OECUMENISME -Quand la Création nous rassemble

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Cosmos1Comme chaque année, à même époque, le patriarche orthodoxe grec Bartholomée Ier publie une lettre à l’occasion de la nouvelle « saison pour la Création ». En voici le texte. Lui est joint, plus bas, un appel des responsables religieux chrétiens pour inviter le plus grand nombre à célébrer ce temps oecuménique et fraternel au service du bien commun de la terre et de nos frères et soeurs.

Le message du patriarche Bartholomée (ci dessous) est intéressant, même s’il insiste beaucoup sur le fait que l’orthodoxie serait naturellement « écologique ». Si on peut potentiellement dire quelque chose comme ça d’un simple point de vue théologique, la réalité des pratiques des communautés chrétiennes montre que le vécu n’en est pas encore là. Le texte le reconnait d’ailleurs, en invitant désormais chacun à agir d’urgence. En invitant tout particulièremnet les plus jeunes à bien se former pour faire grandir en eux les points importants d’une éthique écologique stimulante.

TRADUCTION EXCLUSIVE du blog E&E

Message pour le je jour de protection de l’environnement

Bartholomée, archevêque de Constantinople et patriarche œcuménique.

Chers frères et sœurs dans le Seigneur

Vingt neuf années ont passé depuis que l’Église mère a proposé que la fête de l’Indiction devienne aussi le Jour de protection de l’environnement. Depuis tout ce temps, le patriarcat œcuménique a inspiré et proposé de nombres activités, qui ont porté beaucoup de fruits et ont mis en lumière les ressources spirituelles et écologiques de la tradition orthodoxe.

Les initiatives écologiques du patriarcat œcuménique on stimulé la recherche théologique pour souligner les principes de l’anthropologie et de la cosmologie chrétienne cohérentes avec le souci environnemental. Mais elles ont aussi promues la vérité qu’une vision pour le chemin de l’humanité tout au long de l’Histoire n’a de valeur que si elle inclue l’idée que le monde fonctionne vraiment comme notre vraie « maison » (oikos), pour toute l’humanité. Tout particulièrement à ce moment où des menaces en cours et grandissantes contre l’environnement naturel se conjuguent avec la possibilité de destructions écologiques sur un plan mondial. Cette évolution est la conséquence d’un choix spécifique dans notre développement économique, technologique et social qui ne respecte ni la valeur de l’être humain ni la sainteté de la nature. Il est impossible de prendre vraiment soin des êtres humains alors qu’en même temps on détruit son environnement naturel qui est le fondement même de sa vie : on obscurcit durablement l’avenir de l’humanité.

Bien que nous ne considérions pas approprié de juger la civilisation moderne sur des critères proches de la notion de péché, nous voulons pourtant souligner que la destruction de l’environnement naturel à notre époque est bien liée à l’arrogance humaine envers la nature et notre relation de domination que nous avons envers l’environnement. Elle est liée aussi au modèle de l’eudémonisme – capacité à l’avarice – lorsqu’il devient une attitude de fond d’une vie. S’il est incorrect de croire que les choses étaient meilleures dans le passé, il est aussi inadapté de se donner comme seul but la poursuite de plaisirs artificiels et des satisfactions nouvelles, qui génère des vies égoïstes et des déchets scandaleux, tout en ignorant les autres ou en exploitant injustement les plus vulnérables. L’avenir appartient à ceux qui pratiquent une justice droite et un amour plein de compassion, à une culture de solidarité et de respect pour l’intégrité de la Création.

