
Dans l’Est Républicain, portrait d’un prêtre burkinabais qui est aussi… planteur d’arbres
Le journaliste Emmanuel Vaccaro s’exprime :
Six mille kilomètres. C’est la distance qui sépare Bobo-Dioulasso, la seconde plus importante ville du Burkina Faso, de Pont-à-Mousson. Et ce ne fut pas une mince affaire pour les par-courir en cette période de pandémie. Pourtant, Jean-Emmanuel Traoré y est parvenu, fort de sa bonne étoile au-dessus du chef.Lundi, il était l’hôte de Solidarité nationale et internationale (SNI), ainsi que de l’association Les Amis du père Traoré, née au lendemain du passage du religieux dans la cité de Duroc.
C’est qu’il a laissé une image empreinte de bonhomie et de bienveillance lorsque, en 2014, au terme de quatre années de sacerdoce au sein de la paroisse Saint-Pierre-Fourier, il fut rappelé par son évêque. « Ah, c’est vrai qu’entre la France et le Burkina, il y a un décalage. Ce sont deux mondes différents », consent, avec sourire, le religieux, lui qui rêverait d’« offrir un lycée ou un collège » à ses compatriotes. Le tout axé sur l’environnement et la pratique des ancêtres. Alors, depuis 2009, il a engagé un projet de replantation d’arbres afin d’enrayer le cycle infernal du réchauffement climatique. Acacias, manguiers, orangers : plus de 40 000 arbres ont été mis en terre.
« Mais, lorsqu’on plante, on touche à la problématique de l’eau. Cette eau qu’il faut, avec des puits, pour arroser les arbres. Mais il est aussi question de cette eau qui, lors des fortes pluies, ravine et emporte la bonne terre. » Il travaille à faire changer les mentalités dans sa commune na-tale, Karangasso. Expliquer aussi que la pratique du brûlis n’est pas la « bonne ».
Difficile à faire passer lorsque l’Afrique est en proie au terrorisme et aux soubresauts d’un islam radical. « Depuis cinq ans, le Burkina Faso est pris dans un étau. Et des milliers de réfugiés migrent dans ma région, aggravant la pénurie de terres et de cultures. » Une pression sur les hommes et le milieu naturel qui renforce les convictions du père Traoré. À Pont-à-Mousson, il est venu parler de son pays et de ses combats, qu’il est possible de soutenir, via des dons.