un avenir durable au cœur de l’Afrique. A cette fin, nous vous demandons de :

1) Adopter et déclarer publiquement, dès que possible, une position de l’UICN s’opposant aux projets Tilenga/Kingfisher/EACOP et s’engageant en faveur de la protection de la biodiversité en Ouganda et en Tanzanie.

2) Inciter les gouvernements de l’Ouganda et de la Tanzanie à promouvoir une politique efficace de protection de la biodiversité, pour remplacer la politique destructive actuelle.

3) Créer un groupe de travail ad hoc pour donner suite à ce qui précède.

4) Inviter les représentants de la coalition Stop-EACOP à informer le groupe ad hoc de manière régulière.

Nous espérons sincèrement que l’UICN contribuera à l’avènement d’une « nouvelle ère de développement économique respectueux de l’environnement » où la justice sociale et écologique règnerait en maître, où le bien-être de nos frères et sœurs et de notre maison commune primerait sur les profits. Ensemble, nous pouvons co-créer un précédent unique où la nature prime sur le profit. Cela peut inspirer de nombreuses communautés à rechercher et à trouver la justice environnementale et climatique au niveau global et international. Dans la prière et la solidarité, Tomas Insua Directeur général Le Mouvement Laudato Si’.

Avec le soutien des organisations suivantes :  CCFD-Terre Solidaire (France)  Africa Institute of Energy Governance-AFIEGO (Ouganda)  Bank Track (Pays-Bas)  Save virunga (Pays-Bas)  Innovation Pour le Développement et la protection de l’Environnement (RDC)  Community Transformation Foundation Network (Ouganda)  Urgewald (Allemagne)  Corporate Europe Observatory (Belgique)  deCOALonize (Kenya)  Friends of Lake Turkana (Kenya)  Rainforest Rescue/Rettet Den Regenwald (Allemagne)  Association For Conservation of Bugoma Forest (ACBF)- (Ouganda)  Just Share (Afrique du Sud)  Green Climate Campaign Africa (Ouganda)  Environment Governance Institute (Ouganda)  Forum des Engagés pour le Développement Durable-FORED (RDC)  Forum Global des Chercheurs des Alternatives-FGCA (RDC)  Justus Plus-JP (RDC)  Innovation pour le Développement et la Protection de l’Environnement-IDPE (RDC)  Association des Filles Mères-AFM (RDC)  Organisation de la santé pour le développement-OSD (RDC)  Mamans pour la Lutte contre les Traumatismes-ALAMUT (RDC)  Bureau de Développement Communautaire-BDC (RDC)  Association Coopérative Vie Future-ACOOVF (RDC)  Action Humanitaire pour le Développement Durable-AHDD (RDC)  Charity Distressed Children-CDC (RDC)  World Peace Protection-WPP (RDC)  Fondation de l’Est des jeunes entrepreneurs du Congo-FEJEC (RDC)  Fédération des Comités des Pêcheurs Individuels du Lac Edouard-FECOPEILE (RDC)  Fédération des comités de pêcheurs du lac Albert-FECOPEL  Leave It In the Ground (Allemagne)  Price Of Oil (Swaziland)  Price Of Oil (USA)  Women for Green Economy Movement Uganda-WoGEM (Ouganda)  Milieudefensie-Les Amis de la Terre (Pays-Bas)

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