L’ONG CCFD-Terre solidaire vient de publier un 2018 ECOLOGIE Eglise CCFD rapport_carbone_fr, pour aider à réfléchir sur le lien complexe entre agriculture et dérèglements climatiques.
L’agriculture est à la croisée de nombreux enjeux, tels que ceux de l’alimentation, de l’énergie. Mais aussi du défi du dérèglement climatique. Vouloir faire des terres de puits de carbone plus efficaces est-elle une bonne solution ? Mais, demande le rapport » ne faut-il pas avant tout questionner nos systèmes agro-industriels ? »
Le nouveau rapport du CCFD-Terre Solidaire (…) questionne nos systèmes agro-alimentaires – de l’amont à l’aval de la production – en abordant les enjeux à l’aune des critères environnementaux mais aussi économiques, sociaux et culturels. Surtout, il montre qu’avant de mettre en place des mécanismes de séquestration de carbone, nous devons engager l’agriculture des pays riches dans une transition agricole et alimentaire. Les systèmes alimentaires industrialisés et gourmands en intrants chimiques produisent trop de gaz à effet de serre. Les systèmes alternatifs existent mais se développent trop lentement, faute de soutien politique adéquat.
Et de conclure
La séquestration du carbone n’est pas la solution miracle pour répondre au problème des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture. Il s’agirait plutôt d’avoir le courage politique de transformer en profondeur l’ensemble de nos systèmes agro-alimentaires. Le secteur agricole doit en effet relever trois défis majeurs :
- S’adapter aux dérèglements climatiques
- Atténuer sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre (CO2, mais surtout méthane et protoxyde d’azote)
- Préserver, voire accroître les stocks de carbone contenus dans les sols
Ces trois enjeux ne peuvent pas être traités séparément. Or, les Etats n’ont que trop longtemps privilégié une approche en silo. Financiariser les terres pour séquestrer le carbone au détriment des communautés paysannes est un non-sens. Il est au contraire urgent d’investir dans les petites exploitations et les agricultures familiales, qui représentent près de 90 % du secteur agricole mondial et 80 % de la production totale de nourriture. Ces mêmes populations productrices de nourriture sont les plus menacées par l’insécurité alimentaire et les dérèglements climatiques. Elles sont pourtant beaucoup moins responsables des émissions de gaz à effet de serre tout en étant les plus à même d’identifier des solutions. Il essentiel d’inverser le paradigme et de replacer l’humain et les ressources vivantes au cœur de l’action climatique. La crise climatique impose de faire des choix radicaux pour limiter le réchauffement de la planète à une augmentation de 1,5°C. Si les Etats refusent de prendre les mesures politiques qui s’imposent, le recours à la séquestration de carbone dans les sols agricoles continuera à servir d’alibi, conduisant à des pressions sans commune mesure sur les terres