C’est par une procession venue de la basilique Saint-Pierre que le synode a ouvert ses travaux. Occasion de mettre en valeur la diversité de la petite assemblée qui se retrouve pour prier, travailler, réfléchir et faire des propositions dans les semaines à venir.
Une belle démarche qui a du rappeler au pape argentin d’autres rencontres populaires qu’il a vécu dans son diocèse et à travers le monde. Des panneaux présentant le nom d’un certain nombre de chrétiens qui ont donné leur vie pour ses terres meurtries ont été présentés sur des panneaux portés en procession, ainsi qu’une barque en bois portant notamment une statue d’une femme enceinte, pour évoquer l’espérance des peuples de l’Amazone, de cette terre qui espère une naissance nouvelle.
Sortie par la porte centrale, la procession s’est retrouvée sur une place Saint Pierre déserte avant de se rendre vers la salle Paul VI. L’assemblée a d’abord pris le temps prier pour un membre de l’assemblée qui a eu un infarctus la veille et qui est hospitalisé.
Dimension pastorale, culturelle, sociale, écologique sont les quatre dimensions de ce synode, a rappelé le pape François en espagnol qui sera la langue essentielle des échanges. La première est centrale de la démarche pour les disciples du Christ.
« Il s’agit de comprendre la réalité amazonienne avec un regard de disciple, comme préalable. Avec un regard de missionnaire, avec l’amour de l’Esprit Saint dans nos coeurs qui nous pousse à l’annonce, sans prosélytisme. «
C’est sur la pointe de pieds qu’il faut s’approcher de la manière de vivre de ces peuples. Pour arrêter la « centralisation colonialiste », une forme d’homogénéisation qui ne respecte pas l’originalité de la culture des peuples.
Le pape évoque ce mépris des peuples qui naît dans les idéologies de la puissance. « C’était le cas aussi dans mon pays », rappelle-t-il lorsqu’on évoque les « barbares », les « civilisations de seconde zone » pour parler des populations autochtones. Quelle différence de dignité y a t-il entre les plumes portées par des dirigeants autochtones et la calotte de certains prélats demande un responsable indigène ? La conversion ne peut agir qu’en partant de la réalité des peuples. Il ne s’agit pas d’inventer des programmes de développement social ou pour muséifier des cultures vivantes.
Le pape a rappelé que le synode n’est pas un parlement ou un lieu de débat entre des pouvoirs ou des idées à imposer. C’est l’Esprit saint qui guide la démarche. Il y a un temps pour les consultations, les discussions, pour les démarches présynodales. Il y a un texte présynodal qui est un texte martyr qui doit être détruit pour que l’Esprit saint puisse susciter ce qu’il a à apprendre à l’Eglise. « Avec nous, à travers nous, au-delà de nous, notamment de nos résistances. » Prier, réfléchir, dialoguer, écouter avec humilité, parler avec courage : des attitudes fondamentales pour cela, en favorisant la fraternité de l’assemblée. Après quatre interventions, il y aura à chaque fois 4 mn de silence pour avancer. Cela a déjà été pratique dans le synode des jeunes. Il faut entrer dans un processus et non pas vouloir prendre des places. Un processus ecclésial qui nécessite d’être protégé, avec délicatesse, avec la chaleur de la mère-Eglise pour pouvoir grandir. Il faut le respect de l’intimité pour éviter la dispersion entre un synode de l’extérieur (celle des phrases imprudentes) et un synode de l’intérieur (qui prend soin du processus patient). Sans oublier de garder le sens de l’humour.
Le cardinal Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques; a donné ensuite les éléments de fonctionnement de ce synode.
A noter que douze invités spéciaux ont été appelés pour ce synode, une première, du fait de leur expertise dans l’humanitaire et les questions environnementales de cette partie du monde. Des représentants de 16 peuples autochtones sont aussi présents pour porter la voix de la culture et de la foi de leurs peuples. Les dix religieuses présentes, témoignant de l’importance de la vie consacrée notamment féminine, en Amarzonie, ont été salués par les membres de l’assemblée synodale.
Après l’assemblée du matin, Mgr Lafont, seul évêque français et représentant d’un territoire appartenant à un pays non sud-américain, s’est exprimé au cours d’un échange avec les journalistes
« J’espère pouvoir être entendu par mes collègues évêques de métropole en France, qui sont très loin. Parce qu’ils ont leurs propres soucis et défis. Du coup, ce synode est une chance et un défi pour l’Église de France mais aussi pour toutes les Eglises des pays du Nord. Quand l’Église met ses périphéries au centre, elle le fait pour le bien de tous. (…) Ce qui va se jouer là c’est que nous allons nous souvenir que d’autres cultures (que la latine) savent aussi parler de la vie, du « buen vivir », et ont un autre rapport au monde à découvrir. C’est un rappel essentiel pour nous rappeler que la théologie ne peut pas s’exprimer d’une seule voix. »
Méthodologie : alternance de Congrégations générales et travail en petits groupes vont alterner (par exemple du 9 au 11 octobre). A partir du lundi 21, une première ébauche du texte final sera présenté pour être ensuite amendé. Une commission finale fera une synthèse ultime.
La Secrétairie générale a profité de ce synode a mis en place de nouvelles procédures informatiques pour les inscriptions (en ligne) et dans l’usage des matériaux : éviter les objets en plastique, pochettes recyclables. Avec une proposition significative finale : viser un synode d’impact carbone zéro, avec une compensation des émissions du CO2 émis du fait des voyages en avion et de la consommation d’énergie et d’eau, par la plantation de 50 ha de forêts dans le bassin amazonien.