
Un article récent du site NCR a analysé la réaction des évêques nord-américains aux appels Laudato si. Le résultat est détonnant et en dit long du conservatisme de certains de ces milieux.
L’étude des journalistes a consisté à regarder quelles consignes les évêques ont transmis à leurs communautés au fil des années passées sur le sujet des urgences climatiques et des appels Laudato si. Ils ont ainsi consulté plus de 12 000 documents officiels publiés dans 171 des 178 diocèses américains entre juin 2014 à juin 2019.
Et globalement, c’est plutôt l’impression d’un grand silence qui s’exprime dans ce domaine de la doctrine sociale catholique contemporaine. Seuls 93 documents (soit 0,8 %) évoquent les questions climatiques. Et encore seuls 53 évêques en ont parlé, sur plus de 201. 148 autres n’en ont jamais parlé dans leurs interventions, soit quand même 74 % d’entre eux.
De plus, même en parlant du changement climatique, la moitié des articles n’évoquent pas l’enseignement catholique dans ce domaine. Six articles nuances même l’autorité du pape en la matière ou évitent d’évoquer Laudato si. Les journalistes rappellent que les évêques américains ont une sociologie plus proche des milieux blancs conservateurs que des autres. En 2016, 47 % des évêques avouaient s’informer surtout sur la chaine conservatrice Fox News, notoirement climato-sceptiques. Ainsi, parmi ces évêques, le propos consiste souvent à dénigrer la réalité même du changement climatique ou de la responsabilité humaine dans ce domaine. Seuls 14 articles (0,24 %) évoquent le consensus scientifique dominant sur ce domaine. Le silence est flagrant aussi sur l’analyse des causes de ces dérèglements, notamment le lien au modèle néolibérale particulièrement prédateur. Du coup, les quelques recommandations des évêques concernent surtout des conversions personnelles, sans interpeller les structures économiques ou politiques. Rien à voir au final avec d’autres débats (notamment bioéthiques) où les prélats sont bien plus incisifs et directifs dans leurs expressions.
Source et auteurs : NCR / [Daniel R. DiLeo is an associate professor and director of the Justice and Peace Studies Program at Creighton University. Sabrina Danielsen is assistant professor of sociology at Creighton. Emily E. Burke is a doctoral student in the joint Sociology and Community & Environmental Sociology Program at the University of Wisconsin-Madison. This essay is adapted from their article published in Environmental Research Letters with support from Creighton and the Louisville Institute. The views expressed in this commentary do not necessarily reflect those of Religion News Service.]
Traduction : E&E