Cette éthique et cette culture sont préservées dans la tradition ecclésiale, divine et humaine, de l’Orthodoxie. La vie sacramentelle et de dévotion de l’Église fait expérimenter et exprime une vision, une approche et un usage eucharistique de la Création. Une telle relation avec le monde est incompatible avec toute forme d’introversion et d’indifférence à l’égard de la Création, ainsi que toutes formes de dualisme qui sépare la matière de l’esprit et sape la Création matérielle. Au contraire, l’expérience eucharistique rend sensible et mobilise le fidèle à des actions écoresponsables dans le monde. Dans cet esprit, le saint et grand Concile de l’Église orthodoxe a souligné que « dans les sacrements de l’Église, la Création est affirmée et les êtres humains sont encouragés à agir comme des gérants, des protecteurs et des ‘prêtres’ de la Création, l’offrant en doxologie au Création (Encyc. parag. 14). Toute forme d’abus et de destruction de Création tout comme sa transformation en objets à exploiter, constituent une distorsion de l’esprit de l’évangile chrétien. La coïncidence n’est pas un hasard si l’Église orthodoxe a été reconnue comme expression écologique de la chrétienté et en même temps est l’Église qui a préservé la sainte eucharistie au cœur de son être.

En conséquence, les initiatives écologiques du patriarcat œcuménique n’ont pas été simplement développées en réponse ou en réaction à la grave crise écologique actuelle. Elles sont plutôt l’expression de la vie de l’Église, comme extension de l’éthique eucharistique de la relation des fidèles à la nature. Cette conscience écologique innée de l’Église a été manifestée fortement et avec succès à la face des menaces actuelles envers l’environnement naturel. La vie de l’Église orthodoxe est une écologie appliquée, un respect tangible et inviolable pour l’environnement naturel. L’Église est un évènement de communion, une victoire sur le péché et la mort, mais aussi sur l’autojustification et l’autocentration, qui sont tous à la vraie origine de la dévastation écologique. Le fidèle orthodoxe ne peut pas rester indifférent à la crise écologique. Le soin de la Création et la protection de l’environnement sont des ramifications et des articulations issues de notre foi orthodoxe et de l’éthique eucharistique.

Il est donc clair que dans le but de contribuer et répondre effectivement au défi écologique qui est devant nous, l’Église reconnait et cherche des solutions efficaces. Nous savons tous que la plus grande menace de notre monde aujourd’hui est le changement climatique et ses conséquences destructrices pour la survie même de notre planète. Ce sujet a été amplement abordé au cours du 9e Symposium écologique intitulé « Vers une Attique plus verte : préserver la planète et protéger ses peuples. », organisé par le patriarcat œcuménique en juin dernier sur les îles Saroniques de Spetses et Hydra. Malheureusement, les feux dévastateurs récents dans l’Attique et les conséquences lourdes de cette immense destruction environnementale constitue une preuve tragique des points de vue partagés par les participants de ce symposium sur la gravité des menaces écologiques.

Chers hiérarques et bien aimés enfants du Seigneur

La culture écologique de la foi orthodoxe est la réalisation de la vision orthodoxe de la Création résumée et exprimée dans la vie et la pratique de l’Église. C’est le message éternel de l’Église orthodoxe sur les questions écologiques. L’Église prêche et proclame la « même chose » « pour toujours » en accord avec les paroles éternelles de son fondateur et maitre : « Ciel et terre passeront mais mes paroles ne passeront » (Lc 21, 33). En adhérant à cette tradition, l’Église mère lance un appel à ses archidiocèses et ces métropoles, aussi bien qu’aux paroisses et aux monastères à travers le monde, pour développer des initiatives, coordonner des projets, organiser des conférences et des activités qui développeront le souci et la sensibilité environnementales de manière à ce que nos fidèles puissent réaliser que la protection de l’environnement naturel est de la responsabilité de chacun de nous tous. Le défi brûlant du changement climatique, avec ses causes et ses conséquences pour notre planète et notre vie quotidienne, offrent l’occasion d’engager des dialogues basés sur les principes de l’écologie théologique. Elles sont aussi l’occasion de mener des efforts pratiques spécifiques. Il est d’une importance vitale que vous engagiez des actions sur le niveau local. La paroisse constitue la cellule de la vie de l’Église comme place pour le présence et le témoignage personnel, la communication et la collaboration, comme communauté vivante de louange et de service.

