L’amie Christine me signale sa participation à un ouvrage collectif sur la relation avec les animaux et le vivant. Une approche volontairement novatrice, qui interpelle aussi la sphère chrétienne et ses représentations.
Extrait d’une partie de son texte, dans cet ouvrage à découvrir ici
Au côté du pardon, c’est aussi dans une attitude de gratitude, en remerciant pour les dons reçus de la vie, et en particulier pour la nourriture, qu’un nouveau chemin peut s’ouvrir à nous. Cette gratitude, qui constitue le fondement de l’Eucharistie (mot grec qui signifie « remercier »), nous rend perméable au don de Dieu tout en nous liant, par la communion, les uns aux autres (aux hommes, à Dieu, à l’Esprit et au reste de la création). Remercier par exemple avant de débuter un repas peut changer radicalement notre perspective – c’est d’ailleurs le sens du bénédicité – et nous permet d’apprendre à recevoir plutôt que de pendre. Conscients de notre incapacité à consommer aujourd’hui une nourriture 100% non-violente ou agir tout le temps de façon éthique à l’égard des animaux, nous pouvons pourtant chercher à tendre au maximum vers cet idéal de compassion et de respect de la vie. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons vivre cette communion universelle avec toute la création, comme le propose le Pape François : « Quand le cœur est authentiquement ouvert à une communion universelle, rien ni personne n’est exclu de cette fraternité. … Toute cruauté sur une quelconque créature est contraire à la dignité humaine »Peut-être alors, ayant fait la paix avec les animaux, et donnant ainsi l’occasion aux animaux de faire la paix entre eux selon une intuition présente dans plusieurs traditions, nous pouvons imaginer que la paix entre les hommes viendra plus facilement. La violence est une, et la souffrance est une, qu’elle qu’en soit les destinataires. Aussi, comme le dit avec force Marguerite Yourcenar : « L’homme a peu de chances de cesser d’être un tortionnaire pour l’homme, tant qu’il continuera à apprendre sur l’animal son métier de bourreau. » Tout est lié, et il n’est pas difficile de comprendre que la façon que nous avons de vivre, et en particulier de nous nourrir, a une incidence énorme sur le monde, visible et invisible. La paix sur terre, commence peut-être par la paix avec les animaux.