Durant l’été 2022, une série de « dialogues sur le climat » ont été organisés en RDC. Plus récemment, la conférence des évêques nigerians s’est engagée à planter 5 millions d’arbres dans les 5 années à venir. L’Afrique avance.
AU CONGO RDC
Les 5 sessions des « dialogues africains sur le climat » ont permis d’aborder des thèmes comme les fausses solutions climatiques et le bassin du Congo (19 juillet 2022), les systèmes alimentaires, Agriculture et Adaptation (10 août 2022), le financement du climat (30 août 2022), les pertes, dommages et adaptations (8 septembre 2022) et enfin « migrations et déplacements liés au climat » (15 septembre 2022). Ces sessions permettaient à des acteurs de la société civile, des experts et d’autres acteurs de dialoguer avec des responsables de l’Eglise catholique.
Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et vice président de la conférence des évêques de la région a écrit un message au terme de ce parcours. Extraits :
La crise climatique est une réalité quotidienne pour les populations d’Afrique. (…). Où que l’on regarde sur ce continent, un continent déjà en difficulté en raison d’un système économique mondial injuste, on constate que le changement climatique freine le potentiel de développement. (…) Nous savons que les pays dits « du Nord » sont en grande partie responsables de la crise climatique et qu’ils doivent apporter leur juste contribution pour y remédier. Cela signifie qu’il faut
montrer la voie en matière de réduction des émissions, financer l’adaptation au climat, les pertes et les dommages, et aider les pays dits « du Sud » à atteindre des niveaux de développement justes dans les limites de notre planète. Nous savons que les solutions les plus prometteuses refléteront les principes-clés de l’enseignement social catholique, tels que le bien commun, la justice sociale, la
sauvegarde de notre maison commune et l’option préférentielle pour les pauvres.Nous connaissons également ce que les outres solutions ne devraient pas être. (…). Dans sa dernière encyclique, intitulé « Fratelli Tutti », le pape François propose le dialogue et la rencontre comme moyen de construire un monde plus juste. C’est ce qui o inspiré les Dialogues Africains sur le Climat – une
série de conversations organisées par des acteurs de l’Église catholique et de la
société civile en Afrique pour discuter, apprendre les uns des outres et identifier les principales priorités politiques avant la COP27 en Égypte. (…) Le changement climatique est un véritable scandale moral. ll s’agit d’un exemple tragique et frappant de péché structurel, selon l’enseignement de St Jean-Paul II (cf . Sollicitudo rei socialis, n°36), facilité par une indifférence insensible et une avidité égoïste. (…)
AU NIGERIA

La conférence des évêques de ce pays vient d’annoncer ainsi qu’elle fera planter plus de 5 millions d’arbres dans les 5 prochaines années. Un projet présenté le 14 mars à Abuja, pour lutter contre les effets du changement climatique. La campagne s’appelle un peu pompeusement « Green revolution » et est financée notamment par la Caritas Nigeria. Chacun des 50 diocèses du pays s’engagent ainsi à planter au moins 20 000 arbres chaque année pendant 5 ans.
Le père Uchechukwu Obodoechina, le directeur exécutif de Caritas Nigeria a indiqué que « le projet de reforestation limitera les crises entre agriculteurs et éleveurs ainsi que les autres problèmes liés au changement climatique qui affectent les hommes et les animaux ». Sur ce dernier aspect, le directeur général de l’Agence nationale pour la Grande muraille verte (NAGGW) a fait une estimation du nombre de Nigérians situés en première ligne de la crise climatique. « Ce projet pourrait aider plus de 40 millions de personnes dont les moyens de subsistance sont menacés par le changement climatique » affirme Yusuf Maina-Bukar, avant d’inviter les autres institutions religieuses du Nigéria à copier l’exemple de la CBCN.
Une manière d’agir aussi pour réduire les conflits entre les populations locales. Dans un rapport publié le 12 novembre 2020, le Groupe des Nations unies pour le développement durable (GNUDD) indique que les conflits climatiques ont atteint un niveau de violence critique au Nigeria, causant la mort de milliers de personnes et le déplacement de plusieurs milliers d’autres forcés à quitter leurs foyers détruits par des attaques. D’après la même source, ces conflits auraient fait plus de victimes que l’insurrection de la secte terroriste Boko Haram.
