BIODIVERSITE – La dominicaine et la salamandre

2018 ECOLOGIE Eglise Achoques2Un reportage récent du New York Times évoque l’activité tout à fait particulière d’une communauté religieuse pour subvenir à ses besoins : élever des salamandres. Avec un beau défi à la clé pour maintenir la biodiversité de l’espèce menacée.

L’histoire vraie se passe au Mexique. Sur les collines entourant le lac Patzcuaro, un couvent de soeurs dominicaines est installé là depuis le XVIe s. La basilique Notre Dame de Salut est une imposante bâtisse de mur blancs et de colonnes de grès rouge.

C’est dans ce couvent que réside aussi une imposante colonie de salamandres de l’espèce menacée Ambystoma dumerilii, appelée localement « achoques ».

2018 ECOLOGIE Achoques3.jpg

Environ 300 d’entre elles sont élevées dans des aquariums soigneusement entretenus par les religieuses puisque cet « élevage » leur fournit aussi des revenus intéressants. En effet, en récupérant la peau de ces salamandres, elles réalisent un sirop réputé contra la toux, appelé « jarabe », dont la recette aurait été transmise aux sœurs, selon une légende locale, par une jeune femme Purépêcha, population autochtone de la région. Le sirop aurait guéri une sœur du couvent, juste avant que l’identité de la femme ne soit révélée : c’était la Vierge Marie elle-même qui aurait été déguisée pour permettre ce miracle.

Une chose est sure en tout cas : ces salamandres étaient consommées de longue date par cette population autochtone. Comme cette espèce est endémique au lac Patzcuarao (et n’existe donc nul par ailleurs !), un tel élevage est donc particulièrement précieux, d’autant que l’espèce à l’état sauvage a une population déclinante. Car l’eau du lac est fortement impactée par la pollution des eaux, la déforestation et le développement de hyacinthes invasives. Sans oublier l’introduction d’espèces de poissons, comme des carpes, particulièrement carnivores pour ces salamandres. De fait, au Mexique, 12 des 17 espèces de salamandres connues sont menacées par ces modifications importantes de leurs écosystèmes. Ces animaux peuvent grandir jusqu’à atteindre une taille de 30 cm, avec des branchies aériennes particulièrement impressionnantes qui recouvrent leur tête et flottent autour d’elles dans l’eau, une particularité qui leur est propre puisque pour d’autres espèces, ces branchies externes ne sont présentes qu’à l’état larvaire. Comme leurs cousins célèbres, les axolotls, ces salamandres vivent dans l’eau toute leur vie.

Quand, durant les années 1980, le nombre de salamandres du lac s’est effondré, un laïc proche du couvent a proposé aux sœurs de commencer leur élevage pour préserver leur ressource. Désormais, l’intérêt de l’élevage est aussi de maintenir une diversité génétique suffisante, alors que les populations sauvages diminuent drastiquement. Des travaux scientifiques sont en cours pour le vérifier. Avant qu’un jour, quand les eaux du lac seront revenues à un état meilleur, un programme de réintroduction puisse être envisagé.

Un exemple à suivre pour d’autres monastères, en France par exemple, au service de la biodiversité des écosystèmes ?

DL

 

 

 

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s