La région montagneuse de Virginie occidentale (USA) est une terre d’aventure pour bien des amoureux de la nature. Elle est aussi devenue malheureusement une terre d’exploitation du charbon, avec des conséquences désastreuses pour l’environnement. Des chrétiens commencent à se mobiliser.
Pour le F. Brian O’Donnel, jésuite habitant à Wheeling et secrétaire général de la Conférence catholique de l’Etat, le sens même de cette industrie polluante doit se reposer, tout particulièrement à la lumière des invitations explicites de l’encyclique Laudato si. Tout particulièrement dans les régions au sud de l’Etat, très dépendantes économiquement et culturellement à cette industrie extractive. C’est bien à partir de cette réalité qu’il faut partir pour envisager le modèle qui pourra prendre la relève et qui sera moins polluant, explique le jésuite.
Ce sont des questions similaires qui se posent dans le Kentucky voisin. Mgr John Stowe, qui vient de réaliser un long voyage dans les zones d’exploitation du charbon, a pu voir de visu les effets du « mountaintop removal » (technique d’extraction qui passe par l’élimination physique de collines entières) et rencontrer les acteurs de cette industrie. Pour cet évêque franciscain, en place depuis quelques mois, le constat est donc contrasté :
« Je sais que beaucoup de gens dépendent des mines pour leur vie quotidienne, mais elles ont aussi entraînées beaucoup de souffrance et d’injustices économiques dans la région. Le charbon est et reste un sujet controversé dans une partie de cet Etat. »
Un certain nombre d’environnementalistes s’appuient désormais sur des extraits de l’encyclique Laudato si (§165 notamment) pour relancer le débat et la mobilisation. Une encyclique qui invite au remplacement des industries fossiles polluantes. On imagine l’impact de ces slogans dans ces régions. Mgr Michael Bransfield, évêque de Wheeling-Charlston (Virginie occ.),souligne que
« si notre dépendance aux énergies fossiles doit diminuer, il faut aussi que notre conscience de la situation des chômeurs et des pauvres doit aussi rester vive. (…) Le fait est que (les évolutions à venir) vont faire payer un prix plus élevé aux habitants de ces régions qu’aux lecteurs ordinaires de l’encyclique. »
Pour la théologienne Erin Lothes, qui travaille sur les questions énergétiques au College St Elisabeth à Morristown, dans le New Jersey, le §165 montre que
« les énergies hautement polluantes sont la moins mauvaise solution entre deux maux. Elles sont tolérables donc dans le court-terme, le temps que d’autres solutions plus saines sont en train d’être mises en place. Mais ces énergies polluantes restent un mal du fait de l’impact qu’elles ont sur la santé et le bien-être humain et l’intégrité environnementale. »
Richard Mille, professeur de théologie à l’Université Creighton, dans le Nebraska (et éditeur de « God, Creation, and Climate Change: A Catholic Response to the Environmental Crisis. »), souligne aussi que l’encyclique pousse en avant les énergies renouvelables. En attendant, « c’est mieux de choisir le pétrole plutôt que le charbon et le gaz plutôt que le pétrole ».
Choisir entre deux maux le moindre est bien le début de tout chemin de conversion. A quoi Dann Finn, économiste du College St Benoît dans le Minnesota, rajoute que le chantage à l’emploi ou au chômage ne peut pas suffire à retarder le passage à l’action :
» Les travailleurs ne peuvent pas être protégés au détriment des droits humains des gens à travers le monde et des futures générations. »
Une transition donc nécessaire mais pas spontanée qui est un défi aussi pour Mgr Paul Etienne, de Cheyenne, dans le Wyoming. Un Etat qui produit 40 % du charbon américain et qui fait aussi partie des 10 premiers états pour les forages pétroliers et de gaz. Pour le président de « Catholic rural Life », le pape appelle ainsi au dialogue pour qu’émergent rapidement de nouveaux modèles économiques.
DL (trad et adaptation)
Source : NCR, article de Brian Roewe, 10 novembre 2015