Source : Agence Fides / Afrika21
RAPPORT DES DIALOGUES POUR LE CLIMAT
Voici les principales recommandations faites au terme de ces « Dialogues », validées par tous les participants.
Transformer le système énergétique Africain fondé sur les combustibles fossiles en un système alimenté par des sources d’énergie renouvelables, afin de fournir de l’énergie aux populations de manière juste et équitable et de promouvoir la souveraineté énergétique, tout en protégeant les droits intrinsèques des communautés et des écosystèmes.
Promouvoir la paix et l’intégration régionale en Afrique, notamment dans le bassin du Congo, en protégeant les écosystèmes, en régénérant le bassin du lac Tchad, en respectant les droits de l’homme, en établissant et en appliquant des réglementations contraignantes et l’état de droit, et en sensibilisant le public aux impacts du changement climatique.
Abandonner toutes les fausses solutions, y compris les promesses de « net zéro », les systèmes d’échange et de compensation des émissions qui ont échoué, les solutions fondées sur la nature et l’optimisme technologique sans fondement (c’est-à-dire la géo-ingénierie).
Effectuer la transition vers de nouvelles sources d’énergie produites localement, bon marché, accessibles et profitant aux communautés locales et autochtones d’Afrique.
Établir et restaurer une gestion communautaire des ressources naturelles telles que les forêts, les pâturages et les zones de pêche et respecter les principes juridiques et éthiques établis tels que les droits au consentement libre, préalable et éclairé, à une compensation équitable et à un environnement propre et sain.
Reconnaître que l’agroécologie place les agriculteurs et les communautés les plus vulnérables au centre, qu’il s’agit d’une approche pro-planète de la production alimentaire sous-tendue par une philosophie d’harmonie entre les êtres humains et les autres êtres vivants, et qu’une transition vers l’agroécologie peut contribuer à atténuer le changement climatique et à s’y adapter.
S’éloigner de la fixation aveugle sur l’efficacité et la maximisation des profits dans le système alimentaire et se concentrer plutôt sur les droits de l’homme, la nutrition, la justice alimentaire, la souveraineté semencière et alimentaire et les pratiques agricoles durables.
Allouer davantage de ressources pour soutenir les petits paysans, les agriculteurs familiaux et les populations autochtones, notamment des services de vulgarisation fondés sur des méthodes agroécologiques.5
Les pays « du Nord » doivent payer la dette écologique qu’ils doivent aux pays « du Sud ».
Offrir un financement climatique nouveau, accessible, adéquat, prévisible et supplémentaire à partir de sources publiques qui soutient les besoins des personnes et des communautés locales.
Améliorer et simplifier l’accès aux mécanismes existants de financement du climat afin que les communautés locales et les organisations de la société civile puissent plus facilement utiliser et bénéficier de ces fonds.
Fournir un financement climatique sous forme de subventions plutôt que de crédits, et augmenter le financement de l’adaptation.
Améliorer la transparence et le suivi du décaissement des financements climatiques afin de renforcer les contrôles et l’équilibre démocratiques et d’améliorer la gouvernance.
Utiliser respectueusement les connaissances indigènes pour concevoir des interventions axées sur les besoins locaux et adaptées au contexte.
Reconnaître les pertes et dommages comme le troisième pilier de la réponse au changement climatique, aux côtés de l’atténuation et de l’adaptation.
Établir un mécanisme de financement des pertes et dommages lors de la COP27, financé par des pénalités prélevées contre les pollueurs du secteur privé et public sur la base de mesures bien définies, y compris de sources publiques.
Les chefs religieux, y compris le Saint-Siège, les hauts responsables de l’Église et les Evêques d’Afrique, devraient s’exprimer en soutien à la société civile sur la question des pertes et dommages lors de la COP27.
Le conflit et les tensions entre les personnes déplacées par les migrations liées au climat et les communautés d’accueil nécessitent des politiques, des financements et des actions locales en matière de partage des ressources communes.
Les initiatives de création d’emplois et de plantation d’arbres, selon les principes de l’agroécologie et de l’agroforesterie, devraient prévenir la dégradation de l’environnement et l’exclusion/migration des communautés.
Contacts pour en savoir plus : Lydia Machaka, responsable de la justice climatique et de l’énergie, CIDSE (machaka(arobase)cidse.org)