Le correspondant en Amérique latine du site catho.ch, Jean Claude Gerez signale que le prochain synode sur l’Amazonie (6 au 27 oct) commence à inquiéter le gouvernement brésilien qui prépare un contre-sommet pour neutraliser la médiatisation de ce synode.
Pour le gouvernement du conservateur récemment élu Jair Bolsonaro, tous les coups sont bons. Ainsi un sommet devrait, selon le site Mongabay, avoir lieu à Rome un mois avant le synode pour montrer l’engagement environnemental du pays. Un engagement tout relatif puisqu’il s’est fait élire sur un programme annonçant une exploitation encore plus accélérée de ce poumon vert de la planète.
“Ce synode est préoccupant et nous voulons neutraliser cela”, pouvait-on lire déjà le 10 février dans le quotidien Estado de Sao Paulo. L’auteur de ces propos, le général Augusto Heleno, chef de cabinet du Cabinet de Sécurité Institutionnelle (GSI), y expliquait que le gouvernement craignait les éventuelles critiques de l’Eglise au sujet de la gestion de l’Amazonie par le pouvoir en place.(…) Résumant l’avis de plusieurs membres du gouvernement, le général Augusto Heleno redoute en fait que le clergé critique les politiques gouvernementales qui sont en train d’être mises en place en Amazonie. Ces mesures vont probablement inclure une interdiction de nouvelles démarcations de réserves indigènes, l’ouverture à l’exploitation minière de celles existantes, et la construction de mégaprojets d’infrastructures (routes, voies ferrées, barrages hydroélectrique). De quoi impacter de manière irréversible les zones de conservation et les réserves indigènes, entraîner une forte augmentation de la déforestation et mettre à mal les objectifs de réduction des émissions de carbone, sur lesquels le Brésil s’était pourtant engagé dans le cadre des accords de Paris de 2015.
Ne doutant de rien, le gouvernement a demandé de pouvoir participer aux débats du Synode. Demande à laquelle le cardinal Claudio Hummes, évêque émérite de Sao Paulo et très proche du pape François, a apporté une fin de non-recevoir. Il semblerait, selon certains médias brésiliens, que des agents du renseignement brésilien se rendent au sein des les réunions préparatoires du Synode, notamment dans les paroisses de Manaus (Etat d’Amazonas), de Belém et Marabá (Etat du Para) et de Boa Vista (Etat du Roraima), au cœur de l’Amazonie brésilienne.
On le voit, ce synode touche bien là où ça fait mal, entre ceux qui veulent défendre ce « bien commun » et les droits des peuples autochtones et ceux qui veulent pouvoir exploiter cette ressource naturelle, en l’occurence les acteurs de l’agrobusiness brésilien… et de nombreux responsables des Eglises évangéliques, au nom d’une théologie de la Création aussi climato-sceptique que libérale sur un plan économique, au nom du « droit » que Dieu laisserait à son peuple d’exploiter le monde qui lui est confié.
DL
Source : Jean-Claude Gerez, correspondant de cath.ch en Amérique latine