PROJET – Avoir les bonnes cartes en main

Le blog E&E avait déjà présenté il y a quelques années le travail précurseur de Molly Burhans qui désirait mettre son travail de cartographe au service de l’Église catholique. Elle vient de recevoir récemment le Sierra Club’s EarthCare award pour son travail avec Good-lands.

Diverses missions de Molly lui ont permis de réaliser des besoins nouveaux. Adaptation au changement climatique (Mali), création d’habitats urbains pollinisateurs (Portland), mais aussi gestion de terrains de congrégations pour éviter de dilapider ce capital agricole ou naturel (par exemple). A 32 ans, Molly vient de recevoir un prix pour son travail remis par le Sierra Club, puisque son analyse cartographique permet de mettre en évidence les relations entre les domaines environnementaux, sociaux et financiers.

L’intuition est intéressante puisque, sur un plan international, l’Église catholique – à travers la multitude de ses institutions de congrégations, scolaires, hospitalières – est le plus grand propriétaire terrien au monde (estimé à près de 80 millions d’ha, selon l‘institut Fitzgerald de l’université Notre-Dame). « Je pensais, en commençant mon idée d’utiliser ces terres pour le bien, que tout le monde comprendrait les défis de la sécurité alimentaire, d’agriculture régénérative, de conservation de la nature etc. Mais ça a été un grand choc de réaliser que beaucoup n’en étaient pas là, et ne voyaient pas la valeur de tout ça. » Du côté du Vatican, même étonnement : pas de service rassemblant ce genre d’informations mondiales, alors que certains diocèses n’ont pas rassemblées les informations de leurs possessions. L’affaire du scandale immobilier à Londres a mis en lumière des pratiques de gestion des biens immobiliers qui profitaient de ce manque de clarté. Depuis, le Vatican a progressé : la publication d’un récent rapport a montré qu’il possède et gère près de 4500 bâtiments en Italie et plus de 1100 autres à l’étranger. Pour Molly, il y a là une opportunité pour clarifier la connaissance de tous ces biens à travers le monde, pour vraiment les mettre au service du bien commun.

Au départ, Molly envisageait de faire uniquement la cartographie du potentiel écologique de tous ces terrains et institutions. Un travail qui n’a pas eu beaucoup d’intérêt au près des responsables. Du coup, elle a élargi sa recherche pour cartographier les institutions sanitaires, scolaires, paroissiales etc. Désormais, les demandes sont plus complexes : par exemple, sur le site Good-Lands, l’outil Catholic GeoHub fait un état des lieux des propriétés de l’archidiocèse de Boston, notamment celles qui peuvent être menacées par les inondations. Les outils qui sont en cours de développement commencent aussi à faire le lien entre biodiversité et territoires diocésains etc. Ces cartographies croisées peuvent ainsi devenir dans l’avenir de vrais outils d’action pour lutter contre le dérèglement climatique. « Avec la responsabilité d’autant de terres et d’institutions, l’Eglise est un acteur majeur. Si nous ne travaillons pas ainsi, elle ne pourra pas avoir un impact sur les questions de biodiversité et de changement climatique dans la durée. » En attendant, déjà, des territoires ont été vendus ou perdus pour la cause. La notion de « conservation » de la nature a encore du chemin à faire, pour aider aussi bien des acteurs locaux à entrer dans des transitions vers une agriculture plus durable et la protection des sols. Pour Molly, ce qu’elle ressent c’est qu’on semble « toucher le sommet du péché originel. La conversion écologique, à l’inverse, ouvre le coeur et demande une vraie contrition. » La démarche très technique qu’elle entreprend est donc importante pour accompagner ce processus. « Ce qui est vraiment beau dans l’approche de Good-Lands est d’envisager le souci catholique de la conservation de la nature à la même échelle des soucis de l’éducation et de la prise en charge sanitaire et créer ainsi un réseau global sans précédent.

Voilà donc un projet intéressant à suivre. Pas clair pour autant de comprendre toujours la forme d’engagement de Molly. Le site Good Lands site à peine (?) l’encyclique Laudato si et plusieurs expressions évoque une approche assez classique, en lien avec un diocèse et des réseaux plutôt conservateurs. Cela ne préjuge de rien, mais demande sans doute de rester à l’écoute pour comprendre vraiment ce qui se joue là.

Source : NCR Sep 20, 2021 by Barbara FraserLeaders

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