Jean-Pierre me signale un appel dans sa paroisse qui l’a interrogé. Et vous qu’en pensez vous ?

C’est une paroisse qui entre dans la dynamique du label Eglise verte. Mais elle pense nécessaire de préciser plusieurs points.

L’Équipe d’animation pastorale (E.A.P.) a décidé l’inscription de notre paroisse au label Église Verte et le démarrage d’un éco-diagnostic. Pour rappel, Église Verte est un outil à destination des paroisses qui veulent s’engager pour le soin de la création. Ce label est porté par la Conférence des évêques de France, la Fédération protestante de France et l’Assemblée des évêques orthodoxes de France. Le diacre permanent xx est chargé de coordonner le groupe qui mènera la démarche sur l’ensemble de la paroisse. Le groupe sollicitera l’aide des huit fraternités paroissiales. Étant donné que cet outil est essentiellement axé sur l’écologie environnementale, l’E.A.P. a souhaité qu’il soit complété par une réflexion et des actions autour de l’écologie humaine (qui recouvre la vie morale, économique, sociale et politique) – dans l’esprit de l’encyclique du pape François Laudato si’, qui promeut une « écologie intégrale » : une écologie où le soin à apporter à la création intègre la vie humaine. Le but est que le bien de l’homme soit vraiment au cœur de la démarche écologique. »

Avec Jean-Pierre, on peut s’interroger en effet sur ce « rééquilibrage » recommandé par l’EAP de cette paroisse. Où est-il écrit que le label Église verte ne s’occupait que d’environnement ? Où est-il écrit que ce label n’évoquait rien du moral, de l’économique, du social et du politique ?

C’est donc cette opposition artificielle entre une écologie qui serait environnementale (ne parlant que de nature, des animaux, des plantes) et une écologie humaine (qui s’occuperait du reste et surtout de l’humain) qui doit être interrogée. Or tout l’intérêt de l’écologie intégrale est justement de rappeler que « tout est lié » ! Le pape François rappelle en effet que l’écologie intégrale qu’il propose est une manière d’honorer toutes les dimensions de notre existence sans les séparer. Car s’occuper de la préservation d’un paysage, c’est aussi prendre soin des personnes qui y vivent. Car s’occuper du respect d’une espèce animale en voie de disparition est aussi le rappel du respect de toute vie, et donc aussi de la vie humaine à tout instant. Car s’occuper de la dignité de populations qui fuient leur terre est aussi une manière de s’occuper de la dignité des populations qui sont en difficulté ici.

Une fois encore, ce genre de réaction dans le monde catholique témoigne de clivages plus profonds et que la prise de conscience écologique ne fait que révèler. C’est cet anthropocentrisme qui n’arrive pas à penser le lien avec le reste de la Création. C’est cette conception de la doctrine sociale de l’Eglise qui s’enracine sur une certaine théologie limitée du salut.

POUR FINIR

Ange Marie me signale une autre réaction déroutante d’une paroisse. Et ça vous en pensez quoi ?

(COMMENTAIRE d’E&E : certains lecteurs l’ont bien compris, autant le premier texte est bien réel (hélas), autant le second (avc son QR code…est bien un POISSON d’AVRIL)