Une attention spéciale doit être faite envers l’organisation de programmes éducatifs centrés sur le Christ, pour nos jeunes en vue de cultiver une éthique écologique. Des instructions ecclésiales doivent instiller dans leurs esprits un respect pour la Création comme étant « très bonne » (Gn 1,26), les encourageant à développer une capacité à protéger à et prendre soin de la Création, la vérité libératrice de la simplicité et de la frugalité, tout comme l’éthique eucharistique et ascétique du partage et du sacrifice. Il est impératif que de jeunes hommes et femmes reconnaissent leur responsabilité pour le développement pratique des conséquences écologiques de notre foi, en même temps qu’ils connaissent mieux et fassent connaitre mieux la contribution décisive du trône œcuménique dans la préservation de l’environnement naturel.

En conclusion, nous souhaitons à tous une année liturgique bénie et un bénéfice abondant dans vos combat. Nous invoquons sur vous la grâce reçue de Dieu et une miséricorde sans limite du Dispensateur de tous biens, notre Seigneur et sauveur Jésus Christ, le précurseur et but de notre foi, par l’intercession de Panaghia Pammakaristos, icône vénérable du trésor du peuple orthodoxe, que nous vénérons humblement et avec révérence aujourd’hui.

✠ Bartholomée de Constantinople

Invitation aux responsables religieux pour rejoindre la saison de la Création

Chers sœurs et frères dans le Christ,

 » Mais interroge donc le bétail, il t’instruira, l’oiseau du ciel, il te renseignera ; parle avec la terre, elle t’apprendra ; ils te raconteront, les poissons de la mer. Qui ne sait, parmi tous ces êtres, que la main du Seigneur a fait cela. » (Job 12, 7-9)

Une fois par an, du 1er septembre au 4 octobre, nous, membres de la famille chrétienne, prenons le temps d’approfondir notre relation avec le Créateur, avec les autres et avec le reste de la Création. Cette « saison de la Création », a commencé en 1989 avec la reconnaissance de la journée de prière pour la Création par le patriarcat œcuménique de l’Église orthodoxe et est désormais prise en compte par toute la famille œcuménique élargie.

Durant la saison de la Création, nous nous rassemblons pour nous réjouir des beaux dons de la Création et pour réfléchir sur la manière d’en prendre soin. Cette saison offre une chance précieuse de faire une pause au milieu de notre vie journalière et contempler la fabrique de la vie à laquelle nous participons.

Comme la crise environnementale s’aggrave, nous, chrétiens, sommes instamment appelés à témoigner de notre foi commune en prenant des actions fortes pour préserver les dons que nous partageons. Comme chante le psalmiste : « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu. Je m’appuie sur toi : épargne-moi la honte ; ne laisse pas triompher mon ennemi. » (Ps 24, 1-2). Durant la saison de la Création, nous nous demandons : est-ce que nos actions honorent le Seigneur comme créateur ? Y a -t-il des voies pour approfondir notre foi en protégeant « les plus faibles », ceux qui sont les plus vulnérables aux conséquences des dégradations environnementales ?

Nous vous invitons à nous rejoindre sur le chemin de foi qui nous attend avec des perspectives nouvelles et des liens renforcés dans l’amour. Unis dans notre vœu sincère de protéger le Création et avec tous ceux qui la partagent, nous joignons nos mains entre nos diverses dénominations comme sœurs et frères dans le Christ. Durant cette saison, nous marchons ensemble vers un sens de la responsabilité plus grand pour notre place dans la Création.

 » Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles. » (Ps 104, 1-2)
Dans la grâce de Dieu

Archevêque Job de Telmessos, représentant permanent du patriarcat oecuménique au Conseil oecuménique des Eglise, au nom du patriarche Bartholomée
Justin Welby, Archevêque de Canterbury
Cardinal Peter K.A. Turkson, président du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral
Dr Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE
Dr Chris Ferguson, secrétaire général de la communion mondiale des Eglises réformées
Evêque Efraim Tendero, secrétaire générale de l’alliance mondiale évangélique
Dr Martin Junge, secrétaire général de la Fédération mondiale luthérienne
Rudelmar Bueno de Faria, secrétaire générale de l’alliance ACT
Fr. Heikki Huttunen, secrétaire général de la Conférence européenne des Eglises

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